Le pape Jean Paul II visite le Burundi en début septembre (060890)

Fribourg, 6août(APIC) Lors du cinquième voyage du pape en Afrique, prévu

au début septembre, c’est sans doute l’étape du Burundi, qui aura lieu du 5

au 7 septembre, qui est la plus attendue. Après cependant la présence controversée de Jean Paul II pour la bénédiction de la basilique Notre-Damede-la-Paix à Yamoussoukro, village natal du président ivoirien HouphouëtBoigny. La visite du pape au Burundi consacre en effet un spectaculaire

rapprochement entre l’Eglise catholique et l’Etat du Burundi.

Comme le relate «L’Actualité religieuse dans le Monde» dans son numéro

de juillet-août 1990, durant le régime du colonel Jean-Baptiste Bagaza

(1976-1987) la tension était montée progressivement entre les deux institutions principales du pays. On pouvait parler finalement d’une véritable

persécution contre l’Eglise catholique. Entre 1979 et 1987, plus de 600

missionnaires étrangers prêtres, religieuses, frères) ont été expulsés du

pays, les célébrations religieuses interdites durant la semaine, des prêtres emprisonnés. Le 3 septembre 1987, le colonel Bagaza était remplacé par

le major Pierre Buyoya. Dès lors la situation de l’Eglise catholique allait

considérablement s’améliorer. Toutes les mesures prises contre elle ont

être rapportées. Les séminaires, nationalisés ont été restitués, l’action

catholique fut reconnue à nouveau. Quelque 160 missionnaires sont revenus

au Burundi. Quand le pape arrivera le 5 septembre à l’aéroport international de Bujumbura, il rencontrera, sur le plan religieux du moins, un pays

réconcilié et une Eglise catholique ayant retrouvé sa pleine liberté d’action et d’organisation.

Après la persécution, la collaboration

Dans ce climat détendu, une franche collaboration a même été acceptée de

part et d’autre, spécialement dans le domaine de l’éducation. C’est ainsi

que le 28 février 1990 une convention scolaire était signée conjointement

par la Conférence épiscopale,»dûment approuvée par le Saint-Siège» et

l’Etat burundais pour favoriser le passage des élèves entre le primaire et

le secondaire. L’Eglise vient de prendre la direction d’une dizaine d’établissements secondaires. Seul le manque de personnel éducatif l’empêche

d’augmenter sa responsabilité dans ce domaine.

Autre signe tangible du rapprochement de l’Etat et de l’Eglise au Burundi: des évêques ont été nommés au Conseil économique et social, organe consultatif qui doit redéfinir, d’ici la fin de l’année, la statégie de développement du pays. L’Eglise, de son côté, très satisfaite de cette nouvelle

liberté retrouvée, approuve la politique de réformes de la IIIe République

et vantent les bienfaits de l’unité nationale.

L’unité nationale, objectif ardemment recherché

Il est vrai que l’Eglise catholique et tous les Burundais avaient ressenti très douloureusement les massacres entre Hutus et Tutsi, les derniers

survenus en août 1988 qui ont fait au moins 5000 morts. Mais semble-t-il,

le président a su gérer habilement cette crise, évitant, contrairement à ce

qui se passa en 1965 et 1972, un embrasement général. Après un mouvement de

panique des populations hutus de la région septentrionale, parties chercher

refuge chez leurs frères rwandais, les réactions de haine se sont dissipées. «C’est sans doute la première fois, signale le nonce à l’envoyé spécial

de «L’Actualité religieuse dans le Monde», que l’on enregistre un tel mouvement de retour spontané de réfugiés. 49’000 sont entrés au Burundi. Il en

reste seulement 800 dans les camps du Rwanda.

«D’ailleurs, Mgr Pietro Sambi, dans un discours prononcé devant le président Buyoya, à l’occasion de la dernière fête de Noël, relevait, à propos

de l’unité nationale, les étapes fondamentales qui sont en train d’être

franchies: le rapport de la Commission nationale chargée d’étudier la question de l’unité nationlae, l’ouverture du débat sur la question de l’unité

à travers tout le pays et toutes les couches de la population, enfin les

travaux pour rédiger «la Charte de l’Unité», comme pacte que les Burundais

scelleront eux-mêmes pour consolider l’unité nationale». A la fin de son

intervention, pour signaler l’heureuse évolution que prend le Burundi sur

cette délicate question, le nonce évoquait un proverbe burundais en kirundi

qui exprime, disait-il, «toute la sagesse et la spiritualité de votre peuple: Ahari inama, hari Imana (Là oû il y a rencontre, là il y a Dieu)».

6 août 1990 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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