Une décennie de récolte de dessins d’enfants du monde entier
Genève: «Des enfants dessinent Dieu – Oiseaux, mangas, soleils et couleurs…» aux Editions Labor et Fides
Genève, 13 décembre 2010 (Apic) Comment les enfants s’imaginent-ils Dieu ? En homme ou en femme ? En ange traditionnel ou en super héros ? La réponse se trouve dans leurs dessins. Un ouvrage paru aux Editions «Labor et Fides» à Genève, «Des enfants dessinent Dieu – Oiseaux, mangas, soleils et couleurs…», tente de répondre à ces questions, en publiant 171 dessins d’enfants de quatre régions du monde.
L’ouvrage contient une sélection de près de 1000 dessins récoltés dans des classes d’écoles publiques ou confessionnelles et réalisés par des enfants âgés de 6 à 14 ans, tant en Suisse, qu’au Japon, en Russie (Saint-Pétersbourg) et en Bouriatie, une région peuplée de populations autochtones bouddhistes et chamanistes, près du lac Baïkal, en Sibérie.
Depuis dix ans, Pierre-Yves Brandt, professeur de psychologie de la religion à l’Université de Lausanne, rassemble des dessins d’enfants du monde entier qui montrent comment ils imaginent Dieu. «Les enfants aiment vivre dans un univers peuplé de réalités qu’on imagine. Ils apprécient les contes de fée avant même de savoir lire ou écrire», relève le chercheur.
«Quand je te dis ’Dieu’, qu’imagines-tu ? Peux-tu le dessiner ?» C’est la consigne qu’ont reçue des centaines d’enfants en Suisse, au Japon et dans deux régions de la Fédération de Russie. Ces élèves se sont mis à la tâche, crayons de couleurs et feuille de papier en main.
Pierre-Yves Brandt a sélectionné les dessins avec Zhargalma Dandarova, professeure de psychologie à l’Université de Saint-Pétersbourg, et Claude-Alexandre Fournier, maître-assistant de psychologie de la religion à l’Université de Lausanne. Il les commente dans cet ouvrage de 256 pages, richement illustré par les dessins d’enfants. Pour la partie japonaise, il a bénéficié de l’aide d’une étudiante japonaise, Yuko Kagata, qui a récolté des dessins dès 2002, d’abord auprès d’enfants japonais vivant en Suisse, puis dans des écoles au Japon en 2003 et 2004.
Ecoles publiques et paroisses catholiques et protestantes ont joué le jeu
En Suisse, les dessins ont été récoltés dans des écoles publiques et des paroisses catholiques et protestantes des cantons de Berne, Genève, du Jura, de Neuchâtel, de Vaud et du Valais.
Le but de l’ouvrage, qui contient un choix de dessins de ces divers espaces culturels, est de faire ressortir les ressemblances mais aussi les dissemblances entre dessins provenant de quatre contextes culturels différents. Pour favoriser une compréhension large de la vision de Dieu chez l’enfant, leurs dessins se succèdent selon un ordre thématique. Les petits Japonais, Suisses, Russes et Bouriates utilisent le soleil, l’oiseau, l’abstraction, l’anthropomorphisme ou la colère pour représenter l’absolu. Chaque dessin est reproduit sur une page, accompagné par ce que dit l’enfant de sa représentation et par une brève interprétation du psychologue des religions.
Encadré
Trois quarts des enfants donnent à Dieu une figure humaine
Malgré les différences culturelles, le chercheur dresse un premier constat: les trois quarts des enfants donnent à Dieu une figure humaine. Cela n’étonne pas le psychologue: «Si l’enfant imagine Dieu comme un agent qui est la source d’une action intentionnelle, la première représentation sur laquelle il tombe est celle de l’être humain, qu’il distingue des objets inanimés dès le plus jeune âge».
Si les enfants marquent une préférence pour une représentation de Dieu sous forme humaine, ils sont plus divisés lorsqu’il s’agit de déterminer son genre. «Dans une culture et une religion où la représentation de Dieu est fortement masculine, les enfants, filles et garçons, vont aussi le représenter presque exclusivement comme un homme. C’est ce qui se passe chez nous. Au Japon, en revanche, plus de la moitié des filles en donnent une représentation féminine», confie-t-il à Vincent Volet, rédacteur en chef de «bonne nouvelle», le mensuel de l’Eglise évangélique réformée du canton de Vaud.
Pour le théologien psychologue, «les dessins montrent une grande variété. Les enfants utilisent toutes sortes de stratégies pour représenter cet être si différent de nous. Certains le montrent sous la forme d’un enfant idéal, d’autres au contraire comme une personne âgée, ou alors doté de pouvoirs extraordinaires, avec des ailes, une baguette magique… Les représentations évoluent avec l’âge, devenant plus abstraites. Les enfants qui suivent une éducation religieuse deviendront plus critiques par rapport à des représentations trop naïves». (apic/com/bn/vvt/be)