Des institutions «en pleine communion»
France: Session extraordinaire commune de deux Eglises protestantes françaises
Paris, 10 janvier 2011 (Apic) L’Eglise évangélique luthérienne de France (EELF) et l’Eglise réformée de France (ERF) réunissent leurs synodes en session extraordinaire commune, le 15 et 16 janvier à Paris. La réunion des 220 délégués constitue un pas important dans le processus d’union entre les deux Eglises, qui devrait aboutir en 2013 à Lyon.
Depuis longtemps, l’Eglise évangélique luthérienne et l’Eglise réformée de France se déclarent «en pleine communion» – en accord sur l’essentiel de la foi chrétienne et de la vie de l’Eglise –, tout en reconnaissant la légitime diversité de leurs traditions, informe un communiqué de presse.
En 2007 à Sochaux, et en 2009 à Bourg-la-Reine, les deux Eglises ont décidé de traduire dans leur organisation cette pleine communion: «Il s’agit de constituer une seule Union, dans une seule organisation nationale, sans demander à aucune des deux traditions de renoncer à ses instances, compréhensions et styles propres.» Un modèle d’unité qui favorise la diversité réconciliée, au lieu de chercher l’uniformité dans laquelle chacun devrait renoncer à ce qu’il est, affirment les Eglises.
Lors de la réunion des deux synodes en session extraordinaire, les 15 et 16 janvier 2011, les délégués devront prendre d’importantes décisions sur la définition des ministères, le nom de la future Eglise unie et le cadre juridique de cette nouvelle institution – personnalité morale, durée des mandats électifs au sein de la future Eglise unie, mesures transitoires. Les textes issus de cette réunion devront ensuite être soumis à l’approbation des deux synodes, celui de l’EELF – qui aura lieu du 28 au 29 mai – et celui de l’ERF – qui se déroulera à Orléans du 2 au 5 juin.
Deux Eglises protestantes en terre française
L’Eglise évangélique luthérienne est la plus ancienne des deux Eglises. Suite à l’attribution de l’Alsace à l’Allemagne par le traité de Francfort en 1871, deux inspections françaises – l’équivalent luthérien des diocèses -, dépendant jusqu’alors du territoire passé sous administration allemande, fondent en 1872 l’Eglise évangélique luthérienne de France. Organisée sur le modèle presbytéro-synodal (*), elle compte aujourd’hui encore deux inspections: celle de Paris et celle de Montbéliard. Elle est membres de la Fédération luthérienne mondiale qui regroupe 140 Eglises et 68 millions de fidèles.
En 1938, différents courants s’unissent pour former l’Eglise réformée de France: les Eglises réformées, de tendance libérale et unitaire, la majorité des Eglises évangéliques, des Eglises libres ou des communautés d’origine méthodiste. Gouvernée d’après les principes du régime presbytéro-synodal, l’Eglise réformée de France est organisée en huit circonscriptions régionales. Elle est membres de l’Alliance réformée mondiale, comptant 214 Eglises et 75 millions de membres.
Sur le chemin de l’unité
En 1960, la création d’une première instance commune de dialogue – les «Quatre bureaux» (**) – se donnait pour objectif la recherche de l’unité des Eglises. Mais avant déjà, des liens existaient entre l’EELF et l’ERF; ainsi le passage de pasteurs d’une Eglise à l’autre s’effectuait de longue date. Les engagements communs de l’ERF et de l’EELF se renforcent avec la création du Conseil permanent luthéro-réformé en 1972.
Les efforts de l’EELF et de l’ERF s’inscrivent dans le contexte plus large de l’évolution du protestantisme depuis le XVIe siècle. Divers événements historiques ont contribué à rapprocher les Eglises issues de la réforme: une vie spirituelle transformée par les réveils successifs et par le mouvement œcuménique, mais aussi la confrontation à des phénomènes politiques ou sociaux nouveaux, comme le totalitarisme ou le sécularisme. Les entretiens théologiques initiés dans les années cinquante aboutiront à la rédaction, en mars 1973, de la Concorde de Leuenberg. Le document établit que les Eglises protestantes se déclarent en pleine communion quant à la prédication de la Parole et la célébration des sacrements, et inclut la reconnaissance mutuelle des ministères. Cette communion est appelée à se concrétiser dans la vie commune des Eglises.
(*) Le modèle «Presbytéro-synodal» désigne un type d’organisation ecclésiale fréquent dans les Eglises protestantes. Dans ce système démocratique, les communautés réformées locales, paroisses ou ministères, confient leur gestion temporelle et spirituelle, diaconale ou caritative, à un conseil qu’elles élisent, le presbytère. Chaque communauté locale, paroisse ou ministère, envoie d’autre part des délégués au synode et laisse à cette instance supra-paroissiale la gestion des problèmes qui ne peuvent être traités uniquement au niveau local : doctrine, consécration des ministres, péréquation financière, médiation dans les conflits entre communautés ou au sein d’une communauté, etc. Les Eglises réformées tiennent au régime presbytéro-synodal, symbole de leur volonté de n’avoir d’autre autorité que celle de Dieu.
(**) Correspondant aux quatre Eglises luthériennes et réformées: EELF, ERF, Eglise réformée d’Alsace et de Lorraine (ERAL) et Eglise de la Confession d’Augsbourg d’Alsace et de Lorraine (ECAAL). (apic/com/amc)