Russie: Une manifestation dénonce le partenariat Eglise orthodoxe-Etat
Le patriarcat prend trop d’importance
Saint-Pétersbourg, 4 février 2011 (Apic) Une manifestation, dénonçant la place trop importante prise par le patriarcat de Moscou dans la vie publique en Russie, a dégénéré, le 2 février 2011 à Saint-Pétersbourg, rapporte le Service orthodoxe presse (SOP) sur son site internet.
Selon la presse russe et l’agence AFP cités par SOP, une cinquantaine de jeunes, brandissant des banderoles réclamant la «séparation réelle de l’Eglise et de l’Etat», ont défilé entre l’université Herzen et la cathédrale Notre-Dame-de-Kazan, au centre de Saint-Pétersbourg. Les manifestants ont été eux-mêmes chahutés par un autre groupe de jeunes, qui les ont traités de «démons» et ont déchiré leurs banderoles, avant d’être interpellés par la police.
«Nous voulons protester contre la fusion de l’Eglise et de l’Etat qui, d’après notre Constitution, est un Etat laïc. L’Etat montre de manière effrontée son soutien à l’Eglise orthodoxe russe», a déclaré Cyrille Vassiliev, un militant du mouvement local «Résistance socialiste». Une autre militante, Galina Gorbatova, a dénoncé le fait que le patriarcat de Moscou se met à intervenir «dans tous les aspects de la vie». Elle entendait aussi souligner les «tendances négatives» manifestées par certains responsables du patriarcat de Moscou, «qui veulent imposer la façon de s’habiller».
Le retour de la «Sainte Russie»
«Aujourd’hui, il est particulièrement important de mobiliser nos efforts communs, dans le cadre du partenariat de l’Eglise et de l’Etat, afin de contenir l’extrémisme religieux et ethnique dans notre pays, ainsi que de renforcer la bonne entente entre les diverses communautés et confessions», a écrit le président russe Dmitri Medvedev, dans un message adressé, le 2 février dernier, à l’assemblée plénière de l’épiscopat de l’Eglise russe. L’assemblée était réunie à Moscou sous la présidence du patriarche Cyrille Ier.
Et d’ajouter: «L’Eglise orthodoxe russe est l’institution publique la plus forte de la Russie actuelle, celle qui a le plus d’autorité. C’est pourquoi les décisions de sa hiérarchie sont essentielles pour répondre aux défis qui se posent au pays, en premier lieu en matière d’éducation morale de la jeunesse et de consolidation au sein de la société des valeurs fondamentales de la tradition spirituelle orthodoxe.»
Pour la première fois depuis la chute du communisme, en 1991, l’Eglise orthodoxe russe a retrouvé son prestige, en se rapprochant du pouvoir politique. Le premier ministre et ancien président Vladimir Poutine a toujours affiché sans complexe ses convictions religieuses, rêvant de redonner à la «Sainte Russie» son lustre d’antan. Le président Medvedev lui a emboîté le pas. L’Eglise orthodoxe est ainsi devenue un des piliers de cette volonté, le symbole des valeurs universelles piétinées par le pouvoir athée. Mais ceci, au détriment de sa popularité. (apic/sop/nd)