Mgr Philippe Ouédraogo plaide pour la paix, «un besoin urgent»
Burkina Faso: Troubles socio-militaires dans le pays depuis le mois de mars
Ouagadougou, 21 avril 2011 (Apic) Après les mutineries dans plusieurs casernes du Burkina Faso qui ont provoqué de nombreux morts et blessés et d’importants dégâts , l’archevêque de Ouagadougou a lancé un appel à la paix, qui est «un besoin urgent» et un «don de Dieu». Mgr Philippe Ouédraogo invite à respecter la valeur sacrée de la vie et à retrouver le chemin de la «palabre».
Dans son message diffusé le dimanche des Rameaux 17 avril et publié sur le site internet de l’Eglise du Burkina Faso, Mgr Ouédraogo exprime sa compassion pour ceux qui ont perdu des être chers, subi des dommages ou essuyé des humiliations.
La révolte militaire était liée au départ, à une affaire de justice, puis s’est élargie à des revendications d’ordre financier. Elle a éclaté au Camp Général Sangoulé Lamizana, dans nuit du 22 au 23 mars. Des soldats en colère, étaient alors sortis de leurs casernes, parcourant les rues de la capitale à pied ou en véhicules. Ils saccageaient tout sur leur passage : magasins, alimentations et stations service. Toute la nuit, ils ont tiré des coups de feu à l’arme automatique, après avoir cambriolé un dépôt d’armes. Cette manifestation avait été provoquée par une décision de justice du 22 mars, condamnant un sous- officier et quatre soldats à 15 mois de prison ferme, pour attentat à la pudeur.
Progressivement, la mutinerie s’est étendue aux autres garnisons militaires du pays. La contestation visait alors l’amélioration des conditions de vie et le paiement de primes. Avant ces mutineries, le Burkina-Faso avait déjà été confronté à une série de manifestations de rue d’étudiants et de la population contre la détérioration des conditions de vie. Le 8 avril dernier, des dizaines de milliers de Burkinabés ont manifesté à travers le pays.
Pour une culture de la palabre
Dans son message, Mgr Ouédraogo exprime la solidarité de l’Eglise catholique avec tous ceux qui œuvrent pour que la paix revienne dans le pays, rappelant que ces évènements malheureux surviennent au moment où les chrétiens sont à la dernière étape de la préparation à Pâques.
«Notre société burkinabé aspire à la réconciliation, à la justice et à la paix.» Dès lors, il est «absolument nécessaire de conjuguer les efforts de tous, pour favoriser l’émergence d’une culture de la palabre, du dialogue vrai et d’écoute mutuelle, authentiques valeurs fondamentales pour l’édification d’une société réconciliée dans la justice et la paix».
L’archevêque invite «les baptisés et ceux qui détiennent tout pouvoir, à mettre tout en œuvre pour promouvoir un développement au profit de tous, notamment au service des plus pauvres, des exclus, des laissés-pour-compte». Il les exhorte à «combattre avec vigueur», l’ordre économique «injuste» qui conduit à la paupérisation de la majeure partie de la population.
Pas de paix sans justice
Pour l’archevêque de Ouagadougou, quatre mois après, les appels collectifs et individuels des évêques du pays, plaidant en faveur d’un «meilleur vivre ensemble», dans l’unité, la tolérance et le dialogue, la violence s’est «installée», et le besoin de paix est devenu «urgent». «La paix est un bien universel qui dépend du respect des droits des personnes humaines et du bien commun. Aussi devons-nous mobiliser nos énergies à son service». Il rappelle que le respect de «l’inviolabilité et de l’intégrité de la vie humaine constitue une garantie d’une paix sociale durable».
Une paix véritable n’est possible que par le pardon et la réconciliation, mais ce pardon réciproque ne doit pas annuler les exigences de la justice, ni barrer le chemin qui conduit à la vérité : justice et vérité représentant les conditions concrètes et indispensables de la réconciliation, conclut Mgr Ouédraogo. (apic/ibc/mp)