Les évangéliques de plus en plus présents
Pérou: 300 pasteurs évangéliques assassinés en moins de 10 ans (311090)
à Ayacucho peu à peu délaissé par l’Eglise catholique
Lima, 31octobre(APIC) Les élections présidentielles péruviennes en avaient apporté la preuve: les évangéliques établis au Pérou gagnent du terrain. Ils renforcent leur présence dans les zones d’urgence, en particulier
dans le département de la région centrale d’Ayacucho de plus en plus délaissée par l’Eglise catholique. A quel prix cependant, puisque selon le
Conseil national évangélique du Pérou (CONEP), 300 pasteurs et prédicateurs
ont été assassinés par le Sentier Lumineux durant ces dix dernières années.
Les chiffres ont de quoi inquiéter le CONEP et les fidèles des différentes Eglise qui lui sont rattachées. Nombre d’entre eux abandonnent à leur
tour les zones d’urgence. C’est notamment le cas du pasteur pentecôtiste
Lisandro Quispe, qui estime que le mouvement maoïste du Sentier Lumineux
(SL) est un envoyé du Démon, et de Fidel Argumedo, prédicateur d’une autre
Eglise: «le SL nous accuse d’être capitaliste et impérialiste car notre
Eglise a été fondée aux Etats-Unis». Les évangéliques sont-ils spécialement
visés par la subversion péruvienne? On peu se poser la question, constateon dans les milieux évangéliques, même si durant ces cinq dernières années,
un prêtre et une religieuse de l’Eglise catholique ont eux aussi été assassinés.
Les évangéliques, à l’instar des campesinos de la région andine, s’habillent des vêtements traditionnels et s’expriment en quechua. Et parce
qu’ils entendent demeurer dans les Andes, ils se voient dans l’obligation
d’intégrer les «Comités de défense civile», souvent placés par les militaires en première ligne pour lutter contre la subversion particulièrement
forte à Ayacucho.
5% de la population péruvienne déclare appartenir à l’Eglise évangélique
protestante. Un chiffre qui pourrait toutefois être beaucoup plus élevé,
estiment certains observateurs, qui relèvent que la présence des évangéliques dans les zones d’urgence – 75% du territoire – contrôlées par les forces armées est de plus en plus importante. Dans le seul département d’Ayacucho, on compte près de 260 églises évangéliques que se répartisssent entre autres les presbytériens, les baptistes, les pentecôtistes et les membres de l’»Assemblée de Dieu».
La présence à Ayacucho des évangéliques se renforce au fur et à mesure
que l’Eglise catholique abandonne la région, écrit pour sa part «Noticias
Aliadas» dans son dernier bulletin paru à Lima, en affirmant en outre que
l’archevêque d’Ayacucho, Mgr Federico Richter Fernandez-Prada, longtemps
réfugié à Lima, passe au yeux de la population pour être «très proche des
forces armées».
C’est du reste à la demande de Mgr Richter que les militaires avait arrêté un travailleur social catholique connu pour l’aide qu’il apportait aux
plus démunis et aux nombreux orphelins de la région, relève encore «Noticias Aliadas», qui constate qu’à Huamanga, capitale d’Ayacucho connue pour la
beauté de ses 33 églises catholiques, la plupart des églises sont actuellement fermées. Et que sur les 46 paroisses que compte l’archidiocèse, seules
23 sont encore en activité, laissant ainsi le «champ libre» aux évangéliques. (apic/na/pr)