Israël: Le législateur veut faire d’Israël un Etat plus juif que démocratique, dénonce Haaretz

Le projet de loi controversé bénéficie d’un large soutien à la Knesset

Jérusalem, 4 août 2011 (Apic) Quarante députés à la Knesset, le parlement israélien, appartenant tant à la coalition au pouvoir qu’à l’opposition, veulent abroger l’arabe (*) comme l’une des langues officielles en Israël. «Le législateur veut faire d’Israël un Etat plus juif que démocratique», dénonce sur son site internet le grand quotidien israélien de tendance libérale «Haaretz».

La proposition controversée émane des députés Avi Dichter, du parti Kadima, Zeev Elkin, du Likoud, et David Rotem, du parti Yisrael Beiteinu, qui ont présenté mercredi à la Knesset le projet de loi visant à affirmer le statut d’Israël comme «Etat Juif», «patrie du peuple juif» et intitulé «loi fondamentale: L’Etat juif». Pour le moment, Israël ne dispose pas d’une constitution formelle, mais de «lois fondamentales».

Le projet de loi, soutenu par 20 des 28 députés de Kadima, mais également par des députés travaillistes, veut assujettir la règle démocratique à la définition de l’Etat en tant que «patrie nationale pour le peuple juif», écrit Jonathan Lis dans «Haaretz». Il demande également aux tribunaux de prendre comme source la «halakha», c’est-à-dire les lois, sentences et prescriptions religieuses qui règlent la vie quotidienne des juifs. Le projet de loi traite des différentes caractéristiques de l’Etat, y compris la langue, les symboles nationaux, les fêtes nationales, le drapeau et l’hymne national.

Une initiative de l’Institut de stratégie sioniste

Selon le quotidien israélien, le projet de loi a été formulé à l’initiative et conjointement avec l’Institut de stratégie sioniste (The Institute for Zionist Strategies), une organisation conservatrice.

Avi Dichter ajoute dans une déclaration au site internet JSSNews que le projet de loi «accorde un statut constitutionnel aux symboles de l’Etat d’Israël, permettant ainsi aux tribunaux de juger correctement ceux qui affirment que l’étoile de David ou le chandelier sont de ’véritables offenses à leurs croyances’». Et de poursuivre qu’»aujourd’hui, personne ne pourra plus demander la suppression du drapeau israélien dans une école ou, comme à Haïfa il y a un mois, la non diffusion de la Hatikva, notre hymne national, lors de la cérémonie des remise des diplômes de l’Université».

Seul l’hébreu sera la langue officielle

Pour Zeev Elkin, la loi a pour but de donner aux tribunaux les arguments qui soutiennent «l’Etat en tant qu’Etat de la nation juive» dans des jugements dans lesquels «le caractère juif de l’Etat entre en conflit avec son caractère démocratique». Elle redéfinit ainsi le consensus de base concernant le caractère de l’Etat. Elle propose par exemple que l’hébreu soit la seule langue officielle en Israël, contrairement à la situation actuelle héritée du Mandat britannique, qui considère également l’arabe et l’anglais comme des langues officielles. Le député Elkin affirme ne pas être inquiet des implications de cette loi controversée pour l’image d’Israël sur le plan international.

Selon Haaretz, qui se réfère à des sources à la Knesset, le projet de loi dispose d’un large soutien parmi les députés et devrait ainsi être adopté durant la session d’hiver du parlement.

(*) L’arabe était la langue de la majorité de la population avant la fondation de l’Etat d’Israël sur le territoire du Mandat britannique en Palestine et l’exode forcé des populations arabes du nouvel Etat juif. (apic/haar/be)

4 août 2011 | 11:07
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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