Jean-Jacques Friboulet

Accord sur le climat: le basculement du monde

Le retrait des Etats-Unis de l’accord sur le climat a provoqué une onde de choc dans le monde. Il rend improbable l’objectif d’une hausse des températures à seulement 2° à l’horizon du XXIème siècle et obère le financement du Fonds prévu pour aider les pays du Sud à faire face au changement climatique.

Plus qu’un isolationnisme que les USA ont déjà connu dans le passé, ce retrait traduit un fort nationalisme d’une partie de la population américaine. «L’Amérique d’abord» illustre une vision erronée du monde contemporain. Il est vrai que les relations internationales ont toujours reflété des conflits d’intérêt. Mais aujourd’hui ces relations sont caractérisées par les interdépendances. Le changement du climat est un phénomène mondial et penser qu’un pays puisse s’en isoler est tout simplement une stupidité. La terre est notre maison et sa protection illustre parfaitement la notion de bien commun. C’est une perversion de la pensée ultralibérale de laisser croire que tous les biens sont individuels et que les intérêts des mineurs américains s’opposent in fine à ceux des citoyens chinois.

Le nationalisme, comme l’ont montré les années 1930, est toujours une mauvaise solution.

Ce retrait, plus que la pratique d’une grande puissance, marque au contraire l’affaiblissement du pouvoir américain. Le Président Obama l’avait pressenti et avait joué de ce fait une partition prudente au niveau international. L’actuel Président ne l’a pas compris. Il s’imagine que les Etats-Unis restent les maîtres du jeu dans le monde comme ils l’étaient dans la deuxième moitié du XXème siècle. Ce n’est plus le cas du fait de l’intervention de la Chine et de l’Asie en général. Le monde d’aujourd’hui est tripolaire (Chine,Etats-Unis, Europe) et la puissance américaine ne le domine plus

Ce basculement du monde du côté de l’Asie change la donne et les USA n’y peuvent rien. Ils peuvent jouer de leur capacité de nuisance comme à l’occasion de ce retrait. Ils ne peuvent, de cette manière, rétablir  la confiance que leur vouaient leurs alliés jusque dans les années 2000. La chancelière A.Merkel l’a bien compris, qui à l’issue du G7, a déclaré que dorénavant les Européens devaient compter sur leurs propres forces.

Le nationalisme, comme l’ont montré les années 1930, est toujours une mauvaise solution. Le peuple américain va en subir les dommages dans les années qui viennent. La vie internationale suppose des relations équilibrées et une certaine solidarité comme la vie nationale. Ce développement du nationalisme aux USA est un fait majeur qui est une réaction à l’émergence de la Chine mais c’est un fait qui va à contre-courant de l’histoire. Les peuples doivent prendre en compte ce nouveau monde tripolaire et en déduire les conséquences stratégiques qui s’imposent

Jean-Jacques Friboulet | 02.06.2017

Le retrait des Etats-Unis de l’accord sur le climat a provoqué une onde de choc dans le monde.
2 juin 2017 | 17:55
par Jean-Jacques Friboulet
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