
Benoît XVI: Le Retour!
Avec le retour de Benoît XVI au Vatican, c’est une nouvelle étape de la «cohabitation pontificale» qui commence. Une cohabitation que certains avaient annoncée comme difficile, le pape émérite pourrait influencer les cardinaux dans les choix de son successeur, sa présence risquerait de faire de l’ombre au nouveau Pontife. Soixante-trois jours après la fin de son Pontificat, la discrétion de Benoît XVI n’a pas été prise en défaut! C’est plutôt les paparazzi qui restent sur leur faim; ainsi que ceux qui spéculent sur sa santé, essayant de se faire remarquer avec des papotages mondains. Et le retour du pape émérite «Oltretevere» ne changera rien à cet état de fait.
Mais, si nous sommes passés de Benoît à François, il me semble que l’on n’a pas changé de Pape… «Soutane blanche et blanche soutane», rien ne change sur la colline du Vatican.
Certains faits présentés comme «nouveaux», n’ont pas résisté à l’analyse. D’autres Souverains Pontifes étaient déjà passés par là, mais la mémoire populaire (et journalistique) est courte. Elle préfère voir du neuf, afin d’espérer le changement extérieur des structures au changement intérieur du cœur. Et s’il reste vrai, humainement et sociologiquement, qu’un Bavarois européen n’a pas le même comportement en public qu’un Argentin d’Amérique du Sud, le Pape reste le Pape et les similitudes entre les deux pontificats sont plus importantes et essentielles que les questions de look et de style.
Ce qui me frappe dans le pontificat du pape François, c’est, comme dans celui de Benoît XVI, l’importance de l’homélie comme moyen pour indiquer les éléments de grâce et le chemin de conversion. On retrouve dans les paroles de l’ancien et du nouveau les mêmes priorités: refus du carriérisme et des mondanités, place centrale du Christ dans la prédication, rappel du rôle unique de la grâce dans la conversion et importance de la pauvreté de l’Église, qui doit se confier au Christ et pas à ses structures. Le «style» du prédicateur n’est pas le même, mais le fond demeure identique, comme si François explicitait en langage pastoral les thèmes théologiques traités par Benoît XVI. Non que le pape précédent ne fût pas compréhensible, mais la «mauvaise presse» dont il a été l’objet a souvent dénaturé ses propos. D’aucun ont déjà fait remarquer que certaines paroles, prononcées aujourd’hui par François, auraient provoqué la polémique si elles s’étaient trouvées dans la bouche de Benoît. Il en sera ainsi tant que la «lune de miel» entre le nouveau pape et la presse durera, ou, plus justement, tant que la presse aura à sa disposition un pape dont les propos et les positions semblent populaires. Mais qui va jusqu’aux paroles du pape, quand les images suffisent?
Benoît XVI a terminé son ministère pétrinien par une rencontre avec le clergé de Rome. Il a, à cette occasion, parlé du Concile des médias et du Concile réel, et l’accueil du Concile réel ne se fait pas sans désillusions. Ensuite nous avons eu le Conclave de médias et le Conclave réel, et la surprise a été de taille. Maintenant il semble que nous ayons le Pape des médias, il reste à découvrir le pape réel, celui qui s’est déjà révélé en confirmant deux options prises sous le pontificat précédent: La tolérance zéro pour ce qui est de la pédophilie et les conclusions concernant les religieuses américaines. A contre-courant de beaucoup, presque de tous, je veux encore signaler une autre continuité, l’importance pour l’un et l’autre de la liturgie dans la vie de l’Église. Ils ont deux façons différentes d’exprimer cette importance, mais elle est au centre des deux pontificats…
Ceux qui n’ont pas compris le pontificat de Benoît XVI ne comprendront pas celui de François. Ils en resteront aux aspects extérieurs, médiatiques et sympathiques. Mais, de la même façon, ceux qui ne comprennent pas le pontificat de François, n’ont pas compris celui de Benoît. Eux en restent aux aspects «baroques», limités à la longueur des dentelles et au nombre des chandeliers. Le défaut est toujours le même, pour les uns et pour les autres, beaucoup d’extérieur peu de profondeur.
Ce 2 mai est bien le jour du retour de Benoît XVI au Vatican, mais ce retour concerne son logement, car pour ce qui est de sa pensée, de sa théologie, elle est restée bien présente dans les Palais Apostoliques et dans le chemin que suit l’Église.
Abbé Philippe AYMON
P.S. : Dans l’encadré ci-dessous, quelques textes pour aller plus loin.
Pour aller plus loin…
L’enchantement du pape François, Sandro Magister
De Benoît à François, où va la papauté?, Frédéric Mounier
E’ questa la riforma tanto attesa? Forse no, Il Vaticanista
Demolizione del papato? Andrea Tornielli
Riforme, quei consigli (non richiesti) che piovono sul Papa, Andrea Tornielli
Francis and the risk of overheated expectations, (Francis et le risque de surchauffe des attentes) John L. Allen Jr.
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