
Du temple à l’église puis la mosquée
2011 laissera une trace dans l’histoire des religions. A l’initiative de l’Arzillier – Maison du dialogue (Lausanne), la semaine des religions (5-13 novembre) avait pour thème «Apprends à mieux connaître l’Autre».
Au nombre des rendez-vous proposés à la population: le Centre culturel lslamique Essalam; un après-midi œcuménique pour les jeunes à la Cathédrale; une visite de la Synagogue; au Dojo Zen; une introduction au Bouddhisme; des portes ouvertes à l’Eglise anglicane; le temple hindou à Prilly; un accueil par la Communauté baha’ie; un parcours interreligieux, en grande partie pédestre, à Renens (depuis peu, ville de vingt mille habitants).
Samedi 12 novembre, de 14h à 17h30, ce parcours était proposé à la population par la Commission intégration Suisse Etrangers et le dicastère des Finances et des Cultes de la ville de Renens. But: offrir l’occasion de mieux connaître les différents lieux de célébration des communautés religieuses, ainsi que leurs coutumes.
Un peu de soleil automnal a accompagné quelques dizaines de personnes, du temple de Renens à l’église catholique St François d’Assise, puis à l’Hôtel de Ville et à la mosquée de Malley. Objectifs: en toute liberté assister sur place à une présentation – suivie d’une visite – de l’église évangélique réformée, de la communauté catholique, de la communauté islamique (avec accès à la prière à la mosquée, et invitation au repas). Sur le parcours, arrêt au cœur de Renens pour une présentation des relations entre la commune et les communautés religieuses.
Ces relations échappent pour la plupart au grand public. Aimablement communiqués au chroniqueur par M. Jean-François Clément, Municipal des Finances et des Cultes de la ville de Renens, voici les principaux points de cette présentation.
Relations commune – communautés religieuses
Nous avons une chance énorme de vivre au sein d’une démocratie qui, dans sa constitution fédérale, celle de la Confédération suisse, pose et garanti les principes suivants:
Liberté de conscience et de croyance (art. 15)
- La liberté de conscience et de croyance est garantie.
- Toute personne a le droit de choisir librement sa religion ainsi que de se forger ses convictions philosophiques et de les professer individuellement ou en communauté.
- Toute personne a le droit d’adhérer à une communauté religieuse ou d’y appartenir et de suivre un enseignement religieux.
- Nul ne peut être contraint d’adhérer à une communauté religieuse ou d’y appartenir, d’accomplir un acte religieux, ou de suivre un enseignement religieux.
La Constitution vaudoise
les traduit au niveau du canton, les reprend sous la forme suivante, les répète:
- La liberté de conscience et de croyance est garantie.
- Toute personne a le droit de choisir librement sa religion ainsi que de se forger ses convictions philosophiques et de les professer individuellement ou en communauté.
- Toute personne a le droit de se joindre à la communauté de son choix ou de la quitter.
- Toute contrainte, abus de pouvoir ou manipulation en matière de conscience ou de croyance sont interdits.
Comment cela se concrétise
Les relations entre l’Etat et les communautés religieuses sont régies par des lois (acceptées par le Grand Conseil vaudois le 9 janvier 2007) qui aborde notamment les aspects de reconnaissance et de subventionnement:
A – Les relations entre l’Etat et les Eglises reconnues de droit public (RSV 180.05)
B – La reconnaissance des communautés religieuses et les relations avec les communautés reconnues d’intérêt public (RSV 180.51)
C – Loi sur l’Eglise évangélique réformée du Canton de Vaud (RSV 180.11)
D – Loi sur la Fédération ecclésiastique catholique romaine du Canton de Vaud (RSV 180.21)
E – Loi sur la Communauté israélite de Lausanne et du Canton de Vaud (RSV 180.41)
Le Service des communes et des relations institutionnelles gère ces relations.
Les églises de droit public (art. 170)
1. L’Eglise évangélique réformée et l’Eglise catholique romaine, telles qu’elles sont établies dans le canton, sont reconnues comme institutions de droit public dotées de la personnalité morale.
2. L’Etat leur assure les moyens nécessaires à l’accomplissement de leur mission au service de tous dans le canton.
3. La loi fixe les prestations de l’Etat et des communes.
Les communautés religieuses d’intérêt public (art. 171)
La communauté israélite, telle qu’elle est établie dans le canton, est reconnue comme institution d’intérêt public. A leur demande, l’Etat peut reconnaître le même statut à d’autres communautés religieuses; il tient compte de la durée de leur établissement et de leur rôle dans le canton.
Organisation et autonomie (art. 172)
1. Chaque Eglise ou communauté reconnue fait l’objet d’une loi qui lui est propre.
2. Les Eglises et communautés reconnues jouissent de l’indépendance spirituelle et s’organisent librement dans le respect de l’ordre juridique et de la paix confessionnelle.
3. La reconnaissance est liée notamment au respect des principes démocratiques et à la transparence financière.
Les conditions de la reconnaissance
En général, la communauté qui demande sa reconnaissance doit remplir notamment les conditions suivantes:
– La communauté requérante reconnaît le caractère contraignant de l’ordre juridique suisse, en particulier les droits constitutionnels, en matière de religion et de croyance, ainsi que le droit international ayant trait aux droits de l’Homme et aux libertés fondamentales, droit qui instaure l’interdiction de toute forme de discrimination, en particulier entre les femmes et les hommes dans la société.
– La communauté requérante respecte les droits constitutionnels de ses membres, en particulier la liberté de conscience et de croyance.
– La communauté requérante s’abstient de propager toute doctrine visant à rabaisser ou à dénigrer une autre croyance ou les personnes qui se reconnaissent dans celle-ci. Elle s’abstient de tout prosélytisme contraire à l’ordre juridique suisse.
– La communauté requérante respecte les principes démocratiques. Elle s’abstient de tout discours ou pratique qui y contrevienne ou appelle à y contrevenir.
Ses organes sont définis et ses membres se prononcent sur son fonctionnement.
– La communauté requérante tient ses comptes conformément aux dispositions sur la comptabilité commerciale du Code des obligations A.
– La communauté requérante remplit, en outre, plusieurs des conditions suivantes:
avoir une activité cultuelle sur tout le territoire cantonal; exercer un rôle social et culturel; s’engager en faveur de la paix sociale et religieuse; participer au dialogue œcuménique et/ou interreligieux.
Il est tenu compte de la durée d’établissement dans le canton, du nombre de ses adhérents, ainsi que de la capacité de ses représentants, y compris les responsables religieux, de s’exprimer en français. Des connaissances particulières en droit suisse, ainsi que dans le domaine interreligieux sont également exigées de la part des représentants et des responsables religieux des communautés requérantes.
La Ville de Renens applique ces lois
La responsabilité communale s’inscrit donc autour
– du respect du cadre posé par la Constitution fédérale et la Constitution cantonale vaudoise;
– des liens avec les communautés religieuses inscrites sur le territoire, et notamment l’entretien des liens de cultes.
Les intentions et valeurs du programme de législature de la ville de Renens sont celles-ci: Renens ville créative, ville intégrante, ville équitable, ville durable, ville efficace.
Ville intégrante parce que le mélange, la diversité et la rencontre des autres font partie des plaisirs de la ville. Parce que
– nous voulons continuer d’être ce qu’a fait de nous notre histoire, un modèle d’interculturalité réussi;
– nous voulons habiter ensemble, égaux et différents, favoriser les liens sociaux, l’intégration réciproque, entre générations comme entre communautés.
Une volonté de la Municipalité et son dicastère des Cultes est aussi de développer le dialogue interreligieux (elle l’a montré en participant au parcours interreligieux 2011).
Au terme de son exposé, le Municipal des Finances et des Cultes de la ville de Renens a repris quelques éléments de la Charte des Amis de l’Arzillier, «en parfaite adéquation avec nos réflexions et intentions dans ce domaine, conforme au cadre de notre sphère de compétence et de nos limites d’intervention»:
Dans notre monde beau et fragile, riche en potentialités et pourtant écartelé entre fidèles de différentes religions et spiritualités, croyants et incroyants, pauvres et riches en biens ou en bonheur, nous nous engageons selon nos moyens, …. l’attention au monde, le respect de l’autre et le respect de soi, le dialogue, l’écoute et le partage, la paix et la justice, à construire sans confusion de doctrines, ni pression prosélyte, des ponts de convivialité.
Le monde actuel, sur l’ensemble de la planète, est fait de nombreuses tensions et de nombreux problèmes écologiques, énergétiques, économiques et financiers. La civilisation occidentale, au travers du progrès, espérait parvenir à plus de bonheur. Elle doit déchanter. Un élément essentiel manque sans doute: la dimension spirituelle. Les religions naissent de la spiritualité. La capacité des religions à communiquer entre elles, à témoigner ensemble des valeurs qui leurs sont communes – la compréhension, la paix, la sagesse – sont indispensables à l’amélioration de la qualité de vie de chacun.
M. Jean-François Clément, en conclusion, a relevé que dans le cadre de nos compétences, clairement définies par la loi, et de nos moyens (qui ne sont pas illimités), nous sommes ouverts à tout partenariat, collaboration apte à développer le mieux vivre ensemble, le respect de l’autre. Puis remercié l’apport conséquent des communautés religieuses, sous forme d’actions bénévoles, dans le domaine de liens sociaux et d’action d’entraide.
Note: Le 12 novembre 2011 à Renens, lors de l’accueil du public et des membres des institutions religieuses, M. J.-F. Clément, Municipal des Finances et des Cultes, a salué la présence des membres des institutions religieuses et leur participation à la première édition du parcours interreligieux. Il a relevé que, initié en collaboration avec les institutions religieuses et les autorités communales, la Commission intégration Suisse Etrangers, le rassemblement du 7 novembre 2009, pour le respect du vivre Ensemble, a constitué une étape vers une meilleure connaissance mutuelle.
Des parcours interreligieux seront organisés annuellement, a annoncé la ville de Renens, dont le logo porte «Carrefour d’idées».
Ndr. Historiquement plus important qu’on ne le pense, l’événement «Parcours interreligieux» serait-il marqué par la visite surprise, sans signe distinctif, du nouvel évêque (quoique non encore consacré) du diocèse de Lausanne, Genève, Fribourg, Neuchâtel, comprenant trois cantons protestants sur les quatre de la circonscription ecclésiastique ? Une visite ou plutôt quelques pas avec les participants faisant en toute simplicité connaissance, devisant, priant, s’informant, témoignant de la sorte leur humanité en se rendant à pied d’un lieu de prière à l’autre dans une ville «pauvre» (le mot a été prononcé par deux personnes lors des questions-réponses à l’église St François d’Assise), mais partenaire du «Parcours interreligieux» ? La question a traversé l’esprit d’aucuns.
En fait, visite surprise du nouvel évêque il y a eu, mais à… Fribourg où se tenait ce week-end là, dans les locaux de l’Université, le rassemblement des membres du mouvement «Prier Témoigner» (v. La Liberté, 16.11.11, p. 11).
Phil’obs
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