Jean-Jacques Friboulet

Et la santé surtout !

Au début de l’année, aux vœux traditionnels, s’ajoutent d’autorité ceux de bonne santé. Mais si celle-ci n’a pas de prix, elle a un coût de plus en plus élevé qui se traduit dans les hausses de primes pour les caisses-maladie. M. Alain Berset vient d’annoncer une révision des tarifs médicaux qui devrait permettre d’alléger nos primes de 1,5% l’an prochain. L’impact marginal d’une telle révision montre la difficulté extrême de maîtriser les coûts de la santé. Quelles en sont les raisons? Trois éléments interviennent à ce niveau.

Le premier est l’innovation qui rend les soins de plus en plus chers. Les performances chirurgicales magnifiques de nos praticiens sont très onéreuses. Le second élément est le vieillissement de notre population. Les seniors ont plus de problèmes de santé que leurs cadets, mais surtout ont des maladies chroniques comme le diabète, les cancers et les maladies cardio-vasculaires, qui coûtent très cher aux caisses d’assurance maladie.

Le troisième élément à prendre en compte est que la santé n’est pas un bien purement marchand. Elle correspond à un droit fondamental de la personne, car elle est une condition essentielle à sa vie. Si on manque de moyens financiers, on peut ne plus aller au restaurant ou cesser de voyager. On ne peut arrêter de se soigner. C’est la raison pour laquelle la LAMal est une assurance obligatoire qui est ouverte à tous les habitants de notre pays.

De cette pression sur les coûts résulte un dilemme. Le choix est entre une simple adaptation des primes au coût de la vie (entre 1 et 2%) ou une augmentation plus forte (3 à 4%). Ce choix n’est pas anodin. Pour une prime de 250 CHF aujourd’hui et à une échéance de 20 ans, celle-ci serait augmentée de 50% dans le premier cas mais doublée dans le second ce qui est insupportable pour les ménages, en particulier les retraités et les familles. Alors que faire pour obtenir cette augmentation modérée des primes?

La première solution est une augmentation de la productivité des fournisseurs de soins. La tâche est déjà entreprise à travers la restructuration des hôpitaux, l’appel étendu aux médecins généralistes ou les restrictions mises à l’ouverture de cabinets de spécialistes et d’imagerie médicale. Les efforts dans ces domaines vont nécessairement se poursuivre de même que la réduction du prix des médicaments et l’adaptation de certains tarifs.

La seconde solution est le rationnement des soins. Le processus a déjà commencé au moyen des temps d’attente dans les hôpitaux ou du basculement des médecines complémentaires dans le domaine des assurances privées. Ce rationnement ne peut être que limité si l’on veut maintenir l’accès de tous à des soins de base. La responsabilité du traitement doit rester au médecin qui garde la liberté de refuser une demande du malade qu’il juge sans fondement.

La troisième solution est la prévention. Les acteurs de la santé n’y ont pas directement d’intérêt pécuniaire, alors la question est complètement négligée. Un exemple est l’abondance du sucre dans les aliments fabriqués par l’industrie, qui est la cause essentielle du diabète de type 2 et d’autres maladies. Faire des achats dans un supermarché en essayant d’éviter les aliments trop sucrés tient de l’exploit. Et les pouvoirs publics (Conseil Fédéral et Parlement) minimisent leur intervention dans ce domaine de l’alimentation industrielle. De même sont-ils laxistes sur les questions de la pollution de l’air dans les villes et de l’eau.

C’est pourtant sur ces sujets que les personnes pourraient changer leur comportement avec de substantielles économies pour la collectivité et une forte amélioration de leur santé. Les efforts faits dans la consommation du tabac en sont un bon exemple. Les progrès dans la prévention s’accompagnent toujours d’un plus pour le bien commun.

Jean-Jacques Friboulet | 28.08.2017

Le Conseiller fédéral Alain Berset, chef du Département de l'Intérieur (DFI) (photo Jacques Berset)
29 août 2017 | 18:32
par Jean-Jacques Friboulet
Temps de lecture: env. 3 min.
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