Michel Fontaine

Évangile de Dimanche: Apprendre à prier révèle notre origine

Cette Parole nous invite aujourd’hui à nous glisser dans la demande de l’un des disciples qui voyait Jésus prier : « Seigneur, apprends-nous à prier, comme Jean l’a appris à ses disciples » ! Mais en fait, au travers de cette question, la réponse de Jésus va bien plus loin. Elle révèle en nous notre identité profonde d’hommes et de femmes. J’y vois trois espaces essentiels pour notre chemin de foi.

Le premier nous montre Jésus dans son quotidien, lui le Fils du Père… tout simplement le priait : « Il arriva que Jésus, en un certain lieu, était en prière ». Ces quelques mots de l’Évangile nous disent déjà l’importance de la prière, au-delà de tout lieu réservé. Osons-nous prier simplement ?

«Jésus nous renvoie à l’origine de notre humanité»

Cette liberté rappelle, au plus profond de nous-même, une relation mystérieuse et intime avec Dieu. Par cette attitude naturelle, Jésus réaffirme notre identité profonde. Il nous renvoie à l’origine de notre humanité « Faisons l’homme à notre image, comme notre ressemblance » (Gn 1, 26). Par la prière, je réponds avec mes mots à une Parole qui m’a déjà été donnée.

Le deuxième précise cette origine. Jésus, en répondant « Lorsque vous priez, dites : Père… », nous introduit au fondement même de notre vie spirituelle, nous révélant ainsi notre filiation divine. Tout tient dans ce mot, qui chez Matthieu (Mt 6, 9-13) se précise par un adjectif possessif « Notre », incluant alors toute l’humanité. Par ce mot « Père » et « Notre Père », prenons-nous conscience de cette dignité humaine ?

«…Réaffirmer notre confiance totale en celui qui est « notre Père »»

Lui, le Fils, le Verbe fait chair, qui est la Lumière pour tout être humain depuis le commencement, nous laissant libre de l’accepter ou pas, répond au disciple « lorsque vous priez, dites Père ». Par cette Parole, nous sommes fondamentalement reconnus dans notre identité d’enfant de Dieu…Tout être humain, quel qu’il soit, a un lien avec Jésus. N’oublions pas que Jésus crée toujours un lien vital avec tout être rencontré, tel, par exemple, le malfaiteur crucifié avec lui ; « Aujourd’hui, tu seras avec moi, dans le paradis » (Lc 23-43).

Le troisième vient comme pour nous libérer de nos peurs et réaffirmer notre confiance totale en celui qui est « notre Père ». Jésus nous y introduit par cette parabole, dite de l’ami importun. Ses paroles sont insistantes, directes mais porteuses d’espérance : « Et moi, je vous dis : demandez et l’on vous donnera ; cherchez et vous trouverez ; frappez et l’on vous ouvrira ». Là encore, comprenons ce que Jésus nous dit.

«Il n’y a qu’une seule demande à faire: reconnaître en nous la présence de l’Esprit Saint donné par le Père»

A plusieurs reprises dans les évangiles, il intervient de la même manière par cette formule : « Et moi, je vous dis », pour nous rappeler combien nous sommes libres si on écoute sa Parole. Ce n’est pas pour rien que Jésus insiste : demandez, cherchez, frappez, car en fait, il n’y a qu’une seule demande à faire : reconnaître en nous la présence de l’Esprit Saint donné par le Père «…Combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent ». Avouons que l’Esprit Saint n’a pas toujours la place qu’il devrait avoir dans notre vie de baptisé !

Alors, remercions le disciple d’avoir posé une telle question. Elle nous aide à creuser notre chemin de foi en nous confiant à la présence vivante et à la force de l’Esprit Saint. C’est là que se tisse, dans notre monde, notre Espérance au quotidien.

Frère Michel Fontaine OP | Vendredi 25 juillet 2025


Lc 11, 1–13

Il arriva que Jésus, en un certain lieu, était en prière.
Quand il eut terminé,
un de ses disciples lui demanda :
« Seigneur, apprends-nous à prier,
comme Jean le Baptiste, lui aussi, l’a appris à ses disciples. »
Il leur répondit :
« Quand vous priez, dites :
›Père,
que ton nom soit sanctifié,
que ton règne vienne.
Donne-nous le pain
dont nous avons besoin pour chaque jour
Pardonne-nous nos péchés,
car nous-mêmes, nous pardonnons aussi
à tous ceux qui ont des torts envers nous.
Et ne nous laisse pas entrer en tentation. »
Jésus leur dit encore :
« Imaginez que l’un de vous ait un ami
et aille le trouver au milieu de la nuit pour lui demander :
›Mon ami, prête-moi trois pains,
car un de mes amis est arrivé de voyage chez moi,
et je n’ai rien à lui offrir.’
Et si, de l’intérieur, l’autre lui répond :
›Ne viens pas m’importuner !
La porte est déjà fermée ;
mes enfants et moi, nous sommes couchés.
Je ne puis pas me lever pour te donner quelque chose’.
Eh bien ! je vous le dis :
même s’il ne se lève pas pour donner par amitié,
il se lèvera à cause du sans-gêne de cet ami,
et il lui donnera tout ce qu’il lui faut.
Moi, je vous dis :
Demandez, on vous donnera ;
cherchez, vous trouverez ;
frappez, on vous ouvrira.
En effet, quiconque demande reçoit ;
qui cherche trouve ;
à qui frappe, on ouvrira.
Quel père parmi vous, quand son fils lui demande un poisson,
lui donnera un serpent au lieu du poisson ?
ou lui donnera un scorpion
quand il demande un œuf ?
Si donc vous, qui êtes mauvais,
vous savez donner de bonnes choses à vos enfants,
combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint
à ceux qui le lui demandent ! »

La prière du Notre Père n'a de sens que quand elle est ouverte vers les autres | © Pixabay
25 juillet 2025 | 17:00
par Michel Fontaine
Temps de lecture : env. 4  min.
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