Bernard Miserez

Evangile de dimanche: curieux casting

L’inattendu nous donne rendez-vous à chaque page de l’Evangile. Dès le début de sa mission, Jésus appelle des hommes à le suivre. L’étonnement est de taille. Voici des marins-pêcheurs, en pleine activité, surpris et saisis par le regard et la parole d’un passant venu de Galilée. «Venez à ma suite! Je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes.» Quelle audace!

L’Ancien Testament nous avait habitués à des profils plus conventionnels. Les appelés d’alors, c’étaient des gardiens de troupeaux, des bergers. Ces figures traditionnelles dessinaient les contours d’une mission dont seraient chargés les élus.

Mais, aujourd’hui, changement de décor. Jésus appelle des hommes de la mer. Le peuple de la Bible n’est pas tourné vers la mer. C’est un peuple du désert. Alors, comment comprendre le choix de Jésus sur ces marins-pêcheurs? Ce sont des hommes courageux d’abord. Ils affrontent les dangers, les tempêtes et les nuits d’angoisse.

Ce métier difficile n’offre aucune garantie. Il y a des jours où ils reviennent sans aucun poisson dans les filets. Leur vie et celle de leur famille est assurée par ce gagne-pain jamais garanti. Ces hommes d’expériences sont portés par la passion. Ils ont mûri dans les mille aventures de la mer.

«Sortir de nos habitudes pour suivre le Maître sur des chemins inédits manifeste l’espérance et la confiance.»

En plus, le travail de pêcheur n’est pas un travail solitaire. Ils forment avec d’autres une équipe, soumise à un chef qui indique les directions à prendre, le lieu où jeter les filets. Ils coordonnent leurs gestes pour mener l’embarcation avec précision. La cohésion de l’équipe est l’enjeu fondamental pour réussir de belles prises. Ils partagent tous les moments vécus, leurs émotions, leur frayeur comme leur bonheur.

Ce métier de pêcheur a quelque chose de prophétique pour qui accepte de suivre Jésus. D’aucune manière, un chrétien peut rester isolé, caché dans son coin. La foi au Christ ne peut se privatiser comme une assurance-vie. Ainsi, la communauté des disciples n’est pas un agglomérat de gens disparates. Elle est la condition première pour expérimenter la vie du Christ. Ces marins-pêcheurs nous apprennent l’ordinaire de toute vie fraternelle. Quand Jésus appelle ses premiers disciples, il marque l’Eglise de cette empreinte fondatrice.

Le Christ ne cesse d’appeler des femmes et des hommes à le suivre. Cet appel est unique. Il est lancé à chacune et chacun. Il révèle ce que nous avons de plus grand: le désir de vivre.

En ce temps de crise, cet appel vient solliciter notre courage. Quitter ses filets, sa barque, ses attaches ouvre des perspectives nouvelles. Sortir de nos habitudes pour suivre le Maître sur des chemins inédits manifeste l’espérance et la confiance. «Venez à ma suite. Je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes.» Voilà bien l’enjeu de la mission confiée aux communautés de croyants.

L’Ouverture aux autres, la solidarité, l’accueil de l’étranger et tant d’autres gestes de bonté nous font entrer, nous aussi, à l’instar des nouveaux disciples, dans le mystère vivant de Jésus, Christ et Seigneur.

Bernard Miserez | Vendredi 22 janvier 2021


Mc 1, 14-20

Après l’arrestation de Jean le Baptiste,
Jésus partit pour la Galilée
proclamer l’Évangile de Dieu ;
il disait :
« Les temps sont accomplis :
le règne de Dieu est tout proche.
Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. »

Passant le long de la mer de Galilée,
Jésus vit Simon et André, le frère de Simon,
en train de jeter les filets dans la mer,
car c’étaient des pêcheurs.
Il leur dit :
« Venez à ma suite.
Je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes. »
Aussitôt, laissant leurs filets,
ils le suivirent.

Jésus avança un peu
et il vit Jacques, fils de Zébédée, et son frère Jean,
qui étaient dans la barque et réparaient les filets.
Aussitôt, Jésus les appela.
Alors, laissant dans la barque leur père Zébédée avec ses ouvriers,
ils partirent à sa suite.

| © Flickr/Edith OSB/CC BY-NC-ND 2.0
22 janvier 2021 | 17:00
par Bernard Miserez
Temps de lecture: env. 3 min.
Partagez!