Chantal Reynier

Evangile de dimanche: de commencement en commencement

Commencement de l’année liturgique, «Commencement de l’Evangile de Jésus Christ» selon saint Marc (Mc 1, 1)! Le temps de l’Avent nous invite chaque année à nous remettre en route. Il ne s’agit pas de refaire un chemin identique à celui de l’année précédente, tel Sisyphe roulant son rocher indéfiniment, mais de faire un pas de plus, un pas nouveau. Ne nous y trompons pas l’année liturgique n’est pas un rouage bien huilé qui nous fait passer de Noël à Pâques et de Pâques à l’Assomption pour finir au Christ Roi.

La vie chrétienne nous invite à nous renouveler, plus précisément à accepter ce «neuf» qui est la marque même de Dieu agissant dans nos vies. Cela devrait nous enthousiasmer nous qui nous lassons de tout, et si vite. Oui, mais il ne s’agit pas de faire du neuf pour du neuf, mais de nous engager un peu plus loin sur la route que nous indique le Baptiste.

Le commencement est en effet placé sous la houlette de Jean. Etrange personnage qui nous ferait sans doute peur si nous le rencontrions aujourd’hui au détour d’un bosquet, à moins qu’il ne nous fascine par sa posture en rupture avec les conventions! Le familier de la Bible reconnaîtra en lui un prophète à son habit de poils (Za 13, 4) ou y verra Elie qui portait une ceinture de peau (2 R 1, 8).

Jean, dans sa frugalité et son humilité, vit et parle en prophète, c’est-à-dire au nom de Dieu. Loin de lui, tout désir de séduire ses interlocuteurs. S’il met en avant d’une manière inattendue, «celui qui vient et qui est plus fort que lui», ce n’est pas pour exalter un «homme fort» qu’on redouterait ou idolâtrerait comme ces Baals contre lesquels jadis Elie mettait le peuple en garde (1 R 18, 21). En exhortant les foules, le Baptiste tourne les regards et les cœurs, par l’infini respect dont il fait preuve, vers le Messie, le Seigneur qui vient se mettre au niveau de notre humanité pour défaire, non pas la courroie de nos sandales mais les liens de la mort qui la retienne captive.

Le Baptiste appelle à la conversion par le baptême d’eau tandis que Celui qui vient baptisera dans l’Esprit Saint. Expression d’autant plus énigmatique que Jésus ne baptisera pas. En revanche, Il plongera ses disciples dans les eaux de sa mort et de sa résurrection (10, 38) et il leur donnera l’Esprit Saint (13, 11) leur communiquant sa force de Ressuscité.

A cet homme vêtu de poils, envoyé «en avant» pour «proclamer» un baptême de conversion, correspond le jeune homme vêtu de blanc qui, au terme de l’Evangile (16,5-7), délivrera cet autre message pour les disciples: «Jésus est ressuscité… il vous précède en Galilée». On ne peut penser le commencement qu’en fonction de la fin: la résurrection du Christ éclaire le message inaugural de Jean le Baptiste. De même nous ne pouvons poursuivre notre chemin de conversion que dans la certitude que Celui qui nous y invite nous précède et nous attend au terme.

Chantal Reynier | 10 décembre 2017


Mc 1, 1-8

Commencement de l’Évangile de Jésus,
Christ, Fils de Dieu.
Il est écrit dans Isaïe, le prophète :
Voici que j’envoie mon messager en avant de toi,
pour ouvrir ton chemin.
Voix de celui qui crie dans le désert :
Préparez le chemin du Seigneur,
rendez droits ses sentiers.

Alors Jean, celui qui baptisait,
parut dans le désert.
Il proclamait un baptême de conversion
pour le pardon des péchés.

Toute la Judée, tous les habitants de Jérusalem
se rendaient auprès de lui,
et ils étaient baptisés par lui dans le Jourdain,
en reconnaissant publiquement leurs péchés.
Jean était vêtu de poil de chameau,
avec une ceinture de cuir autour des reins ;
il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage.
Il proclamait :
« Voici venir derrière moi
celui qui est plus fort que moi ;
je ne suis pas digne de m’abaisser
pour défaire la courroie de ses sandales.
Moi, je vous ai baptisés avec de l’eau ;
lui vous baptisera dans l’Esprit Saint. »

«Voici venir derrière moi celui qui est plus fort que moi». Prédication de saint Jean-Baptiste par Brueghel l'Ancien. | DR
8 décembre 2017 | 17:49
par Chantal Reynier
Temps de lecture: env. 3 min.
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