
Évangile de dimanche: Dernières volontés
Le traitre est sorti et s’en est allé à son sordide commerce. Pour Jésus, qui vient de laver les pieds de ses disciples, le moment est venu de leur livrer ses dernières volontés.
«Parce que le temps urge, je me limite à l’essentiel, je me contente de vous rappeler ce que je vous ai apporté de nouveau : de vous aimer les uns les autres comme je vous ai aimés. Voilà mon testament, à vous de recueillir fidèlement l’héritage et de le faire fructifier afin que rien ne périsse de ce que nous avons vécu ensemble.»
«La mesure de l’amour est la démesure!»
D’autres avant lui avaient parlé de l’amour du prochain. Les prophètes d’autrefois, et même des philosophes païens qui avaient tenu des propos pleins de sagesse. En accomplissant un geste réservé au personnel de service, Jésus est allé plus loin. Faisant oublier qu’il est Maître et Seigneur, il s’est fait serviteur. Comme qui aurait changé d’identité. Du coup, la mesure de l’amour n’est pas une bonne action quelconque, mais une désappropriation de soi, une vie donnée. La mesure de l’amour est la démesure !
«L’amour précède tous les autres préceptes humains ou divins»
L’amour du prochain, n’est pas un article de plus à ajouter à la checklist de son examen de conscience. Comme la source engendre la rivière, l’amour précède les autres préceptes humains ou divins pour les justifier et les rendre acceptables. Tout ce que Jésus a pu vivre avec ses disciples repose sur ce socle. Le reste de l’offre religieuse, la théologie, la morale, le catéchisme, le Droit Canon, la liturgie, l’échafaudage clérical, n’ont de consistance que dans la mesure où ils s’en inspirent pour le transmettre plus loin.
«L’amour de Dieu et l’amour du prochain sont deux faces d’une même médaille»
L’amour de Dieu et l’amour du prochain, deux faces d’une même médaille (Mt 22,39). Chacun vérifie et authentifie l’autre pour le rendre crédible. Aimer et honorer un Dieu lointain peut être banal, suspect même, sans l’amour pour ceux et celles que l’on côtoie à longueur de journée, si proches qu’ils finissent par vous fatiguer. «Tout ce que vous avez fait aux plus petits c’est à moi que vous l’avez fait» (Mt 25,40). Vouer un amour universel à l’humanité n’est qu’une échappatoire aussi longtemps que la paix et le pardon avec le prochain ne passent pas avant le culte rendu à Dieu (Mt 5,23-24).
«Les temps changent, mais toute vie offerte prolonge la présence agissante du Ressuscité»
Il ne s’agit pas de réduire le prochain à n’être qu’un prétexte en vue de Dieu, un alibi religieux. En recommandant à ses disciples de s’aimer les uns les autres comme lui les a aimés, Jésus ne leur demande pas de se livrer à un exercice de mimétisme et de reproduire à l’externe ce qu’ils ont vu en lui. Les temps et les circonstances changent, mais toute vie offerte prolonge la présence agissante du Ressuscité.
Pierre Emonet SJ | 16 mai 2025
Jn 13, 31-35
Au cours du dernier repas que Jésus prenait avec ses disciples,
quand Judas fut sorti du cénacle, Jésus déclara :
« Maintenant le Fils de l’homme est glorifié,
et Dieu est glorifié en lui.
Si Dieu est glorifié en lui,
Dieu aussi le glorifiera ;
et il le glorifiera bientôt.
Petits enfants,
c’est pour peu de temps encore que je suis avec vous.
Je vous donne un commandement nouveau :
c’est de vous aimer les uns les autres.
Comme je vous ai aimés,
vous aussi aimez-vous les uns les autres.
À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples :
si vous avez de l’amour les uns pour les autres. »
Les droits de l’ensemble des contenus de ce site sont déposés à Cath-Info. Toute diffusion de texte, de son ou d’image sur quelque support que ce soit est payante. L’enregistrement dans d’autres bases de données est interdit.