
Evangile de dimanche: Dieu et Mammon
L’argent ne fait pas le bonheur! Cette expression de la sagesse populaire pourrait être une belle conclusion de la curieuse parabole que Jésus nous raconte ce dimanche. Un homme riche, un gérant, un dénonciateur et des débiteurs… On croit voir un aperçu de que vit aujourd’hui le monde de la finance et on aimerait bien que Jésus vienne y mettre de l’ordre.
Mais voilà que sa parole une nouvelle fois nous déconcerte car il fait l’éloge d’un gérant qui a gaspillé des biens. Jésus ne vient pas nous faire la morale ni un traité sur l’argent et sur ceux qui en possèdent. Il vient nous mettre en garde sur ce qui fait ou défait la vraie richesse de la vie. Du reste le mot grec utilisé n’évoque pas l’argent mais plus largement Mammon. Dans la Bible, le Mammon ce sont tous les biens matériels exaltés au point d’en faire une personnification de l’abondance.
Son but est de nous faire découvrir ce qui est la vraie richesse de la vie. Depuis le début de la Bible
Dieu nous offre sa présence et son alliance comme le cadeau de notre existence. Il nous met donc en garde contre les idoles qui peuvent nous en détourner. Or servir Mammon, c’est-à-dire vivre totalement pour les biens matériels, ne peut que nous enfermer sur nos possessions. «Tu ne serviras que Dieu seul» disons-nous à la suite de Moïse. Nous apprendrons par Jésus que le service détermine notre relation à Dieu et aux autres. Ce n’est pas ce que nous possédons qui donne sens à notre vie mais le bon usage que nous en faisons
«En cherchant à nous faire des amis, nous serons bénéficiaires de l’amitié de Dieu!»
Et c’est là que Jésus nous étonne: il n’est pas là pour juger la malhonnêteté de ce gérant mais pour valoriser son habileté à se faire des amis. Voilà la vraie valeur de nos existences. Se faire des amis, nous dit-il, c’est tout faire pour que les gens nous accueillent chez eux. Si les biens matériels partagés avec eux favorisent ces liens, alors il faut savoir en faire bon usage. Ce gérant est un peu le Robin des Bois de l’évangile: il distribue la richesse à ceux qui ont besoin. Et par cette bonne action il établit avec les gens une nouvelle relation. De débiteurs ils deviennent des amis!
N’est-ce pas le type de liens que Dieu veut établir avec nous: par son amour gratuit et désintéressé il nous offre de devenir ses amis bien au-delà des dettes que nous pouvons avoir face à lui. Comme Jésus dans la suite de la parabole, Dieu condamne la malhonnêteté des biens trompeurs, mais il valorise l’habileté de ceux qui savent en user pour servir l’amitié avec l’autre.
On ne peut pas servir Dieu et Mammon nous dit-il à la fin de l’évangile. Il nous met une nouvelle fois devant nos responsabilités. Si nous mettons notre essentiel sur ce que nous avons et gardons jalousement, alors nous nous replions sur nous et découvrirons tôt ou tard que nous nous coupons des autres que nous avions l’illusion de posséder. Si nous le mettons sur la richesse de son amour à partager, alors nous nous préparons à un accueil éternel. Plutôt que de servir Mammon nous pouvons choisir de nous servir des biens que nous avons pour vivre dans l’amour et se laisser accueillir par lui. En cherchant à nous faire des amis, nous serons bénéficiaires de l’amitié de Dieu!
Philippe Matthey | Vendredi 16 septembre 2022
Lc 16, 10-13
En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Un homme riche avait un gérant
qui lui fut dénoncé comme dilapidant ses biens.
Il le convoqua et lui dit :
›Qu’est-ce que j’apprends à ton sujet ?
Rends-moi les comptes de ta gestion,
car tu ne peux plus être mon gérant.’
Le gérant se dit en lui-même :
›Que vais-je faire,
puisque mon maître me retire la gestion ?
Travailler la terre ? Je n’en ai pas la force.
Mendier ? J’aurais honte.
Je sais ce que je vais faire,
pour qu’une fois renvoyé de ma gérance,
des gens m’accueillent chez eux.’
Il fit alors venir, un par un,
ceux qui avaient des dettes envers son maître.
Il demanda au premier :
›Combien dois-tu à mon maître ?’
Il répondit :
›Cent barils d’huile.’
Le gérant lui dit :
›Voici ton reçu ;
vite, assieds-toi et écris cinquante.’
Puis il demanda à un autre :
›Et toi, combien dois-tu ?’
Il répondit :
›Cent sacs de blé.’
Le gérant lui dit :
›Voici ton reçu, écris 80’.
Le maître fit l’éloge de ce gérant malhonnête
car il avait agi avec habileté ;
en effet, les fils de ce monde sont plus habiles entre eux
que les fils de la lumière.
Eh bien moi, je vous le dis :
Faites-vous des amis avec l’argent malhonnête,
afin que, le jour où il ne sera plus là,
ces amis vous accueillent dans les demeures éternelles.
Celui qui est digne de confiance dans la moindre chose
est digne de confiance aussi dans une grande.
Celui qui est malhonnête dans la moindre chose
est malhonnête aussi dans une grande.
Si donc vous n’avez pas été dignes de confiance pour l’argent malhonnête,
qui vous confiera le bien véritable ?
Et si, pour ce qui est à autrui, vous n’avez pas été dignes de confiance,
ce qui vous revient, qui vous le donnera ?
Aucun domestique ne peut servir deux maîtres :
ou bien il haïra l’un et aimera l’autre,
ou bien il s’attachera à l’un et méprisera l’autre.
Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’argent. »
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