
Évangile de dimanche: Et si on faisait confiance à Dieu...
Que faire lorsque l’on est dans une situation critique, que l’on soit ou non responsable de cette situation? Se laisser conduire par l’évènement, perdre pieds, manquer d’à-propos? Ou alors, réagir, prendre le taureau par les cornes, faire des propositions?
L’évangile de ce dimanche ne peut-il pas se lire dans un tel contexte, à la lumière d’une telle situation: un intendant «accusé de dilapider les biens de son maître» perd sa confiance et est relevé de ses fonctions. Mais que fait cet homme devant cette situation? Il ne perd pas pieds. Il se situe même comme acteur, certes opportuniste avec des intentions discutables: il fait venir les débiteurs de son maître, modifie la dette en leurs faveurs pour s’en faire des amis, espérant les retrouver lorsqu’il aura besoin d’eux.
«Avec cette parabole, Jésus nous rend attentifs à l’urgence de notre réponse à sa Parole»
On s’attendrait à une réaction de Jésus, rigoureuse, rappelant que cela ne se fait pas. En fait, il en est tout autrement. La parabole de Jésus, va nous déplacer. Jésus nous invite à nous mettre dans un esprit d’éveil, d’attention, autrement dit, il nous demande d’être avisé, acteur, perspicace, ingénieux…
En fait, au travers de cette parabole, Jésus nous rend attentifs à l’urgence de notre réponse à sa Parole. D’ailleurs, ce passage de Luc est une autre manière de nous faire comprendre la parabole des talents évoquée plus loin (Lc 19, 12-21). N’oublions jamais que Dieu fait confiance bien au-delà de ce que l’on peut imaginer. Non seulement notre vie nous a été donnée mais nous avons reçu aussi des talents. Peut-être sont-ils difficiles à découvrir en nous mais ils sont là, prêts à féconder notre vie.
«Il nous faut comprendre le sens de ce déplacement que Jésus nous demande de faire»
C’est conscient de ce don et de ces talents que nous questionnons cette parabole étonnante de ce dimanche car il nous faut comprendre le sens de ce déplacement que Jésus nous demande de faire: «le maître fit l’éloge de ce gérant malhonnête car il avait agi avec habileté. Faites-vous des amis avec l’argent malhonnête, afin que le jour où il ne sera plus là, ces amis vous accueillent dans les demeures éternelles». Surprenant, n’est-ce pas?
Tout d’abord, Jésus sait combien nous sommes mal à l’aise lorsque nous abordons la question des biens, des richesses, de notre rapport à la propriété. Rappelez-vous, c’est la parabole du «riche insensé» (Lc 12, 33), celle du «riche et du pauvre Lazare» (Lc 16, 19). Reconnaissons que les cartes sont souvent brouillées dans notre vie lorsqu’il s’agit d’argent, de pouvoir et de sexe et que ce sont des lieux permanents de notre combat.
«Plutôt que de les ignorer, cette parabole prend en compte ces brouillards que sont l’argent et le pouvoir dans nos vies»
La parabole de ce jour prend alors tout son sens car elle prend en compte ce brouillard au lieu de l’ignorer. Elle nous donne une lumière, un message clair: Jésus entre avec nous dans ce combat et fait le lien entre l’urgence de notre réponse à donner à sa parole et notre manière d’être ses intendants. Ce lien c’est la liberté que nous gagnons à chaque fois que nous évitons le compromis entre Dieu et l’argent. Amos déjà 800 ans plus tôt le rappelle avec force au peuple de Samarie. Dieu prend la défense des pauvres.
Alors, oui, comme toujours, Jésus nous invite à aller au plus vrai de nous-même, à sortir des convenances et d’une morale simpliste. C’est prendre conscience frontalement par cette parabole que le don est à l’origine de qui nous sommes et que le reconnaître en toute chose de la vie, nous met alors vraiment sur un chemin de conversion. Est-ce possible? Oui, car rien n’est impossible à Dieu!
Michel Fontaine OP | Vendredi 19 septembre 2025
Lc 16, 10-13
En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Celui qui est digne de confiance dans la moindre chose
est digne de confiance aussi dans une grande.
Celui qui est malhonnête dans la moindre chose
est malhonnête aussi dans une grande.
Si donc vous n’avez pas été dignes de confiance pour l’argent malhonnête,
qui vous confiera le bien véritable ?
Et si, pour ce qui est à autrui, vous n’avez pas été dignes de confiance,
ce qui vous revient, qui vous le donnera ?
Aucun domestique ne peut servir deux maîtres :
ou bien il haïra l’un et aimera l’autre,
ou bien il s’attachera à l’un et méprisera l’autre.
Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’argent. »
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