Chantal Reynier

Evangile de dimanche: le fils de Joseph

A la manière des Juifs, nous nous étonnons des paroles de Jésus et nous l’admirons. Mais, intérieurement, nous ne sommes pas les derniers à nous poser des questions, … à la manière même de ces Juifs qui écoutent Jésus dans la synagogue de Nazareth.

Nous nous demandons si finalement ces belles paroles qu’il prononce et qui nous séduisent émanent vraiment de Dieu. Le doute s’insinue, et aujourd’hui tant de voix dans le monde nous suggèrent que si Dieu était Dieu les choses ne se passeraient pas ainsi.

Nous acquiesçons à ce que Jésus dit, mais finalement nous nous demandons bien qui il est. Il est bien le fils de Joseph. Comment le fils d’un charpentier peut-il s’exprimer ainsi? Comme les Juifs, nous avons peur de mettre notre confiance en un homme en tout semblable à nous.

Qui est Jésus de Nazareth pour nous? Nous nous fions à notre savoir: s’il est le fils de Joseph, alors il ne peut être le Fils de Dieu. Cette équivalence que nous établissons en fonction de notre raison, nous interdit d’accepter qu’au sein de notre humanité, un homme, Jésus, peut prétendre être le fils de Dieu et le révéler.

Jésus lit dans notre cœur et dans notre conscience. Il sait quel dicton nous évoquons pour interpréter son identité: «médecin guéris-toi toi-même». Nous hésitons à donner notre confiance absolue en cet homme qui assume tout ce que Dieu lui confie: porter la bonne nouvelle aux pauvres, annoncer la libération aux captifs, redonner la vue aux aveugles et libérer toute personne. Celui qui manifeste pareille autorité par la connaissance des Ecritures et par ses actes, c’est bien celui qui se révèle dans la faiblesse humaine.

«Nous nous fions à notre savoir: s’il est le fils de Joseph, alors il ne peut être le Fils de Dieu.»

Et nous, nous exigeons encore des preuves. Nous avons besoin de signes. Or, Dieu accède plus souvent à nos demandes que nous ne le pensons. Savons-nous le voir? Savons-nous entendre ce murmure au fond de notre conscience qui nous pousse vers tel ou tel choix? Savons-nous reconnaître dans tel ou tel événement la main bienveillante de Dieu?

Refuser Jésus comme le font les Juifs au nom de leur savoir, c’est le faire taire, l’éliminer, le condamner à mort. Mais Jésus, dans sa liberté, poursuit son chemin. Personne ne peut l’arrêter ou l’emprisonner dans des raisonnements aussi intelligents soient-ils. Les Juifs le chassent de chez lui et tentent, en le poussant vers l’escarpement, de l’éliminer. Mais lui, dans sa liberté souveraine, ne craignant pas le jugement des hommes, quitte la terre familiale pour aller au-devant de ceux qui ont soif de sa Parole.

Nous aussi, laissons-nous interpeller par sa liberté souveraine. Entrons à la fois dans la liberté de Jésus et dans la confiance absolue en lui, si, du moins «nous voyons», même «de manière confuse», dans le fils de Joseph, le Seigneur.

Chantal Reynier | Vendredi 1er février 2019


Lc 4, 21-30

En ce temps-là,
dans la synagogue de Nazareth,
après la lecture du livre d’Isaïe,
Jésus déclara :
« Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture
que vous venez d’entendre »
Tous lui rendaient témoignage
et s’étonnaient des paroles de grâce qui sortaient de sa bouche.
Ils se disaient :
« N’est-ce pas là le fils de Joseph ? »
Mais il leur dit :
« Sûrement vous allez me citer le dicton :
›Médecin, guéris-toi toi-même’,
et me dire :
›Nous avons appris tout ce qui s’est passé à Capharnaüm :
fais donc de même ici dans ton lieu d’origine !’ »
Puis il ajouta :
« Amen, je vous le dis :
aucun prophète ne trouve un accueil favorable dans son pays..
En vérité, je vous le dis :
Au temps du prophète Élie,
lorsque pendant trois ans et demi le ciel retint la pluie,
et qu’une grande famine se produisit sur toute la terre,
il y avait beaucoup de veuves en Israël ;
pourtant Élie ne fut envoyé vers aucune d’entre elles,
mais bien dans la ville de Sarepta, au pays de Sidon,
chez une veuve étrangère.
Au temps du prophète Élisée,
il y avait beaucoup de lépreux en Israël ;
et aucun d’eux n’a été purifié,
mais bien Naaman le Syrien. »

À ces mots, dans la synagogue,
tous devinrent furieux.
Ils se levèrent,
poussèrent Jésus hors de la ville,
et le menèrent jusqu’à un escarpement
de la colline où leur ville est construite,
pour le précipiter en bas.
Mais lui, passant au milieu d’eux,
allait son chemin.

Jésus déclara: «Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre». | © Flickr/Lawrence OP/CC BY-NC-ND 2.0
1 février 2019 | 17:20
par Chantal Reynier
Temps de lecture: env. 3 min.
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