Philippe Matthey

Evangile de dimanche: le soleil et la lune

«Rien n’est plus utile que le sel et le soleil!» Jésus connaissait-il cette déclaration d’un de ses contemporains romains nommé Pline l’Ancien? On peut l’imaginer en écoutant la petite parabole de ce dimanche. En effet les anciens considéraient le sel et la lumière comme deux éléments indispensables à la vie, si nécessaires qu’on ne peut s’en passer.

Ces paroles suivent immédiatement les Béatitudes qui évoquent la faim, la soif, le désir de voir Dieu.

Elles s’adressent à ceux qui les ont entendues et qui en deviennent responsables. Avec mes paroles en vous, vous êtes le sel de la terre et la lumière du monde, autrement dit c’est vous qui avez pour mission de donner le goût et la vision du monde de Dieu. Vous êtes mes témoins pas tant pour vous que pour la terre et pour le monde.

Le sel met en valeur la saveur des aliments et la lumière permet de voir la beauté du monde. En les désignant comme sel et lumière Jésus confie à ses auditeurs d’être eux-mêmes les révélateurs et témoins que la vie avec Dieu nourrit et éclaire la vie des hommes. C’est le regard d’amour de Dieu qui nous fait voir la beauté de celles et ceux qui nous sont donnés à aimer et à être aimés.

Selon la même image les premiers chrétiens avaient adopté la lune comme symbole qui les faisaient reconnaître. En effet, la lune éclatante dans nos nuits ne brille pas par elle-même. Mais parce qu’elle absorbe la lumière du soleil elle lui donne de rayonner jusqu’à nous même dans la nuit. Comme chrétiens nous ne sommes pas nous-mêmes la source de la lumière mais si nous la recevons vraiment, alors la parole de Dieu nous pouvons en rayonner autour de nous.

«Être sel et lumière c’est avoir l’humilité de se laisser remplir par Dieu parce que nous ne sommes pas pleins de nous-mêmes.»

Nous croyons que c’est Jésus lui-même qui est la lumière du monde. L’évangile de Jean (8,12) et plus près de nous le Concile Vatican II (lumen gentium) nous le désignent ainsi. Mais cette lumière se perd si elle n’a rien à éclairer. Portant le même nom que lui, les chrétiens sont ces relais par lesquels la lumière se reflète jusqu’au bout du monde.

C’est en étant acteurs des Béatitudes sur le chemin que Jésus lui-même nous trace que nous pouvons goûter et faire goûter au vrai bonheur. A celui qui ose dire la faim, la soif, le désir pour se laisser remplir de la joie d’être rassasiés, rafraîchis et comblés par l’amour de l’autre. Être sel et lumière c’est avoir l’humilité de se laisser remplir par Dieu parce que nous ne sommes pas pleins de nous-mêmes.

On ne peut pas se passer de l’amour de Dieu si nous voulons vivre à son image. Et c’est bien parce que nous le recevons que nous pouvons le donner. C’est par l’amour que nous avons les uns pour les autres que Dieu se fait voir là où nous vivons.

Nous observons que Jésus ne nomme personne individuellement comme sel ou lumière. C’est collectivement qu’il nous nomme responsables de donner du goût et de donner à voir ce qui est beau et ce qui est bon pour le monde. La vie chrétienne n’est pas une course solitaire, elle ne peut être gagnée que si nous sommes unis en communauté. Elle ne nous tourne par sur nous-mêmes mais elle nous donne à nos sœurs et frères humains!

Philippe Matthey | Vendredi 3 février 2023


Mt 5, 13-16

En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
    « Vous êtes le sel de la terre.
Mais si le sel devient fade,
comment lui rendre de la saveur ?
Il ne vaut plus rien :
on le jette dehors et il est piétiné par les gens.

    Vous êtes la lumière du monde.
Une ville située sur une montagne
ne peut être cachée.
    Et l’on n’allume pas une lampe
pour la mettre sous le boisseau ;
on la met sur le lampadaire,
et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison.
    De même, que votre lumière brille devant les hommes :
alors, voyant ce que vous faites de bien,
ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux. »

Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée | Duccio di Buoninsegna vers 1308. Wikimedia Commons
3 février 2023 | 17:00
par Philippe Matthey
Temps de lecture : env. 3  min.
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