Chantal Reynier

Evangile de dimanche: L’unique point de convergence

Ici, tout est manque: manque de nourriture, manque de repos, manque de berger. Les apôtres se sont tellement donnés à leur mission qu’ils n’ont plus de temps pour eux, même pour les besoins les plus vitaux, comme l’acte de se nourrir. Ils reviennent vers celui qui les a envoyés et qui est leur centre, Jésus. Ils lui rendent compte de ce qu’ils ont enseigné – ce qui est inattendu car, dans l’Evangile, habituellement c’est Jésus qui enseigne. Ce n’est pas eux qui ont eu l’initiative de la mission. Ils ont été envoyés. On ne peut être envoyé au loin, sans revenir à l’Auteur de l’envoi et à l’origine de la mission. En les accueillant, Jésus ne leur fait pas la morale, il n’amende pas leur rapport et ne distribue ni récompenses ni réprimandes. D’abord, il prend soin d’eux. Il leur propose un espace de repos – et non de loisir.

Jésus connaît nos manques et vient les combler.

Une nouvelle fois, les disciples doivent se déplacer car le repos nécessaire ne se trouve qu’à la suite de Jésus. Il faut partir, quitter la terre ferme, prendre la barque, se risquer sur l’eau, se diriger vers un endroit, désert – non pas vide de tout – mais rempli de la seule présence de Jésus qui est le point de convergence de toute quête de vie. Et voilà que Jésus est mis en échec par la foule qui, elle aussi, le cherche. A sa manière, elle prend les moyens pour le retrouver. Elle réussit, même à pied, à devancer la barque qui file le long de la rive.

Parvenus à l’endroit fixé par Jésus, les disciples sont éclipsés par la foule. Jésus est bouleversé dans ses entrailles par cette foule dont il voit les besoins sans qu’elle les exprime. Brebis sans berger, comme le peuple d’Israël qui, à plusieurs moments de son histoire, souffre de n’être pas dirigé ou d’être mal dirigé ou encore d’être abandonné par ses chefs.

Tout se passe comme si les apôtres, tout en ayant rencontré un réel succès au cours de leur première mission, n’étaient pas parvenus à rassembler ces hommes et ces femmes auprès desquels ils se sont dépensés sans compter. Seul Jésus, par sa présence et son enseignement, a la capacité de nourrir et de rassembler, de prendre soin et de pacifier, de conduire et d’apaiser, selon ce qu’annonçait le prophète Jérémie. Seul Seigneur d’un unique troupeau, Jésus connaît nos manques et vient les combler. Seul, parce qu’il donne sa vie, il a la capacité de rassembler en sa personne toute l’humanité, quelle que soit sa diversité, ses réussites ou ses échecs, ses aspirations déçues ou les antagonismes qui la divisent. Cette humanité rassemblée par l’amour de l’unique berger constitue – comme le rappelle la deuxième lecture – son propre «corps», à savoir l’Eglise, qui, aujourd’hui, est appelée à se laisser saisir, à son tour, par la compassion de Jésus et aller au-devant de ceux et celles qui sont «proches» comme de ceux et celles qui sont «loin».

Chantal Reynier | 20.07.2018


Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
Mc 6, 30-34

En ce temps-là,
après leur première mission,
les Apôtres se réunirent auprès de Jésus,
et lui annoncèrent tout ce qu’ils avaient fait et enseigné.
Il leur dit :
« Venez à l’écart dans un endroit désert,
et reposez-vous un peu. »
De fait, ceux qui arrivaient et ceux qui partaient étaient nombreux,
et l’on n’avait même pas le temps de manger.
Alors, ils partirent en barque
pour un endroit désert, à l’écart.
Les gens les virent s’éloigner,
et beaucoup comprirent leur intention.
Alors, à pied, de toutes les villes,
ils coururent là-bas
et arrivèrent avant eux.
En débarquant, Jésus vit une grande foule.
Il fut saisi de compassion envers eux,
parce qu’ils étaient comme des brebis sans berger.
Alors, il se mit à les enseigner longuement.

Jésus propose à ses disciples un «espace de repos» | © Pixabay
20 juillet 2018 | 15:51
par Chantal Reynier
Temps de lecture: env. 3 min.
repos (3), spiritualité (114)
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