Michel Fontaine

Évangile de Dimanche: «pour retrouver ses racines...»

Jésus est au Cénacle avec ses apôtres. C’est la fin de la soirée. Dans peu de temps, il va partir au Jardin des Oliviers. Dans peu de temps l’un des siens va le trahir… et voilà qu’il veut marquer la fin de sa route avec eux, en leur laissant des paroles qu’ils ont du mal à comprendre. Comme nous encore aujourd’hui : «… qu’ils soient un comme nous, nous sommes un…».

En quelques mots, ces paroles viennent ressaisir tout le chemin de notre humanité. Rappelez-vous la Genèse: «Faisons les humains à notre image, selon notre ressemblance…».  Cet appel aujourd’hui à l’unité, non pas à l’uniformité, nous renvoie à qui nous sommes profondément. Dans ces paroles se trouvent nos racines.

Mais avouons-le, qu’en est-il de l’unité dans le monde? Nous avons le sentiment d’une grande utopie qui a du mal à atterrir dans le quotidien de nos existences… églises, nations, religions, familles, communautés, paroisses… Certains ne se privent pas de nous le rappeler: elle est encore lointaine, peu accessible et improbable à court terme ! Les actualités de ces dernières années en sont un triste exemple.

«L’évangile de Jean nous invite à retrouver nos racines: l’unité existe déjà en Dieu»

Alors, que penser ? C’est là que l’évangile de Jean nous invite à retrouver nos racines. Il parle de l’unité comme la situant comme une promesse, une certitude, une espérance. L’unité existe déjà en Dieu comme nous-même nous existons en Lui. C’est bien ce que Jésus nous dit.

Oui, Jésus avant de mourir, avant d’être trahi, c’est-à-dire avant de vivre lui-même dans son être profond, le scandale de la désunion, voilà qu’il nous offre son intimité, sa réciprocité d’amour du Père et du Fils, comme un espace où Dieu nous accueille pour y vivre notre unité fraternelle d’hommes et de femmes de bonne volonté: «qu’ils soient un en nous».

«Nous habitons déjà ensemble dans l’amour de Dieu»

La parole d’aujourd’hui vient nous rappeler que nous habitons déjà ensemble dans l’amour de Dieu. Cela change considérablement notre regard sur l’unité que nous recherchons, dans nos familles, nos couples, nos communautés, nos églises, nos nations…Il s’agit d’un renversement fondamental.

Bien sûr, ce n’est pas évident, car il nous faut vouloir rejoindre Celui qui déjà nous fait habiter avec lui. Cela demande de l’effort, une conversion du regard, un travail intérieur pour réentendre l’invitation inlassable qui nous est faite… Le témoignage des Chrétiens est ici tout particulièrement convoqué!

«Nous ne sommes pas seuls… Dieu connaît nos chemins de traverses»

Mais rassurons-nous, nous ne sommes pas seuls. Dieu connaît nos chemins de traverses et Jésus nous le redit aujourd’hui: il vient vivre en nous son unité, celle qu’il vit avec son Père unit à l’Esprit: «Que tous ils soient un comme nous sommes un, moi en eux et toi en moi».

Le don qui nous est fait est inouï: le Père et le Fils, unis par l’Esprit-Saint, viennent vivre leur amour dans ce «profond nous-mêmes» que nous n’atteignons jamais et que nous appelons notre âme.

Aujourd’hui, le Christ vient s’offrir par le signe du pain partagé, pour nous faire passer, chacun, chacune à l’amour du Père qui est toute Sa vie. En cela, il nous inscrit déjà dans un chemin où l’unité est promesse, certitude et espérance… car avec Dieu, il n’est jamais trop tard pour commencer…

Frère Michel Fontaine OP | Vendredi 30 mai 2025


Jn 21, 1-19

En ce temps-là,
les yeux levés au ciel, Jésus priait ainsi :
« Père saint,
je ne prie pas seulement pour ceux qui sont là,
mais encore pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi.
Que tous soient un,
comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi.
Qu’ils soient un en nous, eux aussi,
pour que le monde croie que tu m’as envoyé.
Et moi, je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée,
pour qu’ils soient un comme nous sommes UN :
moi en eux, et toi en moi.
Qu’ils deviennent ainsi parfaitement un,
afin que le monde sache que tu m’as envoyé,
et que tu les as aimés comme tu m’as aimé.
Père,
ceux que tu m’as donnés,
je veux que là où je suis,
ils soient eux aussi avec moi,
et qu’ils contemplent ma gloire,
celle que tu m’as donnée
parce que tu m’as aimé avant la fondation du monde.
Père juste,
le monde ne t’a pas connu,
mais moi je t’ai connu,
et ceux-ci ont reconnu
que tu m’as envoyé.
Je leur ai fait connaître ton nom,
et je le ferai connaître,
pour que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux,
et que moi aussi, je sois en eux. »

«Et moi, je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, pour qu’ils soient un comme nous sommes UN : moi en eux, et toi en moi.» | © Evangile et peinture
30 mai 2025 | 17:00
par Michel Fontaine
Temps de lecture : env. 3  min.
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