Sœur Véronique

Evangile de dimanche: un tout petit «Oui»… si grand!

Combien de «Oui» prononçons-nous dans une journée? Tous n’ont pas le même poids ni la même couleur. Le récit de l’Annonciation que l’Eglise nous propose en ce 4ème dimanche de l’Avent, est l’histoire d’un oui, passé inaperçu et cependant source de notre «re-création». Mais…

Fallait-il vraiment dépêcher un ange pour annoncer à une jeune fille, future épouse, qu’elle allait concevoir et enfanter un fils? Rien d’extraordinaire dans cette cascade de verbes, tous au futur. Il suffisait d’attendre le mariage avec Joseph… Marie aurait-elle dû tomber à genoux, joindre dévotement les mains et, les yeux baissés, prononcer un «Fiat» obéissant plein d’humilité? Et l’histoire était terminée.

Mais il y avait cette salutation troublante, bouleversante même: «Je te salue, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi». Or Marie n’est qu’une jeune fille quelconque, habitant une bourgade méconnue et fiancée à un homme dont on ne sait même pas le métier. Aucun éloge ni pour l’un ni pour l’autre! L’ange est allé vers l’insignifiance et c’est dans cette banalité du quotidien que vient surgir l’imprévu!

«L’ange est allé vers l’insignifiance et c’est dans cette banalité du quotidien que vient surgir l’imprévu!»

Lorsque nous prions notre chapelet, nous aimons dire: «Réjouis-toi Marie…» et c’est bien de joie qu’il s’agit puisque «le Seigneur est avec toi», Marie. C’est une promesse de bonheur que l’ange apporte en entrant chez elle, déjà il annonce le Dieu avec nous, l’Emmanuel. Ce bonheur aura le visage d’un Enfant porteur de noms multiples puisque Marie doit l’appeler Jésus, mais il sera aussi appelé Fils du Très-Haut et Fils de Dieu. La coutume voulait pourtant que ce soit le père qui choisisse le nom des enfants; faut-il voir ici l’amorce de la notion d’absence d’une paternité humaine?

Le bouleversement qui agite le cœur de Marie ne l’empêche pas de réfléchir! Comme toutes les jeunes filles juives, elle rêve de devenir la mère du Messie, d’être l’élue parmi le peuple élu. Et c’est bien cela que lui apprend l’ange Gabriel: «Tu as trouvé grâce auprès de Dieu».

Tout se bouscule en sa tête et en son cœur. Une sainte impatience la saisit. Le plus beau des rêves, s’il est pour demain, reste un rêve. Marie le veut tout de suite cet enfant! L’ange a parlé au futur, Marie vit dans le réalisme de son aujourd’hui: je ne connais pas d’homme. «L’Esprit Saint viendra sur toi et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre».

«Marie croit en la possibilité de l’impossible.»

C’est comme si la question de Marie qui déjà reflète sa joyeuse adhésion, obligeait l’ange à préciser le plan de Dieu. Il va même jusqu’à donner un signe… que Marie ne demande pas. Elle croit. D’une foi confiante et vive. Toute prise déjà dans sa mission de Mère: «que tout m’advienne selon ta parole».

Marie croit en la possibilité de l’impossible. Quelle invitation pour chacun, chacune de nous, à vivre avec audace sans repli sur soi, le regard poser sur Dieu qui nous envoie son Fils, l’Emmanuel. A nous de faire de notre cœur, une crèche où il puisse reposer.

A l’approche de Noël, laissons-nous entraîner par Marie sur un chemin d’abandon, à l’écoute de la Parole de Dieu faite chair. Parsemons notre chemin jusqu’à la crèche par des petits oui généreux, cachés, qui seront grands aux yeux de Dieu. Alors la joie sera au rendez-vous!

Sœur Véronique | Vendredi 18 décembre 2020


Lc 1, 26-38

En ce temps-là,
l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu
dans une ville de Galilée, appelée Nazareth,
à une jeune fille vierge,
accordée en mariage à un homme de la maison de David,
appelé Joseph ;
et le nom de la jeune fille était Marie.
L’ange entra chez elle et dit :
« Je te salue, Comblée-de-grâce,
le Seigneur est avec toi. »
À cette parole, elle fut toute bouleversée,
et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation.
L’ange lui dit alors :
« Sois sans crainte, Marie,
car tu as trouvé grâce auprès de Dieu.
Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ;
tu lui donneras le nom de Jésus.
Il sera grand,
il sera appelé Fils du Très-Haut ;
le Seigneur Dieu
lui donnera le trône de David son père ;
il régnera pour toujours sur la maison de Jacob,
et son règne n’aura pas de fin. »
Marie dit à l’ange :
« Comment cela va-t-il se faire,
puisque je ne connais pas d’homme ? »
L’ange lui répondit :
« L’Esprit Saint viendra sur toi,
et la puissance du Très-Haut
te prendra sous son ombre ;
c’est pourquoi celui qui va naître sera saint,
il sera appelé Fils de Dieu.
Or voici que, dans sa vieillesse, Élisabeth, ta parente,
a conçu, elle aussi, un fils
et en est à son sixième mois,
alors qu’on l’appelait la femme stérile.
Car rien n’est impossible à Dieu. »
Marie dit alors :
« Voici la servante du Seigneur ;
que tout m’advienne selon ta parole. »

Alors l’ange la quitta.

«L'annonciation», tempera sur bois. Par Fra Angelico, vers 1425 | Domaine public
18 décembre 2020 | 17:00
par Sœur Véronique
Temps de lecture: env. 3 min.
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