Jérôme Jean Hauswirth

La femme adultère

Comme le disait le père Guy Gilbert, le plus grand miracle de Jésus, le vrai miracle, c’est quand le Christ restaure les gens en leur faisant confiance. C’est là la clef de sa puissance. Son regard d’amour qui met la confiance dans le cœur des gens. 5e dimanche Carême C (Jn 8, 1-11)

 

C’est le matin. Jésus est assis, dans la cour du temple. Il y a foule. Et tout à coup voilà un groupe de scribes et de pharisiens qui arrivent, entraînant une femme, sûrement très effrayée.

On a trouvé cette femme mariée, chez un homme autre que son mari. Elle mérite donc la mort par lapidation, comme l’indique la loi de Moïse (Lv 20, 10). «Si l’on prend sur le fait un homme couchant avec une femme mariée, tous deux mourront: l’homme qui a couché avec la femme et la femme elle-même» (Dt 22, 22).

Moïse a raison, l’adultère est une faute très grave, elle est une infidélité au mariage, une blessure profonde de la relation; une société ne peut accepter ce genre de pratique. L’unité de la famille, la fidélité et l’indissolubilité du mariage sont en jeu. L’Amour doit être sauvé de ses inconstances! Et la Loi est gardienne de cela. J’ai une pensée pour les couples qui ont duré, qui ont pardonné. Je pense aussi à tous ceux qui n’ont pas réussi, ceux qui ont subi l’infidélité de leur conjoint.

 

Et voilà qu’on interroge Jésus pour le piéger: «et toi, qu’en dis-tu?» L’alternative semble sans issue, ou bien Jésus condamne cette femme adultère perdant alors sa réputation de miséricorde, ou bien Jésus acquitte cette pécheresse, mais alors il transgresse la Loi de Moïse et risque la mort pour blasphème. Vous entendez comme derrière le procès de cette femme, c’est celui de Jésus qui déjà commence.

Que va-t-il dire? Il paraît dans une impasse. Comment s’en sortir ?

La première réponse de Jésus est remarquable… C’EST LE SILENCE!? Quelle extraordinaire réponse, Jésus dessine sur le sol! Avant que ne tombe le jugement, Jésus, par son silence, donne comme un espace dans lequel le pécheur et l’accusateur peuvent se raviser, se convertir, réviser leur propos, corriger leur attitude. Le silence de Jésus n’est pas la preuve de son absence, mais celle de sa patience. C’est fondamental. La patience authentifie la qualité de l’amour, pas d’amour vrai sans elle!

Puis suit une parole extraordinaire, une fulgurance de lumière, une de ces paroles qu’il suffit d’entendre une fois pour la retenir à jamais: «CELUI D’ENTRE VOUS QUI EST SANS PECHE QU’IL SOIT LE PREMIER A LUI JETER LA PIERRE».

C’est encore une fois tout à fait extraordinaire. Jésus ne s’est pas laissé enfermer dans le dilemme! Il renvoie les accusateurs à leur conscience. Cela ne sert à rien de se choquer du mal, si nous ne commençons pas par réaliser que nous sommes pécheurs, complices de ce mal. Le Père Verlinde écrivait en ce sens «qu’avant de pouvoir confesser mon péché, avant même de pouvoir en prendre conscience, j’ai d’abord à recevoir une profonde guérison intérieure par rapport à toute la négativité que j’ai accumulée suite aux échecs, aux humiliations, aux trahisons subies dans ma vie, et qui m’empêchent de m’ouvrir à l’amour ».

Cette parole de Jésus fut précédée de silence, nous l’avons dit. Et de même un silence lui succède. Un silence avant et un silence après.

C’est comme une enveloppe de silence entourant la Parole, toujours comme un espace donné et redonné dans lequel le pécheur et l’accusateur peuvent se raviser, se convertir, revenir sur leurs propos, revenir sur leurs attitudes. C’est magnifique comme Jésus, avec délicatesse, ne se lasse pas de nous donner l’espace pour nous convertir!

Et les accusateurs s’en vont… en commençant par les anciens. voilà que Jésus est seul avec la femme adultère en face de lui. Saint Augustin décrit d’une magnifique façon ce face à face: «Restent deux personnages: la Misère et la Miséricorde».

Jésus commence par lui rendre la parole «Femme, où sont-il donc? Alors, personne ne t’a condamnée?». «Personne, Seigneur». Déjà, par ces paroles de Jésus, la femme n’est plus réduite à un objet de plaisir, de législation ou de cruauté, mais elle redevient un sujet en relation.

«Moi non plus, dit Jésus, je ne te condamne pas.»

Entendez comme la miséricorde libère la pécheresse de sa condamnation. La loi elle-même ne la tient donc plus en otage. Le père Guy Gilbert disait que le plus grand miracle de Jésus, le vrai miracle, c’est quand le Christ restaure les gens en leur faisant confiance. C’est là la clef de sa puissance. Son regard d’amour qui met la confiance dans le cœur des gens.

 

Mais il reste encore à cette femme à se libérer de l’esclavage… de son désir. Alors Jésus de lui dire, et c’est un commandement: «Va, et désormais ne pèche plus». i.e. Femme ne soit plus l’otage de ton plaisir. Deviens libre. Jésus l’appelle clairement à une libération de son propre désir, un désir impur. Entendez comme le Christ est ainsi un don extraordinaire de liberté pour ceux qui l’accueillent!

Cette Parole de Jésus est une merveille : « Va, et désormais ne pèche plus ». Car le Seigneur a condamné, lui aussi, mais le péché, et non le pécheur. Le Seigneur condamne le péché, mais il aime le pécheur. Il veut le sauver le pécheur, le relever, lui rendre sa dignité.

Entendez la bonne nouvelle! De même que le Père aime d’un amour gratuit, de même le Fils nous aime d’un amour gratuit, sans autre raison que de nous aimer. De même que le père du fils prodigue l’a engendré à nouveau dans la dignité de fils en lui donnant son pardon, de même Jésus restaure ce qui est blessé, sauve ce qui est perdu en donnant sa confiance au pécheur.

Quelle est belle la pédagogie de Dieu! Il ne nous aime pas parce que nous sommes meilleurs que les autres, ou à cause de nos mérites, ou même parce que nous sommes pécheurs, mais il nous aime gratuitement, sans autre raison que l’Amour.

Dieu nous aime parce qu’il a confiance en nous! Dieu croit en l’homme!!! Dieu pose en Jésus un regard d’amour sur notre misère pour nous restaurer. Ce regard d’amour est le plus grand et le plus beau des miracles!

Ainsi le message central de cet évangile est-il le même que celui de dimanche dernier:
C’est d’un Amour gratuit, inconditionnel que nous sommes aimés par Dieu le Père
C’est d’un Amour gratuit et inconditionnel que nous sommes aimés par Dieu le Fils.
Parce que le père et le fils, le même amour se donne sans mesure.

En cette fin de Carême, voilà que cette page d’évangile nous donne une bonne raison de recevoir le signe sensible et efficace de l’amour miséricordieux.

Oui qu’il est doux d’entendre de la bouche d’un prêtre ces mots mêmes de Jésus: «Je ne te condamne pas. Va, et désormais, ne pèche plus». « et moi, je te pardonne tous tes péchés, au nom du Père, et du Fils, et du Saint Esprit.

Que chacun d’entre-nous se sente invité, personnellement, à recevoir le sacrement du pardon de Dieu.

Merci Seigneur pour ton amour gratuit,
Merci Seigneur pour ton pardon toujours offert,
Merci Seigneur de nous offrir un nouveau départ, sur la route qui nous mène à Toi.

Amen.

Père Jérôme Jean

14 mars 2013 | 14:28
par Jérôme Jean Hauswirth
Temps de lecture : env. 5  min.
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