
La folie des grandeurs et le désir de puissance
Dans l’évangile de ce jour, nous sommes encore sur la route de Jérusalem. Jésus va donner sa vie. Il a annoncé sa Passion. Jésus va être livré, les siens se moqueront de lui, ils lui cracheront au visage, ils le flagelleront et enfin ils le tuerons. L’innocent va être tué, livré pour sauver les coupables.
Et voilà qu’au moment même où Jésus va prendre la dernière place, la toute dernière, celle du serviteur souffrant, eh bien voilà qu’on se bouscule autour de Lui pour hériter de la première place.
Après le jugement sur l’argent dimanche dernier, l’évangile de ce dimanche nous fait connaître le jugement du Christ sur une autre des grandes idoles du monde: le pouvoir.
«Accorde nous de siéger, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ta gloire».
Relevons ici le paradoxe: Les deux disciples sont à l’opposé de leur maître. Ils cherchent le pouvoir, l’autorité, la puissance… être des maîtres, alors que Jésus, à ce même moment, est en train de s’abaisser, de donner librement sa vie par amour en se faisant serviteur.
Les disciples cherchent à s’élever et Jésus, lui, est en train de s’abaisser.
Vous entendez comme les disciples sont très loin de leur maître car ils n’ont pas compris où est la gloire de Jésus.
La gloire, l’éclat, le rayonnement de Jésus, ce n’est pas le triomphe d’une volonté toute puissante qui s’impose aux méchants et les oblige à se convertir.
LA SPLENDEUR DE LA MANIFESTATION DIVINE EN JESUS C’EST ETONNAMMENT LE DON QU’IL FAIT DE LUI-MEME SUR LA CROIX.
«Accorde-nous de siéger, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ta gloire».
Si l’on veut siéger avec Jésus, c’est possible, mais le chemin n’est pas celui que l’on imagine.
Siéger avec Jésus dans sa gloire, c’est être crucifié avec Lui au Calvaire.
Siéger avec Jésus dans la gloire, c’est donner sa vie, comme Jésus, par amour.
Siéger avec Jésus, c’est désirer la condition souffrante du maître:
«Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il renonce à lui-même et prenne sa croix, et qu’il me suive» (8, 24).
Et très concrètement, qu’est ce que cela veut dire?
«Celui qui veut devenir grand sera votre serviteur; celui qui veut être le premier sera le serviteur de tous». Il ne s’agit pas seulement là d’une loi parmi d’autres,
comme d’une option facultative. Non, car il s’agit là de la constitution même de l’Eglise, de la communauté des disciples: CHACUN EST APPELE A ETRE LE SERVITEUR DE TOUS. C’est cela vivre en chrétien. Vouloir vivre comme serviteur, au service des autres.
C’est-à-dire que chacun devrait avoir le souci que tous aient une place, que chacun se sente bien et puisse développer harmonieusement ses qualités.
Le chrétien, quand il est saint, désir avoir la dernière place, pour rendre le service que personne ne veut rendre, pour faire ce qui n’est pas brillant aux yeux du monde. Le disciple de Jésus, c’est celui qui se réjouit de mettre ses dons et ses qualités au service des autres.
Car les dons que j’ai reçus de Dieu, ne sont pas ma propriété exclusive. Non, les qualités n’ont de sens que si elles sont mises au service de tous, et particulièrement des plus pauvres.
C’est quand je mets mes qualités au service des plus pauvres que je suis le plus riche. C’est quand je mets mes qualités au service des puissants et de moi-même
que je suis le plus pauvre.
Qu’oppose l’Evangile, au pouvoir?… Le service! Un pouvoir pour les autres et non pas sur les autres.
Dans notre Eglise, on ne parle jamais de chef, mais de ministre, ce qui veut dire littéralement de serviteur. L’évêque devrait ainsi être le serviteur du peuple de Dieu. ET LE PAPE EST APPELE LE «SERVITEUR DES SERVITEURS».
A la suite du Fils de l’homme qui n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie.
DIEU FAIT HOMME EN JESUS-CHRIST EST LE MODELE DE NOTRE ACTION. La raison fondamentale de cette volonté de service dans la vie de l’Eglise, c’est que nous devons imiter Jésus en TOUT.
Ainsi nous avons à suivre Jésus sur le chemin humiliant de croix… pour participer à la gloire de Dieu.
Personne ne fera l’économie de la croix. C’est assez étonnant et surtout très beau!
Prendrons-nous au sérieux l’invitation de Jésus?
Ne faisons pas l’examen de conscience des autres!
Mais demandons-nous en vérité: qui ai-je tendance à dominer, écraser ou violenter? Qui dois-je aimer, qui dois-je servir durant cette semaine qui commence? Qui ai-je de la peine à aimer, à servir?
Seigneur Jésus, tu es le fils de Dieu.
Tu es le plus grand, et pourtant tu t’es fait serviteur.
Tu t’es abaissé.
Pour nous enseigner que le propre de l’amour, c’est justement de s’abaisser.
Aide-nous à connaître et développer nos qualités.
Apprends-nous à mettre ces qualités au service de tous,
avec une préférence pour le plus faible.
Alors Seigneur nous serons vraiment humbles, et là sera notre grandeur.
Amen.
Père Jérôme Jean
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