
La musique des JMJ
Avant les Journées mondiales de la Jeunesse de Madrid, j’ai cherché, dans l’article concernant Tomás Luis de Victoria, à montrer que l’Espagne possède une riche tradition musicale et artistique. Restait une inconnue: cette culture musicale allait-elle transparaître lors des JMJ? Certains chants sont certes repris régulièrement dans les groupes et lors des catéchèses. Ce sont, bien souvent des chants rythmés composés au sein de communautés nouvelles, fondés sur les musiques dites actuelles qu’écoutent beaucoup de jeunes.
Pourtant, d’une JMJ à l’autre, la musique employée lors des liturgies d’ensemble diffère. Parfois, on a un choix tendant plus vers le rock ou la pop, alors que l’on reste d’autres fois dans un cadre plus classique. C’est cette dernière situation qui a prévalu à Madrid. Il suffit, pour s’en convaincre, de consulter l’agenda culturel et liturgique reçu par chaque pèlerin. On y apprend que, pour la première fois dans l’histoire des JMJ, un chœur et un orchestre symphonique ont été créés spécialement pour l’occasion. Formés de musiciens de toutes l’Espagne, les deux ensembles ont pu sélectionner leurs membres parmi sept cents candidats. Sous la baguette de Borja Quintas, et sous la direction chorale de Marina Makhmoutova, l’orchestre symphonique et chœur de la JMJ s’est notamment produit lors de la messe d’ouverture, la cérémonie d’accueil du pape, le chemin de croix, la veillée et la messe d’envoi. Nous avons ainsi pu entendre, à la messe du dimanche, un ordinaire de messe (Kyrie, Gloria, Alléluia, Sanctus, Agnus) composé par une équipe de jeunes compositeurs, dans un style mêlant quelques harmonies contemporaines avec un style évoquant la musique de film. Les œuvres classiques n’étaient pas en reste, avec, par exemple, le célèbre Hallelujah du Messie de Handel à la fin de la cérémonie d’accueil du pape, le O vos omnes de Victoria lors du chemin de croix, ou encore l’Ave Verum de Mozart lors de l’adoration durant la veillée du samedi soir. Relevons encore l’emploi assez large du chant grégorien, avec notamment le Salve Regina ou le Pater noster en plain-chant.
Par ailleurs, chaque JMJ possède son hymne officielle. Cette année, cette dernière a été quelque peu critiquée pour ce que l’on a qualifié de manque d’entrain. Pourtant, cette pièce, intitulée «Firmes en la Fe», me semble avoir des qualités importantes pour une telle composition. A Cologne, par exemple, l’hymne «Venimus adorare eum» était rapide et difficilement chantable pour une assemblée, surtout en ce qui concerne les versets. «Firmes en la Fe», composée par le prêtre Enrique Vázquez Castro sur un texte de Mgr César Franco Martínez, présente l’avantage indéniable d’avoir une mélodie simple, dont le rythme clair n’empêche pas la participation de l’assemblée, élément primordial lorsque cette dernière compte un millions et demi de fidèles… Sans être forcément le chef-d’œuvre absolu, l’hymne de ces JMJ, dont il existe des versions classiques autant bien que pop, est à mon sens une composition honnête et plaisante, qui remplit fort bien sa fonction de chant de masse.
En résumé, même si ce propos n’engage que moi, ces JMJ ont montré qu’il pouvait y en avoir pour tous les goûts. Entre les chants plus charismatiques d’une part et les œuvres plus classiques lors des grandes célébrations d’autre part, il y a eu un éclectisme très équilibré. Ce fait est d’autant plus réjouissant qu’il montre qu’un rassemblement de jeunes peut également laisser sa place à la musique classique et aux orchestres, et que les générations qui y participent peuvent également apprécier une musique classique que l’on présente trop souvent comme vieillie…
A voir :
La présentation de l’Orchestre et Chœur des JMJ
L’hymne de JMJ dans sa version classique avec orgue
L’hymne des JMJ dans sa version pop
L’hymne des JMJ dans sa version orchestrale
L’Hallelujah de Handel en contexte
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