Michel Fontaine

La porte étroite… Là où Dieu ne nous abandonne jamais!

Comment comprendre cette parabole dite de la «porte étroite»? Certains en résume le sens par ce proverbe: «Qui aime bien, châtie bien» et ne vont pas plus loin… Dommage, car la Parole de Dieu, même déconcertante, nous ouvre toujours un chemin pour nous faire avancer.

Ceci dit, on est quand même en droit de se poser la question, comment tenir ensemble l’idée d’une Bonne Nouvelle avec un salut pour la multitude et en même temps, annoncer comme un «concours d’entrée», l’admission dans le royaume? Alors, découvrons ensemble ce chemin qui fait avancer et grandir.

Tout d’abord, Jésus est en voyage vers Jérusalem. Il porte en lui, dans ses entrailles, le ce vers quoi il va et ce qu’il va vivre: le temps de la Passion mais aussi celui de la Résurrection… Il est avec ses disciples et ils vont de villages en villages. Il interpelle chacun, chacune sur sa vie de foi et voilà qu’une question lui est posée concernant le Salut «Seigneur, n’y a-t-il que peu de gens qui soient sauvés?»   

Cette question du Salut est centrale dans la vie de celles et ceux qui l’entourent… Mais qu’en est-il aujourd’hui? Cette question nous importe-t-elle? Et bien, creusons la réponse de Jésus. Elle n’est ni conceptuelle, ni descriptive. Elle nous rejoint dans notre humanité.

Il va rappeler deux choses: l’idée que nous sommes sur un chemin et préciser une manière d’être sur ce chemin: «Efforcez-vous…» Le verbe grec ici nous renvoie à l’idée de lutte, de combat. C’est une réalité que nous connaissons déjà dans notre vie. N’est-il pas en train de nous redire le sens profond de notre condition humaine?

«Jésus est donc, au cœur de notre humanité, faite de chair et de sang, lorsqu’il nous dit «Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite…»»

Nous l’oublions souvent… Soyons vrais et directs, notre existence depuis notre conception jusqu’à notre mort n’échappe pas à cette dimension du combat… Sous toutes ses formes. L’actualité éclate de cette réalité dans nos media.

Jésus est donc, au cœur de notre humanité, faite de chair et de sang, lorsqu’il nous dit «Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite…». Il y a là, paradoxalement, toute la grandeur de notre condition humaine.

Et si ce message de Jésus nous apparaît désespérant: «Je n’y arriverai jamais, ce chemin n’est pas pour moi… La barre est trop haute…». En fait, il n’en est rien, car Jésus veut nous faire découvrir que nous sommes déjà sur ce chemin et qu’il est avec nous. Alors cette parole de la porte étroite commence à s’éclairer différemment.

«La porte étroite est donc ce rappel signifiant que nous ne sommes pas seuls sur ce chemin et que ce qui nous paraît impossible ne l’est plus.»

La «porte étroite» n’est pas pour limiter l’accès au royaume en le réservant au plus méritant qui font des efforts. La porte étroite est là pour nous rappeler, qu’elles que soient nos limites et nos fragilités, qu’il nous faut nous en remettre à Dieu en toute chose car tout est possible avec Lui.

La porte étroite est donc ce rappel signifiant que nous ne sommes pas seuls sur ce chemin et que ce qui nous paraît impossible ne l’est plus, de par la reconnaissance de sa Présence. Mais il s’agit bien d’un combat, d’une lutte, d’abord avec nous-même mais aussi avec Dieu. Et cela ne doit pas nous faire peur.

L’Écriture sainte nous en parle depuis notre origine. C’est toute la puissance de la dignité de notre humanité, révélée et sauvée, illustrée, entre autres, dans le combat de Jacob avec l’ange (Gn 32, 24-31). Dieu bénit Jacob au cœur de sa lutte, de sa blessure et ne l’abandonne jamais. Sachons découvrir dans notre vie de foi toujours davantage cette Présence, signe d’une fidélité immuable tout au long de notre chemin de vie.

Michel Fontaine OP | Vendredi 22 août 2025


Lc 13, 22 – 30

En ce temps-là,
    tandis qu’il faisait route vers Jérusalem,
Jésus traversait villes et villages en enseignant.
    Quelqu’un lui demanda :
« Seigneur, n’y a-t-il que peu de gens qui soient sauvés ? »
Jésus leur dit :
    « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite,
car, je vous le déclare,
beaucoup chercheront à entrer
et n’y parviendront pas.
    Lorsque le maître de maison se sera levé
pour fermer la porte,
si vous, du dehors, vous vous mettez à frapper à la porte,
en disant :
›Seigneur, ouvre-nous’,
il vous répondra :
›Je ne sais pas d’où vous êtes.’
    Alors vous vous mettrez à dire :
›Nous avons mangé et bu en ta présence,
et tu as enseigné sur nos places.’
    Il vous répondra :
›Je ne sais pas d’où vous êtes.
Éloignez-vous de moi,
vous tous qui commettez l’injustice.’
    Là, il y aura des pleurs et des grincements de dents,
quand vous verrez Abraham, Isaac et Jacob,
et tous les prophètes
dans le royaume de Dieu,
et que vous-mêmes, vous serez jetés dehors.
    Alors on viendra de l’orient et de l’occident,
du nord et du midi,
prendre place au festin dans le royaume de Dieu.
    Oui, il y a des derniers qui seront premiers,
et des premiers qui seront derniers. »

Comment comprendre cette parabole dite de la «porte étroite»? | © Pixabay
22 août 2025 | 17:00
par Michel Fontaine
Temps de lecture : env. 4  min.
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