
«L’apôtre» de Cheyenne Carron
Chronique cinéma | Akim et son frère Youssef suivent scrupuleusement les obligations de prières quotidiennes et écoutent les prêches de leur oncle Rachid, l’imam du quartier. Ils vivent encore chez leurs parents. Ces derniers, qui pratiquent un islam modéré, laissent leurs fils subir les pressions morales de Rachid. Ainsi lorsque ce dernier leur rend visite, c’est avec une enveloppe de billets destinés à payer le haj (le pèlerinage à la Mecque) d’Akim, en qui il voit un futur imam. Un jour Akim apprend qu’une femme du voisinage a été assassinée par un jeune musulman; la victime vivait avec son frère, un curé qui a choisi de demeurer dans sa paroisse, espérant ainsi aider les parents du meurtrier à vivre. Intrigué, Akim souhaite rencontrer ce prêtre. Malgré l’opposition virulente de Youssef, il s’arrange pour se faire inviter à un baptême. Pendant la célébration, Akim est touché au cœur. Le film suit alors le récit de sa conversion au christianisme…
L’apostat sort de sa communauté religieuse, l’apôtre est envoyé par la sienne. Si l’on s’en tient au récit, L’Apostat aurait été un titre plus adéquat que L’Apôtre, mais il n’aurait pas correspondu au point de vue de Cheyenne Carron: pour la réalisatrice, baptisée cette année, chaque membre de l’Eglise est appelé à vivre une mission apostolique. Carron ne manque pas de courage: elle tourne ses films avec des bouts de ficelle, sans bénéficier des sources de financements habituelles; et pour son cinquième film, elle aborde un sujet ô combien «politiquement incorrect» en France, et particulièrement polémique en ce moment. Son film, réaliste, évite beaucoup d’écueils, en particulier les clichés sociologiques. L’attention se focalise sur les personnages, les plans larges sont rares et les décors peu présents. Le propos est souvent incarné de manière convaincante par les acteurs (pas toujours bien dirigés).
En définitive, L’Apôtre est une bonne surprise. Le fait que la réalisatrice ait été la seule catholique pratiquante de son équipe y est peut-être pour quelque chose. «Avec mes comédiens, j’avais un dialogue parfois franc en leur disant que certaines sourates du Coran me dérangent, car ce sont des appels au meurtre des non-musulmans. Il faut oser le dire.»
Retrouvez également dans la revue choisir du mois de novembre une seconde chronique cinéma de Patrick Bittar sur Paradis(2014) le film d’Alain Cavalier, réalisateur de Pater (2011) et Thérèse (1986).
par Patrick Bittar, Paris, Réalisateur de films, chroniqueur de choisir
THE APOSTLE – English subtitles Trailer – A… von Che-Carr
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