Philippe Aymon

LE BAPTÊME : Deux méditations du pape françois

Mercredi 8 janvier, à l’occasion de la première audience générale de cette nouvelle année, le pape François a commencé une nouvelle série de catéchèse. Au terme des enseignements consacrés au Credo, thème qui avait été choisi par Benoît XVI dans le cadre de l’Année de la Foi et terminé par le pape actuel, le pape François a décidé de traiter des sacrements.
La première méditation sur ce thème était tout naturellement consacrée au baptême. C’est ce même sujet qui a été l’objet de sa prédication du dimanche 12 janvier, fête du Baptême du Seigneur. A l’occasion de cette célébration le pape a baptisé 32 enfants lors d’une messe célébrée dans la chapelle Sixtine du Vatican.
Je vous propose ci-dessous le texte de l’audience et le résumé de la célébration du 12 Janvier.
Abbé Philippe AYMON

1. Catéchèse du pape François à l’audience du 8 janvier

Chers frères et sœurs, bonjour !
Nous commençons aujourd’hui une série de catéchèses sur les sacrements, et la première concerne le baptême. Par une heureuse coïncidence, nous célèbrerons dimanche prochain la fête du baptême du Seigneur.
1 Le baptême est le sacrement sur lequel se fonde notre foi et qui nous greffe, comme membre vivant, sur le Christ et son Église. Avec l’Eucharistie et la Confirmation, il forme ce que l’on appelle « l’initiation chrétienne » : celle-ci est un grand et unique événement sacramentel qui nous configure au Seigneur et fait de nous un signe vivant de sa présence et de son amour.
Mais nous pouvons nous demander : le baptême est-il vraiment nécessaire pour vivre en chrétiens et suivre Jésus ? N’est-ce pas, au fond, simplement un rite, un acte formel de l’Église pour donner un nom au petit garçon ou à la petite fille ? C’est une question qu’on peut se poser. Et ce qu’écrit l’apôtre Paul à ce propos est éclairant : « Ne le savez-vous donc pas : nous tous, qui avons été baptisés en Jésus Christ, c’est dans sa mort que nous avons été baptisés. Si, par le baptême dans sa mort, nous avons été mis au tombeau avec lui, c’est pour que nous menions une vie nouvelle, nous aussi, de même que le Christ, par la toute-puissance du Père, est ressuscité d’entre les morts. » (Rm 6,3-4). Ce n’est donc pas une formalité ! C’est un acte qui touche notre existence en profondeur. Un enfant baptisé ou un enfant qui n’est pas baptisé, ce n’est pas la même chose. Ce n’est pas la même chose, une personne baptisée, ou une personne qui n’est pas baptisée. Par le baptême, nous sommes immergés dans cette inépuisable source de vie qu’est la mort de Jésus, le plus grand acte d’amour de toute l’histoire ; et grâce à cet amour, nous pouvons vivre une vie nouvelle, non plus à la merci du mal, du péché et de la mort, mais dans la communion avec Dieu et avec nos frères.
2 Beaucoup d’entre nous n’ont pas le moindre souvenir de la célébration de ce sacrement, et c’est normal, si nous avons été baptisés peu après notre naissance. J’ai déjà posé cette question deux ou trois fois, ici, sur la place : que ceux d’entre vous qui savent la date de leur baptême lèvent la main. C’est important de connaître le jour où j’ai été immergé dans ce courant de salut de Jésus. Aujourd’hui, chez vous, cherchez, demandez la date de votre baptême et comme cela vous saurez bien quel est le jour si beau de votre baptême. Connaître la date de notre baptême, c’est connaître une date heureuse. Si on ne le sait pas, on risque de perdre la conscience de ce que le Seigneur a fait en nous, du don que nous avons reçu. Nous finissons alors par le considérer seulement comme un événement du passé – et même pas par notre volonté mais par celle de nos parents – et qui n’a donc plus aucune incidence sur le présent. Nous devons réveiller la mémoire de notre baptême. Nous sommes appelés à vivre notre baptême tous les jours, comme une réalité actuelle de notre existence. Si nous réussissons à suivre Jésus et à rester dans l’Église, malgré nos limites et nos fragilités, et nos péchés, c’est précisément grâce au sacrement dans lequel nous sommes devenus de nouvelles créatures et avons été revêtus du Christ. C’est en effet en vertu du baptême que, libérés du péché originel, nous sommes greffés sur la relation de Jésus avec Dieu le Père, que nous sommes porteurs d’une nouvelle espérance, parce que le baptême nous donne cette espérance nouvelle : l’espérance de marcher sur la route du salut, toute notre vie. Et rien ni personne ne peut éteindre cette espérance, parce que l’espérance ne déçoit pas. Souvenez-vous : l’espérance dans le Seigneur ne déçoit jamais. Grâce au baptême, nous sommes capables de pardonner et d’aimer même ceux qui nous offensent et qui nous font du mal, nous parvenons à reconnaître dans les derniers et dans les pauvres le visage du Seigneur qui nous visite et se fait proche. Le baptême nous aide à reconnaître le visage de Jésus dans celui des personnes démunies, des personnes souffrantes, et aussi dans celui de notre prochain. Tout cela est possible grâce à la force du baptême !
3 Un dernier élément important. Je pose la question : est-ce qu’on peut se baptiser soi-même ? Personne ne peut se baptiser soi-même ! Personne. Nous pouvons le demander, le désirer, mais nous avons toujours besoin de quelqu’un qui nous confère ce sacrement au nom du Seigneur Parce que le baptême est un don qui est fait dans un contexte de sollicitude et de partage fraternel. Toujours, dans l’histoire, une personne baptise une autre, une autre, une autre… c’est une chaîne, une chaîne de grâce. Mais, moi, je ne peux pas me baptiser tout seul ; je dois demander le baptême à un autre. C’est un acte fraternel, un acte de filiation vis-à-vis de l’Église. Dans la célébration du baptême, nous pouvons reconnaître les traits les plus authentiques de l’Église qui, comme une mère, continue à engendrer de nouveaux enfants dans le Christ, dans la fécondité de l’Esprit-Saint.
Demandons alors de tout cœur au Seigneur de pouvoir expérimenter toujours davantage, dans notre vie de chaque jour, cette grâce que nous avons reçue par le baptême. Qu’en nous rencontrant, nos frères puissent rencontrer de véritables enfants de Dieu, de véritables frères et sœurs de Jésus-Christ, de véritables membres de l’Église.
Et n’oubliez pas le devoir pour aujourd’hui : chercher, demander la date de votre baptême. De même que je connais la date de ma naissance, je dois connaître aussi la date de mon baptême, parce que c’est un jour de fête.

Paroles du pape après la catéchèse
(aux visiteurs de langue arabe)
Chers frères et sœurs de langue arabe, venus du Moyen-Orient et en particulier de Syrie et d’Irak : l’Église administre les sacrements, mais ce sont les sacrements qui construisent et nourrissent l’Église. Je vous invite, aujourd’hui, à vous souvenir du jour de votre baptême et à le célébrer, puisque par lui nous sommes devenus de nouvelles créatures dans le Christ, temple de l’Esprit, fils adoptifs du Père, membres de l’Église, frères dans la foi et annonciateurs de la Bonne nouvelle, capables de pardonner et d’aimer tout le monde, et même nos ennemis. Que le Seigneur protège votre vie et vous bénisse !
(aux visiteurs de langue italienne)
J’adresse mes vœux cordiaux de sérénité et de paix pour la nouvelle année à tous les pèlerins de langue italienne, présents à cette première audience générale de l’année 2014. Je salue les prêtres de Milan et de Gênes, les Apôtres du Sacré-Cœur de Jésus, les groupes paroissiaux et les associations, en particulier celles qui s’occupent de volontariat et d’aide aux enfants de l’Est, d’Enna et de Modugno. Je souhaite la bienvenue aux artistes du Golden Circus de Liana Orfei – ils ont été bons, félicitations ! – qui privilégient cette année le monde de l’Amérique latine, et je les invite, au cours de leur tournée de ville en ville, à se sentir messagers de la joie, messagers de la fraternité, dans une société qui en a tant besoin. Je salue avec affection les petits malades de l’Institut national pour la recherche et le traitement des tumeurs, de Milan, et je les assure de ma prière afin que le Seigneur soutienne de sa grâce chacun d’eux.
Mes pensées vont enfin aux jeunes, aux personnes malades et aux jeunes mariés. Chers amis, en ces jours qui suivent la fête de l’Épiphanie, nous poursuivons notre méditation sur la manifestation de Jésus à tous les peuples. L’Église vous invite, chers jeunes, spécialement les étudiants de l’Institut de l’évêché de Nola, à être des témoins enthousiastes du Christ parmi vos contemporains ; elle vous exhorte, chers malades, à diffuser chaque jour sa lumière avec sérénité et patience ; et elle vous encourage, chers jeunes mariés, à être, par votre amour fidèle, un signe de sa présence qui renouvelle.
Traduction de Zenit, Hélène Ginabat, © Innovative Media Inc.

 

2. Messe du 12 janvier, résumé de ZENIT

Le pape François demande aux parents qui ont choisi le baptême pour leurs enfants de toujours réfléchir « à comment transmettre la foi aux enfants ».

Comme c’est la tradition depuis 1989, lors de la fête du Baptême du Christ, le pape François a conféré le sacrement du baptême à 32 bébés – 18 filles, 14 garçons – ce dimanche matin, 12 janvier, à 9 h 30, en la chapelle Sixtine : la majorité des parents travaillent au Vatican.

La messe au cœur de la laquelle les baptêmes ont été célébrés a duré près de deux heures : dans son homélie, le pape a encouragé les mamans à leur donner le biberon s’ils avaient faim !

Transmettre la foi aux enfants

Le pape a fait le lien entre le baptême de Jésus et le baptême des petits enfants aujourd’hui : « Jésus, a expliqué le pape, n’avait pas besoin d’être baptisé, mais les premiers théologiens disent que par son corps, par sa divinité, il a béni toutes les eaux, afin que les eaux aient le pouvoir de conférer le baptême. Et avant de monter au Ciel, Jésus nous a dit d’aller dans le monde entier pour baptiser. Et depuis ce jour-là jusqu’à aujourd’hui, la chaîne a été ininterrompue : on a baptisé les enfants, et les enfants des enfants, et les enfants… Et aujourd’hui encore, cette chaîne continue. Ces enfants sont l’anneau d’une chaîne. »

« Vous, les parents, vous avez aujourd’hui un enfant – garçon ou fille – à baptiser, mais dans quelques années, ce seront eux qui auront un enfant à baptiser, un petit-enfant… Il en est ainsi de la chaîne de la foi ! Qu’est-ce que cela signifie ? Je voudrais vous dire une seule chose : vous êtes ceux qui transmettent la foi, les transmetteurs. Vous avez le devoir de transmettre la foi à ces enfants. C’est le plus bel héritage que vous leur laisserez : la foi ! Cela seulement. »

Voilà la recommandation centrale, sur laquelle le pape est revenu aussi au cours de la liturgie : « Aujourd’hui, emportez chez vous cette pensée : nous devons être des transmetteurs de la foi. Réfléchissez à cela. Réfléchissez toujours à comment transmettre la foi aux enfants.»

Le pape s’est interrompu un moment : « Aujourd’hui, le chœur chante, mais le chœur le plus beau, c’est celui des enfants qui font du bruit. Certains vont pleurer, soit parce qu’ils ne sont pas à l’aise, soit parce qu’ils ont faim : s’ils ont faim, vous, les mamans, ne vous en faites pas, donnez-leur à manger, parce que ce sont eux les protagonistes ici ! »

Puis il a repris : « Et maintenant, avec cette conscience d’être des transmetteurs de la foi, continuons la cérémonie du baptême. »

Le pape a lui-même fait le signe de la croix sur chaque enfant avant le baptême et il a lui-même versé l’eau du baptême sur le front des 32 enfants, au Nom de la Sainte Trinité.

Les prénoms plébiscités

Les autres rites, notamment les rites « explicatifs » effectués après le baptême ont été faits par les parents (les papas ont allumé les cierges au cierge pascal, pour signifier le don de la Lumière du Christ aux enfants) ou par des concélébrants (comme l’onction de Saint-Chrême sur le front, la remise du vêtement blanc, l’onction de l’Effata sur les oreilles et la bouche des enfants).

Quels sont les prénoms plébiscités ? Trois petites filles portent le nom du pape (Francesca (2), une Emma-Francesca), un petit garçon porte le nom du Successeur de Pierre (Pietro). Mais les noms restent très variés et assez classiques : Roberto, Davide, Federico, Lorenzo, Gabriel (2), Alessandro, Fabrizio, Mattia(2), Tommaso, Benedetta, Noemi, Giulia, Bianca, Sofia (3), Elisabetta, Samuel. Il y a aussi un moins classique Giordano (comme le fleuve Jourdain), un Oli-José, une Flora, une Aurora, une Ludovica. Et des composés du nom de la Vierge Marie : Angelica-Maria, Maria-Vittoria, Maria-Allegra.

Agence ZENIT,12 janvier 2014,© Innovative Media Inc.

12 janvier 2014 | 13:49
par Philippe Aymon
Temps de lecture: env. 9 min.
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