Le Lavement des pieds

C’EST SEULEMENT DANS LA MESURE OU, SOUVENT, NOUS NOUS LAISSONS LAVER LES PIEDS, NOUS NOUS LAISSONS RENDRE PURS PAR LE SEIGNEUR LUI-MEME, QUE NOUS POUVONS APPRENDRE A FAIRE AVEC LUI CE QU’IL A FAIT. (Jn 13, 1 – 15)

Aujourd’hui est un grand jour. Nous faisons mémoire de deux choses: de L’INSTITUTION DE L’EUCHARISTIE et du Sacerdoce, ainsi que du commandement du Seigneur sur la CHARITE FRATERNELLE.

Ce Jeudi Saint 2013, le Pape a célébré la messe chrismale à la basilique Saint Pierre et la messe de la Cène à la chapelle de l’Institut pénal pour mineurs de Casal del Marmo à Rome. Deux assemblées différentes, pour ce premier jour du Triduum Pascal, les prêtres de son diocèse le matin et, en fin d’après-midi, des jeunes en situation carcérale. Disons-le avec émerveillement! Avec notre pape François nous avons un beau visage de la papauté, un pape simple, accessible, naturel, souriant, rayonnant de charité. Il pose de simples gestes valant plus que de longs discours, comme payer sa note à Ste-Marthe, toucher la foule place St-Pierre, s’étonner de la richesse de ses appartements ou encore aller en prison ce soir.

Je ne suis pas un habitué du magasine Paris-Match, mais j’étais surpris par une belle photo de l’archevêque de Sao Polo (notre pape François), embrassant le pied d’un malade du sida, lors d’une célébration du jeudi saint dans son pays. Et cet homme gravement malade de dire: il m’a rendu, par son geste, ma dignité.

Parlant aux prêtres ce matin, le pape observait qui avaient reçu l’onction, c’est-à-dire le serviteur de Dieu chez Isaïe, le roi David et Jésus, Notre Seigneur. Et François observait ceci: «Les trois ont en commun que l’onction qu’ils reçoivent, est pour oindre le peuple des fidèles de Dieu dont ils sont les serviteurs. Leur onction est pour les pauvres, pour les prisonniers, pour les opprimés… Une très belle image de cet «être pour» du Saint Chrême est celle que nous offre le psaume: «On dirait un baume précieux, un parfum sur la tête, qui descend sur la barbe, la barbe d’Aaron, qui descend sur les bords de son vêtement» (Ps 132 (133), 2). L’image de l’huile se répandant, descendant de la barbe d’Aaron jusqu’à la bordure de ses vêtements sacrés, est l’image de l’onction sacerdotale qui, à travers celui qui est oint, arrive jusqu’aux confins de l’univers représenté par les vêtements».

C’est très beau cette image d’une onction pour les plus pauvres. Ce soir, dans le même sens, la liturgie nous propose de contempler un geste très ancien, celui du LAVEMENT DES PIEDS. Dans l’antiquité, ce geste était réservé aux esclaves. Il est donc tout à fait étonnant de voir le maître, le Fils de Dieu, celui qui est le plus grand agir de la sorte. Le pape Benoît écrivait: Alors qu’Adam avait essayé d’allonger le bras, par ses propres forces, pour toucher le divin, au contraire, Jésus s’abaisse. Il est descendu de sa divinité au point de devenir homme «prenant la condition d’esclave». Si Jésus agit ainsi, c’est parce qu’il est humble, vraiment humble, comme son père nourricier, Joseph, dont nous avons contemplé l’humilité mardi d’avant. Pour les chrétiens, l’humilité est la plus grande des vertus. Elle est le fondement de notre spiritualité.

COMME LA TERRE ATTEND TOUT DU CIEL, L’HUMBLE ATTEND TOUT DE DIEU.
COMME LA TERRE ATTEND TOUT DU CIEL, L’HUMBLE ATTEND TOUT DE DIEU.

L’humble sait que sans Dieu il ne peut rien faire. Jésus est le modèle de l’humilité de par toute sa vie. Il s’est dépouillé de sa splendeur divine, il s’agenouille devant l’homme, il lave et il sèche nos pieds sales pour nous rendre capables de participer au banquet nuptial de Dieu.

Aujourd’hui NOUS CONTEMPLONS LE DIEU QUI SE FAIT HUMBLE SERVITEUR.

Oui, aujourd’hui Dieu se fait serviteur par le geste du lavement des pieds. Ce geste est révélateur son identité. Dieu est Amour et l’Amour est un humble service, un humble don de soi. Et ce geste nous purifie. Comme le dit le texte de l’apocalypse, «ceux qui sont sauvés ont lavé leurs robes et les ont blanchies dans le sang de l’agneau». Cela veut dire que c’est l’Amour de Jésus «jusqu’à la fin» qui nous purifie, qui nous lave.

Le geste du lavement des pieds exprime précisément cela. L’amour serviable de Jésus est ce qui nous fait sortir de notre orgueil et nous rend capables de Dieu, nous rend purs. Car pour entrer en communion avec Dieu, l’homme doit être pur! Il doit être comme ajusté à Dieu. Entendez comme l’initiative est du côté de Dieu, c’est Lui qui purifie!

Constamment l’on se trompe en imaginant à tort que la foi chrétienne est un effort de moral extrême. Comme si les dix commandements ne suffisaient pas, Jésus en ajoute encore deux, l’amour de Dieu et l’amour du prochain. Qui, en vérité, a réussi à s’élever au dessus des dix commandements? Non, non et non! La foi chrétienne n’est pas faite pour une élite capable de prouesses. Elle est pour des pauvres, des faibles, des petits, des hommes et des femmes qui ont conscience de leur misère et qui, justement, font de leur pauvreté le terreau de l’alliance.

En clair, la nouveauté du Christianisme, c’est une Personne qui fait avec nous ce qui est Bien. Autrement dit, C’EST SEULEMENT DANS LA MESURE OU, SOUVENT, NOUS NOUS LAISSONS LAVER LES PIEDS, NOUS NOUS LAISSONS RENDRE PURS PAR LE SEIGNEUR LUI-MEME, QUE NOUS POUVONS APPRENDRE A FAIRE AVEC LUI CE QU’IL A FAIT. C’est le commandement de l’amour de Dieu et du prochain.

Au final, de même que ce geste nous révèle qui est Dieu, de même le sens de notre vie nous est révélé par le service. C’est le don de soi qui me révèle qui je suis. Dans la mesure où je mets ma vie à disposition des autres je prends conscience de ma valeur, de mon identité et de ma vocation.

Seigneur, merci pour l’eucharistie. Merci pour ce trésor où tu te donnes.
Merci de nous avoir lavé les pieds.

Apprends-nous à faire avec toi ce que tu as fait pour nous.
Aide-nous à faire de nos vies un service.
Alors nous aurons répondu à ton appel et nous serons rayonnants de ton amour.
Amen.

Père Jérôme Jean