Les vertus de l'Eglise: La grâce #1
Le synode se termine cette semaine à Rome et tout le monde est dans l’attente de ce qui va en sortir. Le risque est grand de juger uniquement les décisions qui auront été prises. Même si elles ont leur importance, ce qui va être déterminant c’est l’impact du processus synodal sur le visage de l’Église sur les vertus qui en disent la beauté.
Une vertu c’est une qualité qui contribue à l’excellence d’une chose. Pour l’être humain, c’est ce qui fait qu’une personne manifeste la bonté et la beauté de son humanité. Ainsi la justice, le courage, la modération et la sagesse pratique sont considérés comme les vertus principales (vertus cardinales). Mais elles ne sont que les grands axes d’où découlent une quantité d’autres comme l’humilité, la fidélité, l’honnêteté, la capacité de s’indigner, l’humour, etc. En régime chrétien, toutes ces vertus n’acquièrent leur sens profond que si elles se trouvent dans le champ de force des trois grandes excellences du croyant (vertus théologales): la foi, l’espérance et l’amour.
Je me propose dans ce blog et les suivants de visiter quelques-unes des vertus propres à l’Église. Vertus qui disent sa bonté et sa beauté et qui provoquent aussi la joie d’appartenir à la communauté du Corps du Christ. La joie véritable est en effet classiquement un indicateur de la présence des vertus.
Je commencerai en évoquant la grâce. Il peut paraître étonnant d’en faire une vertu. En effet dans son acception théologique le terme signifie premièrement la bienveillance purement gratuite par laquelle Dieu se penche vers les humains et les transforme. Elle est quelque chose que l’on reçoit, comme on le voit exprimé dans les salutations des épîtres de saint Paul: «La grâce et la paix vous soient données de la part de Dieu le Père et du Seigneur Jésus-Christ». Mais la grâce a aussi un autre sens: celui de beauté, d’élégance, de charme ou d’harmonie. On pourrait la différencier de la première acception en parlant de gracieuseté. Il s’agit non plus de ce qu’on reçoit, mais de ce que l’on manifeste, de ce que l’on transmet ou de ce que l’on rayonne.
«La grâce est la première vertu de l’Église parce que celle-ci ne trouve son sens que comme se recevant continuellement du Christ, en étant avec lui comme le corps dont il est la tête.»
Si on relie les deux significations, la grâce-beauté devient ce que celui ou celle qui reçoit la grâce-don peut montrer de ses effets. Elle donne à voir sa manière de recevoir le don, de se laisser transformer par lui et finalement de le laisser transparaître pour le re-donner à d’autres. La gracieuseté est la vertu de la perméabilité et de la transparence, toujours à travailler et à faire croître qui permet dans l’homme et dans une institution humaine de recevoir le don de Dieu, de se laisser habiter et transformer par lui et de donner à voir le résultat de cette transformation. En effet, cette inhabitation par la grâce doit être en même temps une transparence. Il s’agit, parce qu’on a reçu la grâce, de devenir gracieux, c’est-à-dire le fait de donner à voir, de diffuser ce qui a été reçu et ce qui vibre en nous.
La grâce est la première vertu de l’Église parce que celle-ci ne trouve son sens que comme se recevant continuellement du Christ, en étant avec lui comme le corps dont il est la tête. Si cela se vit, cela doit se voir. Le synode a été un événement où l’Église catholique a voulu se laisser guider par l’Esprit, c’est-à-dire se rendre disponible à recevoir la grâce divine. Ce qu’elle doit s’efforcer de faire c’est utiliser cette vertu qui lui apprend d’un côté à recevoir la grâce comme parole toujours nouvelle et a être suffisamment transparente, c’est-à-dire dépouillée d’elle-même pour devenir gracieuse. Un très bel hymne des vêpres du dimanche chante: «Que l’on découvre le visage du Christ à la joie des sauvés».
Thierry Collaud
24 octobre 2024
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