Jean-Jacques Friboulet

Promotion de la femme ou guerre des sexes

En trente ans la promotion de la femme a fait des progrès considérables dans notre pays et en Europe. Quand je suis arrivé à l’Université de Fribourg, seules trois jeunes femmes étaient présentes dans mon amphithéâtre sur 120 étudiants. Quand je suis parti en retraite il y a trois ans, il y en avait 60%. De même aujourd’hui la population ne comprendrait pas qu’il n’y ait pas une représentation équitable des femmes au Conseil Fédéral, au Conseil d’Etat et dans les différentes institutions publiques. Récemment la montée de l’âge de la retraite à 65 ans pour les femmes sans compensation a été une des raisons de l’échec du plan du gouvernement sur les retraites.

De plus en plus de femmes exercent des responsabilités importantes dans l’économie privée. Certes il y a encore des progrès à faire mais le chemin est tracé. Idem pour la parité des salaires. Une différence importante subsiste entre les salaires des hommes et des femmes à compétence et ancienneté égales, mais cette différence n’est plus un gouffre comme il y a trente ans.

Il faut donc mesurer les pas accomplis dans l’égalité des droits entre homme et femme et s’en féliciter. Certes il subsiste des îlots de machisme y compris dans notre Eglise, mais notre évêque ne mettrait plus en cause la nomination d’une aumônière pour les étudiants, sous prétexte qu’elle est une femme, comme je l’ai constaté douloureusement il y a vingt ans. Je garde l’espoir de voir de mon vivant l’ordination d’une diaconesse comme il en existait dans les premiers temps de notre Eglise, puisque tant de femmes exercent de tâches au service de la diaconie dans nos unités pastorales.

«Les délits doivent être sanctionnés mais ne doivent pas provoquer une suspicion généralisée entre les sexes.»

Tous ces progrès montrent que le combat des femmes et des hommes pour le respect des droits a obtenu des résultats et cela toujours par des moyens pacifiques. Ce n’est donc pas le moment de provoquer une guerre des sexes par des campagnes provocatrices  comme celle intitulée «balances ton porc», initiée sur les réseaux sociaux. Les délits doivent être sanctionnés mais ne doivent pas provoquer une suspicion généralisée entre les sexes. Il faut distinguer la parole insultante de celle qui est simplement provocatrice ou humoristique. Femmes et hommes doivent se confronter dans leurs relations mais toujours dans un esprit d’ouverture et de dialogue.

L’urgent dans nos sociétés n’est pas d’attiser la guerre des sexes mais de défendre le bien commun des femmes et des hommes, c’est-à-dire leurs relations familiales. On sait combien notre société est fondamentalement individualiste et fait peu, au-delà des discours, pour la famille. Un pays aussi riche que la Suisse manque par exemple encore cruellement de places de crèche. La famille est toujours prétéritée au niveau des impôts et de l’AVS. Elle est lourdement pénalisée par le coût des assurances-maladie et des études au-delà de la scolarité obligatoire. Il faut être riche en Suisse pour élever plusieurs enfants et cela se traduit par un taux de fécondité très inférieur à celui qui assurerait le renouvellement des générations.

Dans un discours prononcé à l’occasion de la remise du prix Charlemagne en 2016, le pape François souhaitait que l’Europe redevienne une mère pour ses enfants, en les accompagnant et en les soutenant dans le chemin difficile de la vie. Il faut souhaiter la même chose à notre pays en ce début d’année.

A tous, chers lectrices et lecteurs j’adresse mes meilleurs vœux pour cette année 2018.

Jean-Jacques Friboulet |02.01.18

 

La 30e édition du FIFF est consacrée aux femmes
2 janvier 2018 | 08:59
par Jean-Jacques Friboulet
Temps de lecture: env. 2 min.
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