Jérôme Jean Hauswirth

Que tous soient un! Homélie du 7e dimanche Pâques C (Jn 17, 20 – 26)

«Que tous soient un!» C’est aussi, très souvent, la demande des anciens qui vont bientôt mourir. J’ai souvent constaté que le plus grand souci pour des parents à l’heure de la mort, c’est la division de leurs enfants. Comme ils souhaitent ardemment, avant de mourir, des les savoir réconciliés.

Et voilà que Jésus est parti. Il est retourné à la maison, il est monté auprès du Père. C’était l’Ascension. Le couronnement de l’incarnation. Et après, que va-t-il se passer, maintenant qu’il n’est plus là? La question est difficile: que se passe-t-il une fois partis ceux qu’on aime?

C’est souvent aussi la question que se posent ceux qui vont mourir. Que va-t-il advenir après moi pour ceux qui restent, ceux que j’aime? Dans les dernières heures de la vie, le croyant est celui qui confie à Dieu ses soucis dans la prière. Il confie à Dieu non seulement sa réalité, mais celle de ceux qu’il aime.

Je suis impressionné, pour avoir accompagné un certain nombre de personnes dans cette dernière étape, que dans la grande majorité des cas, l’on meurt comme l’on a vécu. Et c’est assez logique, celui qui a prié toute sa vie la finit par une prière.

Revenons à Jésus. Lui aussi a le souci pour ce qui adviendra après lui. Durant la nuit précédant sa Passion et sa mort, il prend un dernier repas avec ses disciples. Nous sommes au premier étage d’une petite maison de Jérusalem. C’est le Cénacle. L’heure est à l’inquiétude. Les autorités religieuses recherchent Jésus et sont bien décidées à le faire mourir. Elles ont peur que Jésus rallie le peuple à ses idées et provoque des troubles, des insurrections contre les romains, et que tout le peuple juif ne subisse encore davantage de peines et de privations de liberté. Alors le grand Prêtre Caïphe, le plus grand chef religieux, dit ceci: «Il vaut mieux pour vous qu’un seul homme meure pour le peuple et que la nation ne périsse pas tout entière». Il vaut mieux la mort d’un seul si cela préserve la majorité!

Quel pragmatisme horrible qui va jusqu’à sacrifier un innocent pour préserver les coupables. C’est de l’utilitarisme contemporain avant l’heure ! Pourtant Caïphe ne se doutait pas pourtant combien ses paroles étaient vraies. Jésus est non seulement mort pour tout le peuple juif,  mais encore pour la multitude. Etonnant renversement…Il a choisi de faire de sa mort un don pour sauver toute l’humanité !

Et de foi, Jésus est vraiment mort pour tous les hommes, pour les réconcilier avec Dieu, pour les préserver de la mort éternelle. Voilà ce que Jésus nous révèle sur le sens de sa mort. C’est pour cette raison qu’il a vécu parmi nous et c’est pour cela qu’il est mort.

Alors de fait, et étonnement, la parole de Caïphe a permis un grand bien : Il a mieux valu pour nous qu’un seul homme meure pour le peuple et qu’ainsi la nation ne périsse pas tout entière !

Entendez comme à travers ce sacrifice, Jésus ne s’inquiète pas pour lui-même, mais pour les autres. C’est ce qui ressort du final de sa prière sacerdotale que nous avons entendu dans l’Evangile. Cette prière de Jésus est la plus longue que nous ayons. Et elle nous délivre ce qui tenait le plus à cœur à Jésus au soir du Jeudi Saint. Ce qui était pour lui le plus important. Et ce qui était pour lui le plus important, en ce moment-là précisément, c’était de prier le Père.

Je ne prie pas seulement pour ceux qui sont là, mais encore pour ceux qui accueillerons leur parole et croiront en moi. Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyés ».

Entendez comme c’est beau ! Jésus prie d’abord pour ses disciples, à qui il dit un dernier adieu. Ils sont si faibles les disciples, ils vont bientôt trahir et renier. Pourtant Jésus leur confie toute la mission, sa mission divine. Ils devront la prolonger dans l’espace et dans le temps.

Mais Jésus ne prie pas seulement pour ses disciples, il prie aussi pour le monde entier, pour tous ceux qui accueilleront sa parole et croiront en lui. Entendez comme c’est touchant : à l’heure de la mort, à quelques heures du chemin de Croix, Jésus par sa prière s’unit intimement à tous ceux qui un jour croiront en lui.

Si on y pense, il a donc aussi prié pour nous tous ici réunis, et pour tous ceux qui nous ont transmis la foi ! Ces anciens qui nous ont précédés et qui ont été témoin pour nous !

Et Jésus a prié encore pour tous ceux à qui j’essaye moi aussi de transmettre sa bonne Nouvelle. Comme c’est beau ! Nous ne sommes pas seuls ! Jésus est tout proche de nous.

Et maintenant voici le sommet : qu’est-ce que Jésus a demandé à Dieu son Père au moment il allait donner sa dernière liberté, en cette heure décisive ? En cet ultime moment ? Il demande que tous soit uns. Il demande l’unité ! C’est une merveille cette demande. C’est tellement concret !

Car c’est aussi, très souvent, la demande des anciens qui vont bientôt mourir. J’ai souvent constaté que le plus grand souci pour des parents à l’heure de la mort, c’est la division de leurs enfants. Comme ils souhaitent ardemment, avant de mourir, des les savoir réconcilier.

Alors merci Seigneur pour ta prière au Cénacle,
à l’heure qui précède ta Passion et ta mort.
Merci d’avoir prié pour nous et d’être resté uni au Père.
Aide-nous Seigneur à être une communauté unie, fraternelle, solidaire et aimante.
Que cette unité rayonne dans ton Eglise,
et qu’elle devienne le signe permettant à ceux du dehors de croire
que « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son fils ».

Que tous soient un par leur union au seul et unique Bien.

Amen.
Père Jérôme Jean.

10 mai 2013 | 19:11
par Jérôme Jean Hauswirth
Temps de lecture: env. 4 min.
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