Damien Savoy

Zelenka, cet inconnu…

La notoriété d’un compositeur ou d’une œuvre est quelque chose de parfois bien aléatoire. Certes, on ne va pas faire l’affront de se demander pourquoi Mozart, Bach, Beethoven ou Vivaldi sont connus, mais bon nombre de compositeurs restent dans l’ombre, malgré leur talent et leurs œuvres splendides. Ainsi, je crois ne pas me tromper en imaginant que peu de nos lecteurs connaissent Jan Dismas Zelenka. C’est pourquoi je leur conseille de se précipiter pour découvrir cette musique. Et comme, justement, notre partenaire Disques Office propose un CD réunissant trois grandes œuvres sacrées du compositeur, l’occasion est trop belle pour être manquée…

 

Inconnu, Zelenka ne l’est pas que de renommée. Sa biographie est elle-même extrêmement fragmentée. De nationalité tchèque, il est né en 1679 et a étudié dans un collège de Jésuites à Prague. Dès 1710, il se fait engager comme contrebassiste à la cour de Dresde, où il passera presque toute sa vie, hormis un voyage de formation en Italie et à Vienne de 1715 à 1719, avant de devenir assistant du maître de chapelle, Johan David Heinichen. A la mort de ce dernier, il ne sera jamais nommé pour le remplacer. Il meurt en 1745, cinq ans avant Bach, dans la tristesse de n’avoir pas vu son talent reconnu.

 

Mais que faisait Zelenka, tchèque catholique, dans la cour luthérienne du prince de Saxe? La famille princière, à cette époque, avait récupéré le royaume de Pologne, faisant de Dresde la capitale polonaise! Ainsi, comme le roi de Pologne se devait d’être catholique, le prince électeur de Saxe se convertissait au moment de monter sur le trône, d’où la présence d’une chapelle catholique et de ses musiciens à la cour de Dresde.

 

L’essentiel de l’œuvre de Zelenka est représenté par de la musique sacrée. Le magnifique disque proposé par le Marburger Bachchor et l’ensemble L’arpa festante en propose trois : un Magnificat (ZWV 108), la Missa Nativitatis Domini (ZWV 8) et le Dixit Dominus (ZWV 68).

 

Le Magnificat enregistré ici est l’un des trois que Zelenka a écrit sur le texte du cantique de Marie. Cette œuvre, écrite en 1725, est assez brève, puisqu’elle dure moins de dix minutes. Le début de l’œuvre est marqué par une grande solennité, avec l’entrée du chœur, précédé par une brève et joyeuse introduction orchestrale. Le soprano solo entre cependant en action très rapidement, dès la seconde moitié de la première phrase («et exsultavit»). Le chœur ne revient que dans le «Fecit potentiam», probablement pour souligner la puissance dont parle le texte. Le fait que le soprano chante si rapidement serait-il un moyen de souligner que c’est ici la Vierge qui s’exprime? C’est fort probable. L’emploi de solistes est par ailleurs assez conséquente dans cette œuvre, puisque, dans la seconde partie («Suscepit Israel»), c’est l’alto solo qui prend le relais, dans un air avec chœur qui n’est pas sans nous rappeler certaines pages de Bach… Le chœur reprend toute sa place pour le grand amen final qui, à lui seul, représente plus d’un quart de l’œuvre.

 

La Missa Nativitatis Domini a été jouée pour la première fois en 1723. Il manque cependant dans les copies la trace du Sanctus et de l’Agnus, remplacés en général par ceux de la Missa Charitatis (ZWV 19). Une grande force se dégage de cette messe, qui vaut également la peine d’être découverte.

 

Le Dixit Dominus a été écrit en 1726. Ce texte, qui a toujours énormément inspiré les compositeurs, est celui du psaume 109 (110) («du Seigneur à mon seigneur: «Siège à ma droite, et je ferai de tes ennemis le marchepied de ton trône»»). Encore une fois, solennité et énergie sont au rendez-vous. , avec également de beaux passages pour solistes beaucoup plus calmes.
Ce disque est très bien servi par des interprètes de talent. Le Marburger Bachchor et L’arpa festante, sous la direction de Nicolo Sokoli, nous offrent un beau moment de musique sacrée.

 

Damien Savoy

 

Pour plus d’infos, voir LEMAITRE, Edmond, «Jan Dismas Zelenka», in «Guide de la musique sacrée. L’âge baroque 1600-1750», Fayard, Paris, 1992, p. 787-792.

 

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31 janvier 2012 | 08:28
par Damien Savoy
Temps de lecture: env. 3 min.
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