Homélie du 2 avril 2017 (Jn 11)
Chanoine Roland Jaquenoud – Abbaye de Saint-Maurice
« Cette maladie ne conduit pas à la mort : elle est pour la gloire de Dieu, afin que par elle, le Fils de Dieu soit glorifié ».
Mes frères, mes sœurs,
la semaine passée, lorsque nous entendions l’évangile sur l’aveugle-né, nous entendions quelque chose d’assez semblable. « Qui a péché, demandaient ceux qui l’entouraient, lui ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ». Et Jésus répondit : « Ni lui, ni ses parents. Mais c’était pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui ».
Besoin d’être guéris
Avec la Samaritaine, nous avons appris que nous avons besoin de l’eau de la vie. Avec l’aveugle-né nous avons appris que nous sommes nous-mêmes des aveugles et que nous avons besoin que Dieu nous ouvre les yeux, les yeux de la foi, afin de voir ce qu’il vaut vraiment la peine de voir. Et bien aujourd’hui, avec Lazare, nous apprenons que nous sommes malades et que nous avons besoin d’être guéris.
Rappelez-vous, la semaine dernière, le drame de ceux qui assistaient à l’épisode de l’aveugle-né : ils ne se savaient pas aveugles. Notre drame, aujourd’hui, c’est peut-être que nous ne nous avons pas malades, peut-être même sommes-nous morts. Le dire comme cela, cela sonne de manière terrible. Et pourtant, mes frères, mes sœurs, regardons ce que cela veut dire.
Une maladie qui n’est pas un drame
Oui, nous vivons. Nous sommes là, donc nous sommes bien en vie. Mais cette vie qui nous est donnée pour le moment est loin d’être parfaite. Même si notre société a parfois tendance à cacher la réalité de la fin de vie, pourtant cette fin de vie arrive, pour chacun d’entre nous. Donc la vie que nous avons maintenant n’est pas encore parfaite. Dès notre naissance, en quelque sorte, nous sommes un peu malades. Et cette maladie triomphera un jour de notre corps. Or voilà qu’en ce jour, Jésus nous révèle que cette maladie n’est pas un drame. Qu’elle est là pour que se manifeste la gloire de Dieu, afin que nous puissions sentir en nous sa puissance. « Moi, je suis la Résurrection et la Vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra. Quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. »
C’est ici et maintenant que Jésus nous relève du tombeau
Lazare, bien qu’il fût ressuscité, de toute façon mourra un jour. Mais la vie qui nous est proposée par le Christ, par sa mort et sa résurrection, c’est une vie qui ne finira jamais, une vie qui est éternelle au sens premier de ce terme. Souvent, quand nous parlons de l’éternité, nous pensons à l’au-delà. Or c’est ici et maintenant que Jésus commence à nous guérir, à nous relever de notre tombeau, à nous donner une vie qui, même si un jour physiquement nous mourrons, ne disparaître jamais.
« Crois-tu cela ? »
Cette vie est en germe en chacun d’entre nous depuis le jour de notre baptême. Et c’est tout au long de notre existence terrestre que le Seigneur veut la nourrir, veut lui donner à boire, veut lui donner cette perfection qu’il est venu nous apporter, cette perfection qui est ni plus ni moins que celle de l’éternité. « Quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais, dit Jésus. « Crois-tu cela ? » Cette question t’es posée à toi, elle m’est posée à moi. Crois-tu vraiment cela ?
Une victoire qui agit en nos cœurs
Mes frères, mes sœurs, quels chrétiens sommes-nous, si nous n’avons pas l’espérance. Cette espérance qui nous dit que Jésus a triomphé du mal et de la mort. Cette espérance qui nous dit que ce triomphe-là, cette victoire-là est déjà entrain d’agir en chacun de nos cœurs, en chacune de nos âmes, en chacun de nos corps.
La véritable espérance chrétienne
Nous nous apprêtons à célébrer avec toute l’Eglise la Grande, la Sainte Semaine où, de l’entrée solennelle à Jérusalem jusqu’à la Croix, puis de la Croix jusqu’à la Résurrection au matin de Pâques, nous suivrons le Seigneur pas à pas. Que cette célébration, mes frères, mes sœurs, soit pour chacun d’entre nous l’occasion de renouveler en profondeur le sens de Pâques, c’est-à-dire la véritable espérance chrétienne. Croyons-nous vraiment que Jésus est ressuscité, non pas simplement à la manière dont on croit à un événement historique qui a eu lieu il y deux mille ans, mais qu’il est ressuscité pour nous donner une force, pour nous donner la force de la vie, pour nous faire nous relever, pour nous dire – et cette fois définitivement, pas seulement pour un temps déterminé – « Sors de là, viens dehors, tu es vivant. La vie éternelle qui a germé en toi, voilà qu’elle triomphe en toi ».
Un carême d’action de grâce
Mes frères, mes soeurs, ce carême est finalement un carême de joie, un carême d’action de grâce. Action de grâce pour le don parfait de la vie que le Seigneur nous fait depuis le jour de notre baptême, depuis le jour où, consciemment nous avons commencé à croire. Ce don nous est renouvelé chaque jour dans les sacrements du salut que sont le sacrement de la réconciliation, et surtout le sacrement de l’eucharistie.
Quelle joie d’avoir en nous cette espérance. Que Dieu nous accorde de rendre visible cette joie, une joie non pas tapageuse, mais profonde, une joie qui nous vient de la foi en ce Jésus Christ qui nous a promis que celui qui croit en lui, même s’il meurt en jour, vivra. Amen
5e DIMANCHE DE CARÊME
Lectures bibliques : Ézéchiel 37, 12-14; Psaume 129; Romains 8, 8-11; Jean 11, 1-45 – Année A
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