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Homélie

Homélie du 28 mai 2017 (Jn 17, 1b-11a)

Abbé François Dupraz – Basilique Notre-Dame, Lausanne

Dans le prolongement du mystère de Pâques et de l’Ascension, la 1ère lecture de ce Dimanche – Acte des Apôtres – nous montre l’Eglise en germe et en attente. Il y a là les 11 apôtres, des frères, quelques femmes et Marie, la mère de Jésus, penchée sur le berceau de l’Eglise comme elle le fut 33 ans plus tôt sur celui de Jésus… Mais Jésus Lui, où est-Il ? Il est parti… Il est parti et l’Esprit n’est pas encore venu. Que fait dès lors l’Eglise ? Elle prie. « Tous – nous dit-on – tous, d’un même cœur étaient assidus à la prière ».

Prière persévérante, assidue

La prière assidue de l’Eglise lui est source de force et de courage pour surmonter les innombrables souffrances, épreuves, persécutions subies dès les débuts à cause du « nom ». Le nom  de Jésus s’entend ; seul nom donné aux hommes par lequel nous puissions être sauvés. (Ac 4.12).
L’Eglise naissante est  donc en prière dans l’attente de la venue de l’Esprit-Saint.
Sujette à d’innombrables souffrances, épreuves, persécutions de par le monde l’Eglise d’aujourd’hui  prie, elle aussi. Elle prie de la prière parfois angoissée, souvent joyeuse, persévérante, assidue de bon nombre de ses enfants.

Entendre la voix de l’Esprit

En nos sociétés occidentales, il nous faut sans doute apprendre  – alors que ces mêmes sociétés s’emballent en des rythmes toujours plus effrénés –  à mettre du temps à part pour la prière; l’activisme de tous les instants n’étant pas – n’ayant jamais été – le dessein de Dieu sur l’homme. Cet homme qui, s’il travaille pour vivre, ne vit pas « pour » travailler.
Il nous faut apprendre à passer plus de temps avec Jésus.  Il nous faut comprendre qu’il est de beaucoup plus important d’entendre la voix de l’Esprit, qu’il ne l’est d’entendre toutes les voix du monde.

Sur l’Eglise repose l’éternel « sans Moi vous ne pouvez rien faire » de Jésus. Notre agir est  donc frappé d’un mystère de fécondité plus que d’efficacité. « Sans Moi vous ne pouvez rien faire » mais avec Lui, Jésus tout devient possible. Or Jésus est avec nous. Qu’il nous suffise de le savoir. Bien plus, que cette pensée nous transporte de joie car en vérité Jésus suffit, là où Il est rien ne manque.

L’Esprit agit dans la douceur

Et aspirons parfois à quelque chose de plus que des paroles de la part de Jésus. Aspirons au… silence fécond d’une communion d’esprit à Esprit. Reportons-nous à ce qu’Il a fait, Lui Jésus, autant qu’à ce qu’Il a dit. Un jour par exemple Il a pris par la main la belle-mère de Pierre et subitement la fièvre la quitta. Non pas des mots en masse de la part de Jésus – bavardages inutiles qui heurtent la vie de l’esprit – mais… un court contact et la fièvre fut vaincue. La belle-mère de Pierre se sentit tout à fait bien, en pleine santé, calme, en état de se lever et de servir.
C’est dans la douceur d’une brise légère que l’Esprit agit et se fait entendre. La douceur d’une brise légère d’un côté, le tumulte omniprésent de nos sociétés de l’autre…

Porter dans la prière les chrétiens persécutés

L’Eglise en silence et en prière donc ; oui, l’heure est certainement pour l’Eglise d’aujourd’hui – à l’instar de l’Eglise naissante – à la prière assidue de tous et de chacun. L’Amour – maître mot du christianisme – se doit de circuler au sein du corps mystique du Christ. Cet Amour se fait de nos jours supplication ou du moins intercession quotidienne en faveur de nos frères et sœurs chrétiens persécutés de par le monde. 200 millions ! C’est beaucoup, beaucoup trop… C’est un devoir pour nous autres de les porter tous dans une prière attentive et fidèle.

Quant à nos communautés, nous ne soulignerons  jamais assez l’importance de développer en leur sein un esprit de prière. Esprit de prière dans lequel tout devient fécond de ce que nous entreprenons car… la prière est à l’agir ce que la pluie est à la semence : une nécessité pour croître et porter fruit. Et davantage encore : plus la plante doit s’élever vers le ciel, plus la racine doit s’enfoncer dans la terre. Cette croissance dans des directions opposées est nécessaire : sans une racine vigoureuse, la plante se dessèche et dépérit très vite. Ainsi s’épuisent ceux qui spirituellement ne s’enracinent pas en Christ et ce n’est plus qu’occasionnellement que leurs activités – sans même parler de leurs paroles – sont dignes de Lui.

La prière : temps de croissance

Et commençons peut-être déjà par Le sortir  plus généreusement de nos Tabernacles, Lui Jésus, puisqu’il s’y trouve comme prisonnier de Son Amour, mendiant de notre amour. Exposons-Le à l’adoration aimante des multitudes  contemporaines par trop souvent assoiffées  sur nos rivages d’éternité…
Christ est toujours à même de toucher pour guérir! Tâchons de Le sentir ! Eprouvons sa Présence ! La fièvre du travail, alors, nous quittera, et avec elle celle des paroles inutiles(…), des soucis, de la peur.

En deux mots comme en cent, les moments consacrés à la prière sont des temps de croissance. Si nous les écourtons, beaucoup, beaucoup, beaucoup(…) de nos heures de travail les mieux organisées cessent de rendre car… les critères célestes ne sont pas ceux de la terre, loin s’en faut.

A l’approche de la Pentecôte, sachons donc attendre nous autres dans le silence, pour y reposer nos âmes, le temps qu’il faudra, conscients de Sa présence à Lui, Jésus et nous trouverons  en ce repos même, puissance, santé, joie et paix. C’est notre expérience de toujours. Que Dieu en soit éternellement béni. Amen !


7e Dimanche de Pâques

Lectures bibliques : Actes 1, 12-14Psaume 26, 1, 4, 7-8; 1 Pierre 4, 13-16; Jean 17, 1b-11a – Année A


 

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28 mai 2017 | 09:14
Temps de lecture : env. 4  min.
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