Homélie du 02 mars 2014

Prédicateur : Abbé Mario Pinggera
Date : 02 mars 2014
Lieu : Eglise de Richterswil
Type : tv

Cher/s frères et sœurs, vous qui êtes ici dans l’église de Richterswil et vous à la maison devant votre écran

Ne te fais pas de soucis !

On le dit souvent.

Ne te fais pas de soucis !

Une expression qui se veut réconfortante, qui redonne courage et espoir dans ce monde qui connaît beaucoup de soucis, petits et grands. Jésus lui-même, dans l’Evangile d’aujourd’hui, déclare, de façon très réaliste, que « à chaque jour suffit sa peine ».

Comme c’est vrai !

Et Jésus ici n’est en rien pessimiste, mais plutôt réaliste. Réaliste quand il s’agit de voir les choses ainsi qu’elles le sont. Il y a réellement des situations où l’on ne peut pas facilement changer ce qu’il faudrait pourtant changer.

Le danger ici est que nous nous construisions rapidement notre propre vérité, qui n’a rien à voir avec LA réalité.

Le poète Eugen Roth exacerbe le tout en déclarant:

Une personne espère pieusement et silencieusement de recevoir un jour ce qu’elle souhaite. Jusqu’à ce que finalement, mais trop tard, elle succombe au délire et s’aperçoit qu’elle voulait ce qu’elle a obtenu.

Si humaine et proche de la réalité est l’appréciation d’Eugen Roth, Jésus ne veut pas s’en contenter.

Jésus le sait très bien quand il dit « à chaque jour suffit sa peine », en ajoutant qu’il ne faut pas se faire de souci.

Dans la Bible, il existe deux autres expressions qui reprennent la même idée :

N’ayez pas peur!

Ou encore plus explicitement :

La paix soit avec vous.

Ce sont de réels encouragements dans notre vie et pour notre vie, et ce indépendamment de la situation dans laquelle nous nous trouvons, quel que soit le désarroi dans lequel on est plongé.

Pourquoi ne devrions-nous pas nous faire du souci, on peut s’interroger.

A ce propos, justement, Jésus dit quelque chose qui peut révolter : Il dit « parce que Dieu sait, ce dont nous avons besoin.

Cherchez d’abord son Royaume et sa justice, et tout cela vous sera donné par-dessus le marché »

 

Cela s’appelle concrètement : prendre la vie comme elle est mais sans jamais perdre Dieu de vue.

Mais attention : prendre la vie comme elle est ne signifie pas dire OUI et Amen à tout. Surtout pas à propos des choses insupportables de la vie. Les choses insupportables, ce sont tous les soucis, que ce soit des souffrances, de la tristesse ou autre.

Jésus différencie deux sortes de souffrances : celles qui peuvent être supprimées et celle que l’on ne peut pas supprimées.

Combien de fois, Jésus a éliminé les souffrances dans lesquelles il avait un impact direct, la plupart du temps c’étaient des colères contre l’establishment religieux.

Pensons seulement aux épisodes avec la femme adultère ou le repas qu’il prend avec les soi-disant publicains et pécheurs. Ce Jésus-là protège les condamnés du jugement de la société et de la religion, il leur rend leur dignité et supprime les souffrances injustes.

Pour nous de même, les souffrances que l’on peut éliminer, que nous rencontrons au cours de notre vie, peuvent aussi être supprimées. Sans le SI ou le Mais !

C’est ce que Jésus a fait.

Seulement maintenant, c’est à nous que revient cette responsabilité. Moi-même je dois agir. Au nom de Dieu. Il en va du royaume de Dieu et de sa justice, comme Jésus le dit dans l’Evangile. C’est ainsi que Dieu peut agir dans notre monde. C’est-à-dire par notre intermédiaire.

Si par exemple je m’aperçois que mon voisin bat régulièrement sa femme, je ne peux pas faire comme si cela ne me concernait pas. Cela signifie donc de montrer un courage de citoyen, grâce auquel la souffrance peut prendre fin.

Si je prends des responsabilités au niveau politique, social ou ecclésial, il en va de mon devoir de ne pas seulement faire toujours entendre ma voix mais aussi savoir entreprendre, quand se présentent des situations où des gens souffrent, particulièrement dans le cas d’abus de pouvoir.

L’Eglise a une responsabilité. Elle doit être proche des gens, les accompagner dans des situations pleines de souffrances. Une Eglise qui se réfère à Jésus Christ, doit soulager des souffrances et ne doit pas justifier des lois inhumaines.

Exactement comme Jésus : il a soigné ce qui était blessé, et donc cela vaut aussi pour son épouse, l’Eglise. Une Eglise qui oublie de prendre soin, consciemment ou inconsciemment, se ferme à son devoir essentiel et devient littéralement vide de sens.

Face aux souffrances qu’il n’est pas possible d’éliminer, Jésus dit clairement « à chaque jour suffit sa peine. »

C’est le cas par exemple des situations de guerres, de graves maladies ou de la mort. Nous en sommes particulièrement conscients à l’occasion du dimanche des malades.

Ici opposer une résistance ne sert à rien, il s’agit de se résigner comme l’a formulé Dietrich Bonhoeffer.

Mais se résigner cela ne signifie pas : ne rien faire, mais bien plus tôt s’accompagner les uns les autres ou comme dit Bonhoeffer, partager les souffrances des autres.

Dieu, qui n’est rien d’autres que l’amour est toujours présent où des hommes se soutiennent mutuellement.

En résumé, éliminer l’insoutenable mal pour que la vie vaille la peine d’être vécue et quand ce n’est pas possible, savoir s’accompagner mutuellement et ainsi être des servantes et des serviteurs du Christ comme Paul nous le dit dans la lecture.

(traduction)

8e dimanche du temps ordinaire – dimanche des malades

Lectures bibliques : Isaïe 49, 14-15; Psaume : 61; 1 Corinthiens 4, 1-5; Matthieu 6, 24-34

2 mars 2014 | 14:55
par Barbara Fleischmann
Temps de lecture : env. 4  min.
Partagez!

plus d'articles de la catégorie «Homélie»