Homélie du 04 novembre 2012

Prédicateur : Abbé Nicolas Bessire
Date : 04 novembre 2012
Lieu : Eglise Sainte-Marie, Bienne
Type : radio

À première vue, le vocabulaire ne colle pas ! L’amour ne s’impose pas à coups de lois ! « Aimer » Dieu dans le vide ? « Aimer » le prochain qui dérange ? On a envie de répliquer : « L’amour ne se commande pas’. Qu’est-ce qu’un amour « sur commande », auquel on se contraindrait parce qu’il est imposé d’en-haut ? Comment réagirait-on s’il nous était dit : « Je vous aime parce que Dieu me le commande ? »

Pourquoi dire que l’amour pour Dieu et pour le prochain est le plus grand commandement ? Pour les juifs, la volonté de Dieu s’est exprimée dans la Loi et tout est vu à sa lumière. La Loi est comme une incarnation de la volonté de Dieu. « Quel est le premier commandement ? » Quel est l’essentiel de nos vies ? Jésus fait une seule et double réponse: aimer Dieu de toutes ses forces, aimer le prochain comme soi-même. Un seul mot dit tout : aimer.

Jésus respecte ce scribe, qui était un professionnel de la Loi, en utilisant le même langage que lui.

Mais il fait éclater le cadre trop juridique. Il commence par citer le Deutéronome : «Écoute, Israël… » C’est beaucoup plus qu’un commandement. C’est l’affirmation fondamentale de la foi au Dieu unique. Plus encore, ce texte est devenu la prière que les Juifs fidèles, aujourd’hui encore, disent trois fois par jour. Marie et Joseph l’auront apprise à l’enfant Jésus. Elle est aussi précieuse pour Israël que le « Notre Père » pour les chrétiens. Elle demande donc à être méditée. Elle nous dit d’aimer Dieu « de tout notre cœur, de toute notre intelligence et de toute notre force. »

De fait, l’amour se compose de trois éléments qui se lient les uns aux autres. D’abord, « de tout notre cœur. » C’est le mouvement qui s’empare de tout notre être, qui nous bouleverse et nous tire hors de nous-mêmes, comme une vague qui bouscule tout en nous. C’est «le cœur» de l’homme qui est touché.

Puis « de toute notre intelligence. » Pour aimer humainement, il faut mettre en œuvre notre intelligence, c’est-à-dire aussi notre raison. II faut apprendre à se connaître soi-même et à connaître l’autre, à prendre du recul, à réfléchir ensemble, pour discerner ce qui est important et ce qui secondaire : l’amour exige la lucidité.

Enfin, « de toute notre force ». En amour, il ne faut pas seulement dire : «Je t’aime». Il faut aussi dire : «Je veux t’aimer. » Vouloir implique de dépasser son sentiment, même son ressentiment, de mettre son énergie, sa force de caractère pour construire une relation solide, pour traverser les inévitables épreuves de la vie. Voilà l’amour véritablement humain, l’amour selon la volonté de Dieu. Il lie l’amour pour Dieu et l’amour pour le prochain. Le scribe l’avait bien compris : cet amour-là «vaut mieux que toutes les offrandes et tous les sacrifices », parce qu’il s’empare de tout notre être. Il est la vie.

Il est vrai qu’aimer n’est pas seulement éprouver un élan du cœur. C’est aussi et surtout vouloir et faire du bien à une autre personne, porter d’elle un souci actif. Jésus veut sans doute élargir l’espace de l’amour au-delà de la spontanéité jusqu’en sa volonté, qui donne à l’homme de changer sa relation avec les autres.. Mais est-ce vraiment « aimer comme soi-même » ?

Plus que commandement, la parole de Jésus est révélation et appel. Il déchire notre inconscience en nous montrant que notre capacité d’aimer est plus grande, sans limites. Il nous fait désirer un monde où l’amour imprégnerait toutes les relations humaines. Il nous dit, dans sa folle ambition sur l’homme, qu’un jour viendra où l’amour pour Celui qui nous a rendu capables d’aimer et l’amour pour les autres, pour tous les autres, ne seront plus qu’un seul amour. Laissons-nous emporter dans cette aventure!»

31e dimanche du temps ordinaire

Lectures bibliques : Deutéronome 6, 2-6; Hébreux 7, 23-28; Marc 12, 28-34

4 novembre 2012 | 15:32
par Barbara Fleischmann
Temps de lecture : env. 3  min.
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