Homélie du 06 octobre 2013

Prédicateur : Abbé Nicolas Bessire
Date : 06 octobre 2013
Lieu : Eglise du Christ-Roi, Bienne
Type : radio

La foi, si vous en aviez gros comme une graine de moutarde… Ce n’est pas un reproche de Jésus, c’est plutôt un encouragement !

« La foi, si vous en aviez gros comme une graine de moutarde, vous diriez au grand arbre que voici : Déracine-toi et va te planter dans la mer ; il vous obéirait » C’est une manière de nous dire que rien n’est impossible à celui qui croit, parce que rien n’est impossible à Dieu, tout simplement. C’est dire aussi que, désormais, toute parole découragée ou morose nous est interdite.

Combien de fois nous avons reçu en pleine figure ce cri de révolte: «Que fait Dieu face au mal?» «Notre fille n’ira plus au catéchisme ! Elle n’admet pas ta mort de sa mamie. Elle dit qu’elle ne croit plus. » C’est ainsi que des parents signifiaient par écrit la fin de la catéchèse de leur enfant…

Dieu qui souffre avec nous. Le respect de Dieu pour la liberté humaine devrait avoir ses limites, pensons-nous! Le Tout-Puissant devrait à tout prix empêcher

le méchant de nuire! C’est le même raisonnement que nous tenons à l’égard de parents qui ne parviennent pas à empêcher un enfant de sombrer dans la délinquance. La force de la tendresse s’avère parfois impuissante à conjurer le mal.

Le Dieu de Jésus Christ en qui nous croyons nous a montré en son Fils combien il pouvait souffrir du mal et de la haine qui hantent les êtres humains. S’il y a en Dieu une toute-puissance, elle est toute-puissance d’amour. Et aimer rend vulnérable à la souffrance de ceux qu’on aime.

Dieu qui en appelle à notre responsabilité. Dans la lecture d’Habacuc, Dieu n’est ni indifférent ni silencieux. Il répond au cri si humain et si émouvant du prophète. Cependant, dans la lutte contre le mal, l’homme n’est pas que spectateur; il est acteur.

La foi n’est pas démission et l’espérance n’est pas résignation. Jésus compare la foi à une énergie fantastique capable de soulever les montagnes. Et Dieu sait s’il existe des montagnes d’indifférence, de lâche complicité et de compromission à soulever pour libérer le monde et les hommes de la chape du mal qui les écrase!

Dieu stimule notre patience. Attendre! Patienter!

Mais, devant l’urgence des problèmes, avons-nous le temps?

Une jeune femme, souffrant atrocement de l’infidélité d son mari qui lui demandait du temps pour faire la lumière en lui, disait : « Il veut du temps, mais moi je n’en ai pas! » Il est sur terre des maux extrêmes où l’attente est insupportable. Le temps de l’attente est aussi celui qui nous est nécessaire pour prendre conscience de nos complicités, ignorées souvent mais quelquefois bien réelles, avec le mal et les désordres que nous dénonçons. Il doit être le plus court possible!

Augmente en nous la foi. C’était la prière des Apôtres ; mais Jésus les invite à tout autre chose. Tout compte fait, il ne s’agit pas de rêver d’augmenter nos capacités ; le secret consiste peut-être au contraire à reconnaître notre petitesse et à nous appuyer sur l’infinie puissance de Dieu. Nous retrouvons bien là la leçon de la parabole qui suit dans l’évangile de ce dimanche : nous reconnaître comme de simples serviteurs quelconques au service d’une tâche qui nous dépasse infiniment, quel soulagement ! Il n’est donc pas question de « rendre notre tablier » comme on dit. Il s’agit pour les humbles apôtres que nous essayons d’être, chacun à notre place, d’accomplir petitement, au jour le jour, le service qui nous est demandé avec notre toute petite foi de rien du tout, Dieu peut faire de grandes choses. Lequel d’entre nous oserait prétendre que sa foi, petite ou grande, ajoute quoi que ce soit à la grandeur ou à la puissance de Dieu ?

Nous sommes des serviteurs quelconques. Nous sommes donc invités à nous appuyer tout simplement sur la force de Dieu et à nous réjouir de la confiance qu’il nous fait en nous associant à son œuvre. Le titre de « serviteurs de Dieu » n’est-il pas, effectivement, notre plus beau titre de gloire ?

Seigneur, nous croyons en toi, fais grandir en nous la foi.»

27e dimanche du temps ordinaire

Lectures bibliques : : Habaquq 1, 2-3 ; 2, 2-4; 2 Timothée 1, 6-8.13-14; Luc 17, 5-10

6 octobre 2013 | 11:31
par Barbara Fleischmann
Temps de lecture : env. 3  min.
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