Homélie du 08 février 2015

Prédicateur : Mgr Pierre Farine
Date : 08 février 2015
Lieu : Eglise Notre-Dame des Grâces, Grand-Lancy, Genève
Type : tv

Cet évangile pourrait être intitulé: « 24 heures de la vie du Christ ». Il est d’abord à la maison où il guérit la belle mère de l’apôtre Pierre, puis des malades lui sont amenés pour qu’il les rencontre, leur annonce l’évangile et les guérisse, enfin plus tard, il se retire et parle à son Père dont il est la Parole vivante.

Toutes ces activités représentent une belle harmonie entre parole, prière, action caritative, dirions-nous aujourd’hui. La tradition de l’Eglise a toujours beaucoup admiré le Christ et proposé de l’imiter. Voici des actions concrètes qu’à notre tour, nous pouvons reproduire pour mieux ressembler au Christ. Il nous faut surtout en retenir trois qui s’appellent, se complètent l’une l’autre et constituent précisément une vie harmonieuse: guérir, proclamer la Bonne nouvelle, prier.

Guérir: Le Christ se rend chez Pierre et André et, là, il trouve leur belle mère au lit avec de la fièvre. Jésus s’approche nous dit l’écriture, il la saisit et la fait se lever. Ces gestes simples suggèrent que le Christ met debout. Et cela fait penser à la résurrection. Son geste non seulement guérit mais il ouvre à un service. L’évangile le dit explicitement: « Elle les servait ». Le Christ ne reste pas indifférent au malheur, à la détresse de cette femme: il s’en occupe. Il ne nous appartient pas d’imiter le Christ à la lettre: mais nous pouvons faire nôtre la conviction que le Christ ne peut pas rester indifférent à nos détresses, nos malheurs petits ou grands, il prête attention à chacun de nous.

Ainsi, nous aussi, nous avons à prendre soin les uns des autres: le miracle ne consistera pas de faire disparaître tout mal, mais de nous imprégner d’une attitude d’attention vis-à-vis de nos frères et sœurs, de service, de communion. Le baptême nous inscrit dans le peuple de Dieu: et c’est ensemble et nous portant et en nous supportant les uns les autres que nous avançons. Même malade, même dépendant, même âgé, même inutile, chacun peut par un geste infime, un regard, un sourire, un geste contenu prendre soin rendre courage, et aider celui de qui nous dépendons. Prendre soin et c’est ça le miracle n’est jamais à sens unique, mais toujours réciproque.

Proclamer la Bonne Nouvelle: cette expression vient souvent dans l’évangile de St Marc. Les auditeurs disent même « Jamais personne n’a parlé comme lui ». Mais qu’a donc dit le Christ pour que tous en soient émerveillés? Je vous signale qu’il s’agit de « proclamer » et non pas seulement dire, annoncer. Proclamer, c’est dire haut et fort pour que tout le monde entende et le dire avec conviction. Et surtout c’est une Bonne Nouvelle, dans le texte c’est écrit en majuscules: quand Jésus parle, c’est pour nous dire quelque chose d’important et qui nous fait avancer. Jésus proclame par ses paroles et ses actes. Le Royaume de Dieu est tout proche, il est là au milieu de nous puisqu’il est lui-même la Parole de Dieu.

Dites-moi, frères et sœurs, est-ce que nous réalisons que le Christ est maintenant présent ici dans cette église et partout où vous entendez cette parole? Son Royaume est là et il agit. Cette parole nous avons à la recueillir pour la continuer nous-mêmes. L’Eglise peut dire avec l’apôtre Paul: « Malheur à moi si je n’annonçais pas l’évangile ». Chacun, chacune de nous avons à annoncer l’évangile. Il s’agit surtout d’avoir conscience que par notre baptême la présence du Père, du Fils et du Saint Esprit vit en nous. Le Royaume de Dieu a pris possession de nous. Une flamme nous habite. Proclamer la bonne nouvelle, c’est proclamer à chaque instant de notre vie qu’il est la vie de notre vie et qu’en tout état de cause, nous sommes en marche ensemble vers le Royaume.

La troisième harmonique: c’est la prière. L’évangile nous présente aujourd’hui une indication simple mais importante. Jésus se retire dans un endroit désert. La prière, hormis la prière communautaire, exige de faire un écart, de marquer une distance. Et l’endroit doit être un endroit désert: donc solitaire et dépouillé. C’est un lieu où le seul repère sera une conversation avec le bien aimé, un tête- à -tête. L’évangile ne nous dit pas quelles paroles ont été échangées entre le Christ et son Père, ni quels sentiments se sont exprimés. On sait que la prière pour nous est moment d’amitié, et surtout un moment passé ensemble un peu comme entre vieux amis. Un rendez-vous tout simple où l’on est l’un à côté de l’autre ou l’un en face de l’autre, où des mots sont échangés, où un subtil silence s’installe.

La tradition chrétienne parle de méditation et de contemplation: que ces mots ne nous impressionnent pas. Prier c’est tout simplement être avec: parce que c’est lui et parce que c’est moi.

Frères et sœurs, ne ratez pas ces rendez-vous sinon il manquera quelque chose d’essentiel dans votre vie. Ce sera comme une vie où ça boite. Peu importe de passer peu ou beaucoup de temps ensemble, l’important c’est la rencontre: si j’en crois le récit de l’annonciation, la rencontre entre Gabriel l’envoyé de Dieu et Marie a duré quelques minutes. Et pourtant quelle rencontre, puisqu’elle a bouleversé la surface de la terre. Prendre soin les uns des autres, proclamer la Parole de vie, vivre intensément la rencontre avec l’adorable Trinité, voilà trois harmoniques indispensables dans notre vie. Paix, harmonie et plénitude voilà ce que je vous souhaite.

Amen.

5e dimanche du temps ordinaire

Lectures bibliques : Job 7, 1-4.6-7; Psaume 146; 1 Corinthiens 9, 16-19.22-23; Marc 1, 29-39

8 février 2015 | 10:11
par Barbara Fleischmann
Temps de lecture : env. 4  min.
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