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Homélie

Homélie du 10 septembre 2023 (Mt 18, 15-20)

Bernard Litzler, diacre – Eglise du Saint-Esprit, Lausanne

Frères et sœurs,

On dit toujours qu’en Suisse il vaut mieux avoir des dettes. Car on peut déduire les intérêts de la dette de sa déclaration de revenus. Assurément saint Paul aurait été un mauvais Suisse, car il dit aux Romains : « N’ayez de dette envers personne, sauf celle de l’amour mutuel ». La seule dette à régler en régime chrétien, c’est celle de l’amour les uns pour les autres.
De fait, Paul, bon connaisseur de la loi juive, en rappelle certains principes : ne pas tuer, ne pas voler, ne pas mentir, ne pas commettre d’adultère. Mais il rappelle aussi ce qu’il a reçu du Christ : tout se résume dans le commandement de l’amour du prochain.

Le Christ ouvre le chemin de l’amour mutuel

« Le plein accomplissement de la Loi, c’est l’amour », dit Paul. Le plein accomplissement… Jésus, sur la croix, a dit dans son dernier souffle : « Tout est accompli ». L’amour de Dieu trouve là son accomplissement : Jésus meurt pour le salut du monde.
Sur le Golgotha, le ciel et la terre se rencontrent : le désir de Dieu et le désir de l’homme se rejoignent dans le dernier acte de la vie terrestre du Christ, avant sa résurrection. Condamné comme un brigand, le Crucifié meurt en prenant sur lui le péché du monde.
Mais l’aube de Pâques va tout changer : le péché est mis au tombeau avec Jésus pour être transformé. Le Christ ouvre pour ses amis le chemin de l’amour mutuel. Oui, le monde nouveau est possible lorsque nous devenons réellement frères et sœurs.

De fait, nous nous sentons comme des apprentis sur ce chemin. Aimer tout le monde, c’est possible ? Ce mouvement intègre, d’abord, l’amour de Dieu pour le monde. « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son fils unique », écrit saint Jean. Il y a aussi l’amour de l’autre, des autres. Ce n’est pas toujours facile, nous le savons.
Saint Paul lui consacre une des plus belles pages, dans la première Lettre aux Corinthiens : « J’aurais beau parler toutes les langues des hommes et des anges, s’il me manque l’amour, je ne suis qu’un cuivre qui résonne, une cymbale retentissante… » « L’amour prend patience ; l’amour rend service ; l’amour ne jalouse pas ; il ne se gonfle pas d’orgueil ; il ne cherche pas son intérêt ; il ne s’emporte pas ; il n’entretient pas de rancune ».

En matière d’amour, on peut se sentir en apprentissage permanent

En matière d’amour de Dieu et du prochain, on peut se sentir en apprentissage permanent, même à 80 ans. C’est un chemin exigeant, mais c’est un chemin de plénitude, un chemin de joie. Car Dieu nous a aimés le premier.
Jésus, vrai fils d’Israël, a partagé la longue histoire du peuple « à la nuque raide », fidèle à la Loi de Yahvé. Les dix commandements et les prescriptions du Deutéronome sont venus renforcer cette fidélité. Mais Jésus vient accomplir la loi juive, lui donner une dimension supplémentaire.

L’Apôtre Paul, un érudit et un juif fervent, a été foudroyé par le Christ sur le chemin de Damas. Et la figure de Paul, capitale pour les débuts du christianisme, illustre bien ce passage entre l’ancienne et la nouvelle alliance. Ce que le prophète Jérémie avait annoncé – « Je mettrai ma loi au fond de leur être et je l’écrirai sur leurs cœurs » – Jésus vient le confirmer. Dieu nous donne l’Esprit saint. Et cet Esprit est, en personne, la loi nouvelle gravée dans nos cœurs.

Demander l’Esprit : il vient répandre l’amour de Dieu dans nos coeurs

Alors n’hésitons pas à le demander, cet Esprit qui vient répandre l’amour de Dieu dans nos cœurs. Et vivons-en. C’est vrai, nous nous sentons souvent démunis. Mais Dieu est plus grand que notre cœur. Nous sommes des apprenants, mais nous avons un excellent maître d’apprentissage, l’Esprit envoyé par Jésus.

Ouvrons nos cœurs imparfaits à l’amour de celui qui les élargit. « La loi de Dieu est parfaite, qui redonne vie », dit le psalmiste. Et cette grâce, nous la demandons entre autres dans l’eucharistie. A l’offertoire, avant que le prêtre ne présente à Dieu le vin, fruit de la terre et du travail humain, le prêtre ou le diacre prononce cette invocation : « Comme cette eau se mêle au vin pour le sacrement de l’Alliance, puissions-nous être unis à la divinité de Celui qui a pris notre humanité ». Nous demandons d’être unis à la divinité de Jésus, qui a pris notre chair.

Quelle audace que cette demande : elle rejoint pourtant le cadeau que nous fait le Christ de vivre unis à lui et à son Père. Notre seule dette, l’amour mutuel, peut se vivre quand elle s’enracine en Dieu. « Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux ».

Amen.

23e Dimanche du temps ordinaire
Lectures bibliques : Ezékiel 33, 7-9; Psaume 94; Romains 13, 8-10; Matthieu 18, 15-20

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10 septembre 2023 | 09:35
Temps de lecture : env. 3  min.
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