Homélie du 12 avril 2020 (Jn 20, 1-9)
Abbé Guy Augustin Heffa – Église Ste-Marguerite,Vérossaz, VS
Bien aimés en Jésus Ressuscité,
L’Eglise nous donne d’exprimer la ferveur de notre foi en vivant annuellement le mémorial de la Pâques de notre Seigneur. Une belle occasion ainsi offerte pour laisser nos cœurs battre au rythme du Cœur de Dieu. Est-il encore besoin de rappeler que le Cœur de notre Seigneur Jésus-Christ fonctionne à la densité de l’unique Amour du Père ? Par son Fils donné et offert pour chacun de nous il nous invite à partager sa propre vie. A vivre d’un dynamisme nouveau par l’Esprit pour parvenir par sa miséricorde à la plénitude de l’éternelle musique de la Vie. Nous devons de ce fait, nous laisser entraîner par le flux de grâces de l’Auteur de nos vies. Et comme des fleuves qui convergent pour former mers et océans, nos cœurs assoiffés de Dieu se rejoignent en cette joyeuse messe de la résurrection pour être pacifiés de la force transformatrice et purificatrice de notre baptême par l’Esprit de vérité et de paix.
Vaincre avec la force du Ressuscité
Le saint père François nous exhortait le 27 mars dernier à avancer par ces temps de pandémie avec espérance et confiance, car Jésus est aux commandes de la barque qu’est l’Eglise pour nous affranchir de nos peurs et soulager nos attentes d’un retour à la vie normale. Que de vagues et vents contraires avons-nous connus ces jours partout dans le monde ? Ces tristes expériences loin de nous distraire, car Dieu n’est pas distrait, devraient renforcer nos convictions individuelles et collectives pour laisser s’exprimer l’espérance qui est en nous. L’impatience est là. Le désarroi et même le découragement. Ne nous laissons pas vaincre. C’est à nous de vaincre solidairement avec la force du Ressuscité. Laissons même nos cœurs se déchirer comme le rideau du Temple. C’est la condition pour ouvrir les fenêtres de nos cœurs depuis nos balcons comme nous le faisons ces jours-ci avec nos bougies allumées, professant ainsi la force de la foi pour que la vie et la Lumière de Dieu viennent éclairer la nuit de nos peurs, de nos soucis individuels et communautaires.
Sans doute, nous en sortirons grandis et formerons une fraternité nouvelle qui changera notre vivre-ensemble et portera bien au-delà du simple souvenir, la mémoire toujours vivante de ceux qui nous ont quittés ces temps derniers. Avec confiance et espérance comme une famille de baptisés, laissons-nous convaincre de ce que le grain jeté en terre germera pour la vie éternelle et que les cœurs blessés refleuriront dans le cœur de notre Père qui est aux cieux.
Travaillons à changer nos coeurs
Avançons sans peur ni pour les projets retardés ou non réalisés et mesurons nos succès et nos performances futurs dans le temps de Dieu qui est espace de grâce. Après avoir vécu ce temps de carême assez spécial dans un confinement spirituel et de remise en question, d’interrogations et d’acceptation de notre fragilité humaine, fortifiés par le renouvellement de notre engagement baptismal, ensemble travaillons à changer nos cœurs en profitant de la miséricorde qui, comme l’a si bien souligné la pape François, est la « maladie de Dieu ».
Inventons de nouveaux rapports sociaux
Améliorons et au besoin, inventons de nouveaux rapports sociaux pour un nouvel ordre mondial qui sache refréner notre envie infinie de possession. Dans cette mouvance, nous ne devons pas perdre de vue une autre pathologie bien actuelle et autant dévastatrice qui confine nos frères et sœurs à vivre dans les conditions inhumaines. Il s’agit de nos frères et sœurs, fugitifs et migrants de tout bord abandonnés à eux-mêmes et vivant presque dans la poubelle de l’histoire. Nous ne pouvons ne pas penser à ces dizaines de milliers de personnes qui vivent dans les camps bondés et fermés exposés au danger de la violence, de la faim, des maladies sur les îles et la terre ferme de la Grèce et dans les pays en guerre. (cf. Charte de la migration et Appel de Pâques de milieux d’Eglise au Conseil fédéral du 08.4.20). Notre organisation et notre solidarité devraient aussi en tenir compte pour offrir à toutes ces personnes des possibilités de vie meilleure et d’accueil. C’est la condition pour repartir du Ressuscité et inscrire notre vivre-ensemble dans une dynamique qui assume les différences et non les silences complices des indifférences.
Alors notre joie pascale sera nourrie par ces mots de Paul « (…) La création tout entière gémit (…) Elle passe par les douleurs d’un enfantement qui dure encore (…) Pourtant elle a gardé l’espérance – Comme nous les hommes – d’être elle aussi libérée de l’esclavage et de la dégradation, pour connaître la liberté de la gloire donnée aux enfants de Dieu » (Romains 8, 20-22). En nous laissant renouveler dans cette éternelle nouveauté de la Parole de Dieu, devenons des « hommes nouveaux » par des politiques novatrices en marche sous la Lumière et l’Esprit du Ressuscité pour nous libérer et libérer le monde. Amen!
DIMANCHE DE PÂQUES – LA RÉSURRECTION DU SEIGNEUR
Lectures bibliques : Actes 10, 34a.37-43; Psaume 117, 1-2, 16-17, 22-23; Colossiens 3, 1-4 ou 1 Co 5, 6b-8;: Jn 20, 1-9
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