Homélie du 14 décembre 2014
Prédicateur : Mgr Johan Bonny, évêque d’Anvers et Mar Ignace Aphrem II
Date : 14 décembre 2014
Lieu : Cathédrale Notre-Dame d’Anvers
Type : tv
Frères et soeurs,
Au cours de cette eucharistie, nous prions à plusieurs reprises et avec insistance pour la paix.
Une des dernières prières avant la communion est celle de l’Agneau de Dieu. La troisième et dernière fois, nous prions: «Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde, Donne-nous la paix. Dona nobis pacem».
L’Agneau de Dieu c’est Jésus-Christ. Il était et est le Verbe de Dieu fait homme. Non violent et plein de miséricorde, il est venu à la rencontre des hommes. Il a appelé au pardon et à la réconciliation. Il a même franchi un pas de plus. Il s’est chargé du péché des hommes et du mal de ce monde. Comme une brebis sans défense, Il a été mené à l’abattoir.
Condamné au supplice de la croix, il a donné sa vie en rançon pour la multitude. Sa résurrection nous a fait renaître. L’arbre de vie a remplacé celui de la souffrance. Le premier et le plus beau fruit de cet arbre est celui de la réconciliation et de la paix.
Premier cadeau que Jésus nous offre lors de chaque eucharistie. C’est ce premier don qui aujourd’hui nous unit dans la prière. Dans l’Evangile, Jésus dit à ses disciples: «Si deux d’entre vous sur la terre, se mettent d’accord pour demander quoi que ce soit, cela leur sera accordé par mon Père qui est aux cieux» (Mt. 18, 19).
Ensemble avec nos frères et sœurs des différentes Eglises et communautés ecclésiales du monde entier, nous adressons notre prière pour la paix au Père.
Ces trois jours a lieu à Anvers, la rencontre internationale «Religion et Cultures en dialogue» organisée par la communauté Sant’Egidio en collaboration avec le diocèse et la ville d’Anvers.
Cette rencontre annuelle a lieu dans l’esprit de la première rencontre d’Assise, en 1986 à l’invitation du Pape Jean-Paul II. Outre les chrétiens, des dirigeants et représentants d’autres religions du monde prennent également part à cette rencontre. Nous souhaitons dialoguer ensemble dans une atmosphère fraternelle et de réconciliation et lancer un signal à notre société et à la communauté mondiale.
En tant que religions, nous avons tout à gagner dans un monde où règne la paix et souhaitons pleinement y contribuer.
Cette rencontre internationale se déroule à Anvers, juste cent ans après les ravages de la Première Guerre mondiale dans notre ville et notre région. De nombreux soldats sont morts et beaucoup ont quitté la ville en d’interminables colonnes de misère et d’incertitude. Quelques jours plus tard a commencé le combat mortel qui dura quatre ans sur un front s’étendant de l’Yser à la Somme.
En ces jours, nous nous souvenons dans la prière de toutes les victimes de la Première Guerre mondiale. Mais pas seulement d’elles… Nous sommes également unis à toutes les victimes actuelles de guerres et de violences sur les fronts si nombreux de notre monde. Avec eux et tous ceux qui aspirent à la paix, nous prions: «Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde, donne-nous la paix. Dona nobis pacem».
Amen.
Homélie de Sa Sainteté Mar Ignace Aphrem II, patriarche d’Antioche et de tout l’Orient et Primat de l’Eglise syriaque orthodoxe
Au nom du Père et du Fils
et de l’Esprit Saint, seul véritable Dieu, Amen.
Votre excellence Mgr Johan Bony, Votre Béatitude Patriarche Sako,
Vos éminences et excellences,
Frères et Sœurs en Christ,
Deux disciples faisaient route vers Emmaüs lorsqu’ils rencontrèrent un étranger. Ils s’entretenaient de ce qui était arrivé au Seigneur. Après avoir parcouru un bout de chemin ensemble, ils s’assirent ensemble et rompirent le pain. À la manière dont cet étranger rompit le pain avec eux, ils le reconnurent: c’était lui, le Seigneur.
Il était avec eux depuis tout un temps, mais ils étaient incapables de voir sa véritable identité. Sa présence parmi eux montre bien ce que nous venons d’entendre dans l’Evangile: «Car il n’y a pas deux ou trois rassemblés en mon nom auprès desquels je ne sois pas au milieu d’eux»
En effet, notre Seigneur est un Dieu qui n’est jamais éloigné. Il demeure parmi nous lorsque nous nous réunissons en Son nom. Son nom même «Emmanuel», traduit par l’Ange en «Dieu avec nous», reflète sa présence parmi nous et décrit ses rapports avec nous. C’est une relation d’être ›avec’ et non ›pour’ ni ›au-dessus’.
Cela nous montre, chers frères et sœurs, que notre Seigneur désire demeurer parmi nous. Cela montre qu’Il veut se mêler à nous afin que nous puissions retourner à l’état de gloire qui fut jadis le nôtre.
Un Père de l’Eglise du 5e siècle, saint Jacques de Saroug, surnommé «la harpe de l’Esprit saint», qui fut un grand docteur de l’Eglise syriaque orthodoxe, décrit cette idée ainsi:
(texte dit en arabe)
« La compassion Vous a mêlé parmi les humains qui s’étaient égarés. En agissant ainsi, Vous les avez retrouvés pour les ramener sur le droit chemin. Vous êtes devenu l’un de nous et Vous voici notre compagnon, Emmanuel qui est venu pour libérer les esclaves de son Père.»
De nos jours, il est devenu difficile d’être conscient de la présence de Dieu parmi nous, au milieu de tous les troubles et les difficultés dans notre vie. En réalité, notre existence quotidienne déborde d’expériences diversifiées de sorte que nous sommes parfois aveugles pour les petites choses qui montrent clairement que Dieu est présent parmi nous et qu’il veille sur nous avec sa divine Providence.
Afin d’éviter cette cécité spirituelle, le psalmiste chante: «Ouvre mes yeux: je verrai les merveilles de ta loi». Une fois que les yeux de notre esprit se sont ouverts, nous sommes en mesure de voir la présence de Dieu parmi nous dans les petits événements de notre vie et d’apprécier la grandeur et la majesté de notre Créateur.
Dieu est présent parmi nous, mes frères et sœurs, lorsque nous apercevons la lueur d’espoir dans les yeux d’un enfant contraint de fuir sa maison et de quitter sa ville de Mossoul en Irak, en route vers un destin inconnu.
Cet enfant garde l’espoir parce qu’il croit que Jésus est avec lui et ne l’abandonnera pas, tout comme Dieu a précédé le peuple d’Israël dans une colonne de nuée ou une colonne de feu lors de la sortie de l’Egypte.
Dieu est présent parmi nous quand nous voyons un père dont toute la famille a été tuée – père, mère, épouse et deux enfants – dans des tueries barbares à Sadad, en Syrie, un père qui demeure néanmoins capable de sourire paisiblement et de se soumettre volontiers à la volonté de Dieu qu’il sait proche dans sa détresse.
Car que représentent ces exemples, sinon la force de l’Esprit saint, qui rend fort et donne une paix intérieure au milieu d’un monde agité?
Et qu’arrive-t-il lorsque nous sommes en mesure de voir que Dieu est parmi nous?
Alors, nous pouvons récolter les fruits de l’Esprit saint: «Charité, joie, paix, longanimité, serviabilité, bonté, confiance dans les autres, douceur, maîtrise de soi» (Galates 5, 22).
Je vous le dis sincèrement: nous sommes capables de célébrer malgré les malheurs que nous pouvons rencontrer et le désespoir qui risque de nous envahir. Les fruits de l’Esprit saint sont doux et affirment la vie. Ils nous rendent capables de révéler le véritable sens de notre vie qui est de célébrer Dieu et sa présence parmi nous.
Que le Seigneur Jésus-Christ, présent parmi nous, qui nous réunit en Son nom, nous accorde sa grâce et nous donne de pouvoir ressentir encore et encore sa présence parmi nous.
Amen.
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