"Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes: je ne suis pas venu abolir, mais accomplir." | Wikimedia Commons
Homélie

Homélie du 16 février 2020 (Mt 5, 17-37)

Abbé Pascal Lukadi – Chapelle de Glace, Leysin, VD

« La justice chrétienne »

Chers frères et sœurs,

Dans cette page de l’Evangile de Matthieu, Jésus nous appelle à surpasser la justice des Scribes et des Pharisiens, pourtant très fervents dans le monde juif contemporain au Christ. Et comment y arriver, sinon mettre ses pas dans ceux de Jésus, le choisir Lui, et nul autre.

En effet, Jésus est le chemin et la Vie (Jn 14,6). Et, il ne propose pas d’autre voie que Lui-même. Oui ! comme la Loi trouve son accomplissement dans sa personne même, il peut se permettre de dire qu’il accomplit cette Loi.

Mettre ses pas dans ceux de Jésus

C’est une vérité qui peut heurter, voire déconcerter. Ainsi, pour l’entendre, il convient d’adhérer à son message, croire qu’il est le Christ, le Fils de Dieu ; croire aussi que par Lui, le salut est entré dans le monde. Il faut donc être chrétien, devenir disciple de Jésus en mettant ses pas dans les siens.

Être chrétien n’a rien avoir avec l’accroissement des principes, mais suivre Jésus dans tout ce que sa vocation implique. La démarche du Christ est plus exigeante, mais en même temps douce. Voilà pourquoi être chrétien c’est s’abandonner à l’Amour du Christ, se faire tout petit entre les bras de Celui qui peut tout en nous, par son Esprit. Ainsi que nous renseigne la petite voie de Thérèse de Lisieux : « Vivre d’Amour, c’est donner sans mesure, sans réclamer de salaire ici-bas. Ah ! sans compter je donne étant sûre que lorsqu’on aime, on ne calcule pas ! »

Invités à la liberté

Nous venons de l’entendre de la bouche d’un grand sage d’Israël, le fils de Sira : les choix fondamentaux de l’homme dépendent de sa liberté. Et avoir le choix donne surtout l’occasion d’exercer notre liberté. Cette liberté que Dieu respecte, que l’homme choisisse le bien ou le mal (parce que l’homme a toujours le choix). Et parce que l’existence de l’homme compte à ses yeux, l’appel qu’il nous lance est d’abord et avant tout une rencontre. C’est en se laissant accueillir par le Christ que l’homme découvre le chemin à prendre. Tout simplement parce que Dieu l’invite à la liberté. Il sied d’opérer des choix courageux capables de nous conduire à suivre le Christ dans notre vie de famille, dans la société, dans tout engagement pour les autres.

La loi du Seigneur n’est pas hors de notre portée

Ce que Dieu propose, c’est de contempler son Fils Jésus à l’œuvre dans le monde, et de nous laisser associer à cette œuvre, par plus d’amour, plus de justice, plus de sens de service, plus de pardon. L’essentiel n’est pas que ce soit visible aux yeux des hommes mais que cela soit vivant. Il s’agit donc de se laisser transformer en profondeur. Cela en douceur. Et dans dix jours, nous commençons le carême qui nous y prépare. Mais l’aujourd’hui de Dieu, c’est maintenant. Il n’est pas question d’attendre ni de se limiter à ce qu’il faut faire pour être dans les bonnes normes, mais d’aller jusqu’à refuser de se mettre en colère ou d’avoir un regard de convoitise. C’est donc aller jusqu’au bout ou le plus possible, pour que notre «oui« soit «oui« et que notre «non« soit «non«. Voilà un rappel des deux voies du Deutéronome (30, 14-20) qui ajoute que la Loi du Seigneur n’est pas hors de notre portée.

Même s’il n’est pas facile de faire le bon choix, ou même de discerner si le choix que nous avons fait est bon, nous sommes placés devant nos responsabilités. Si tu le veux, tu le peux, et l’ancien président des Etats-Unis d’Amérique disait « Yes, We can ».

Oui, notre salut est en Dieu seul, Lui qui nous connait et qui nous aime mieux que nous-mêmes, mettons-nous dans les dispositions pour l’entendre dans le silence de notre cœur, là où son Esprit demeure. Son Esprit qui scrute le fonds de toutes choses, nous rendra capables d’accueillir son Messie Crucifié par l’inconscience des hommes. Pas donc besoin de renoncer à notre intelligence et à notre connaissance, même si elles ne suffisent pas. La foi peut bien sûr nous dérouter, la logique de Dieu n’étant pas la nôtre, parce qu’être disciple d’un Crucifié n’est pas de l’ordre de l’évidence, ni de la facilité. La Résurrection est la réponse de Dieu en laquelle nous mettons notre espérance. Voilà notre assurance !  

C’est elle qui nous revigore, malgré nos faiblesses, nos fatigues, nos migraines, nos soucis familiaux ou de travail, et qui nous envoie semer la Bonne Nouvelle pour redynamiser nos familles, nos paroisses et nos communautés afin que, en accueillant la grâce de Dieu au creux de nos misères, nous devenions les vrais missionnaires et que nos communautés  deviennent des lieux de vie pour tous. Et Dieu en sera glorifié ! Amen !

6e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
Lectures bibliques : Siracide 15, 15-20; Psaume 118, 1-2, 4-5, 17-18, 33-34; 1 Corinthiens 2, 6-10; Matthieu 5, 17-37

«Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes: je ne suis pas venu abolir, mais accomplir.» | Wikimedia Commons
16 février 2020 | 09:46
Temps de lecture: env. 3 min.
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