Homélie du 16 juin 2013
Prédicateur : Abbé Marc Donzé
Date : 16 juin 2013
Lieu : Eglise Notre-Dame, Vevey
Type : tv
La femme de mauvaise vie, Jésus l’accueille.
Et comment ! Il n’aurait jamais dû faire cela. C’est du moins le point de vue de Simon le Pharisien, chez qui Jésus prend son repas. « Si cet homme était prophète, il saurait qui est cette femme qui le touche et ce qu’elle est : une pécheresse ». Et donc, il ne se laisserait pas toucher. Cela pourrait être aussi notre point de vue : tout de même, il y a des choses qui ne se font pas !
L’accueil de Jésus est d’une largesse d’esprit, de cœur et de corps pour le moins étonnante. Il se laisse baigner de larmes, de parfums, couvrir de baisers par une pécheresse, donc par une exclue de la société juive. Et non seulement, il se laisse aimer, mais encore il donne le pardon de Dieu : « Tes péchés sont pardonnés. Ta foi t’a sauvée. Va en paix ! ».
Il est frappant de voir que cet accueil est un échange. Et même un admirable échange. En fait, c’est d’abord la femme qui fait les gestes de l’accueil pour Jésus : lui lave les pieds, le parfume. C’est d’abord la femme qui offre son amour et son désir d’être pardonnée. Elle ose le faire, parce qu’elle sait que Jésus est plein de miséricorde et que, par là même, il est pleinement accueillant.
Et Jésus accueille cet amour débordant de larmes. Et il donne, avec une haute simplicité, le pardon, la paix, la réconciliation. Admirable échange.
Cela nous interroge sur le pardon. Il est présenté souvent de manière unilatérale. Dans sa grande miséricorde, Dieu pardonne ! Et c’est tout ! Mais non, Dieu nous considère comme des personnes responsables, capables d’amour et de changements. Et il attend cet amour et ce changement.
Admirable échange : pour que le pardon ait lieu, il faut la miséricorde de Dieu – elle est toujours là – et, de notre part, l’offrande de la confiance et d’un amour qui renaît ou qui veut renaître.
Comme le dit saint Paul : « on devient justes, non pas par nous-mêmes, mais par la foi en Jésus-Christ et par l’amour qu’Il nous donne ».
Voilà donc que l’accueil et le pardon sont un admirable échange pour Dieu et pour les autres.
Aujourd’hui, dimanche des réfugiés, nous sommes encore interpellés d’une façon différente sur notre manière d’accueillir et d’échanger. Comment accueillir ceux qui frappent à notre porte pour des raisons politiques, économiques, sociales…et le plus souvent dans une grande détresse ?
La question se pose pour chaque personne. Mais encore plus, elle se pose de groupes à groupes, d’Etat à Etat. Il faut reconnaître que c’est très compliqué, tant le nombre des requérants d’asile est grand et est, hélas, appelé à grandir.
Du point de vue de l’Evangile, il faut poser d’abord que l’hospitalité est une valeur très importante. Cela remonte d’ailleurs jusqu’à Abraham ! Par son sens de l’hospitalité, il a même accueilli des anges, qui lui annoncèrent la naissance future de son fils Isaac. L’hospitalité a ses divines surprises…
Abraham se souvenait qu’il avait été un « Araméen errant », accueilli dans bien des endroits comme un frère. Et il le rendait bien. Il avait le sens de l’échange. A la suite d’Abraham, le peuple juif avait reçu mission de prendre un égard particulier pour « le pauvre, la veuve et l’étranger ». Ce ne fut pas toujours réussi, mais l’injonction reste.
L’accueil à la manière de l’Evangile nous invite à deux attitudes fondamentales : le respect de la dignité des personnes. Et la générosité. La plus grande générosité possible.
Mais nous savons bien que la générosité a des limites. Sur une barque qui contient 100 personnes, on ne peut pas en mettre 200, hélas !
La question qui se pose à nous – et aux collectivités publiques – devrait continuer d’être la suivante :
Comment respecter pleinement la dignité des personnes ?
Et comment être le plus généreux possible dans notre pays prospère et qui a tant à partager ?
Et plus profondément encore : comment faire de l’accueil des réfugiés un échange, car ils ont aussi quelque chose à nous apporter.
Les réponses sont compliquées et forcément partielles, je le sais. Mais elles devraient toujours s’inspirer des questions fondamentales de la vraie hospitalité.
Accueillir c’est un échange.
Pour ce faire, il faut avoir les bras ouverts, en signe et disponibilité et de don.
Avec Jésus-Christ, je peux prendre le risque de les ouvrir.
Et ce qui se passe alors fait circuler l’amour, le pardon, les petites résurrections d’un jour et la grande Résurrection de toujours.
Amen.
11e dimanche du temps ordinaire
Lectures bibliques : 2 Samuel 12, 7-10.13; Galates 2, 16.19-21; Luc7, 36–8, 3
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