Homélie du 16 novembre 2014
Prédicateur : Abbé François-Xavier Amherdt
Date : 16 novembre 2014
Lieu : Abbaye de la Fille-Dieu, Romont
Type : radio
UNE ÉGLISE QUI PORTE DU FRUIT, COMME LA FEMME VAILLANTE
- Une Église qui prend des risques
1.1. « Je préfère une Église accidentée, blessée et sale pour être sortie sur les chemins, plutôt qu’une Église malade de son enfermement et qui s’accroche confortablement à ses propres sécurités. […] Plus que la peur de nous tromper, j’espère que nous anime la peur de nous renfermer dans les habitudes où nous nous sentons tranquilles, alors que, dehors, il y a une multitude affamée, qui a faim de pain, qui a soif de miséricorde, qui a besoin [faim et soif] de Dieu. »
1.2. Une Église accidentée, en sortie, audacieuse, qui n’a pas peur de répondre à la soif spirituelle des gens
1.3. Ces propos vigoureux de notre pape François, dans son Exhortation La joie de l’Évangile, résonnent en écho – c’est cela la vraie catéchèse, donner écho à la Parole «»’ [résonnent en écho] à la parabole dite des talents.
Ce que le Seigneur souhaite, affirme encore le Pape en présentant son programme missionnaire en cinq temps pour tous les baptisés, c’est
1) que nous prenions des initiatives et des risques ;
2) que nous nous impliquions à fond ;
3) que nous accompagnions chacun avec patience ;
4) que nous portions du fruit, que nous fassions fructifier nos talents ;
5) et enfin que nous fêtions, comme ce matin avec vous, les auditeurs, les malades.
- Porter du fruit
2.1. « La gloire de mon Père, c’est que vous portiez du fruit », clame Jésus. Que nous ayons cinq, deux ou un talents, peu importe. [Chacun reçoit selon ses capacités.] De toute façon, déjà UN talent, c’est une somme colossale. Un talent pesait de 35 à 60 kilos de métal et valait à l’époque environ 150’000 francs-or !
2.2. Ce qui compte, en attendant la venue du Christ, c’est de faire quelque chose de ce que nous avons reçu, dans la confiance. Les talents, c’est la foi, l’espérance, la charité. Ce sont les dons de l’Esprit à notre baptême, c’est la grâce de l’Évangile, ce sont les sacrements, c’est la vie de Dieu en nous.
Accueillons-la à coeur ouvert. Déployons-la au maximum. Prenons des risques pour le Seigneur. Comme les saints, soyons des fous d’audace, des fous de l’Évangile. Ne vivotons pas frileusement, recroquevillés sur nous-mêmes, en attendant que quelque chose arrive tout seul. Car rien n’arrive jamais tout seul.
2.3. Vous savez quelle était l’unique peur de Vincent de Paul, l’apôtre des miséreux ? Ne pas en faire assez pour les pauvres. Vivons, soyons davantage. Pas comme le serviteur peureux qui a reçu un talent : en fait, il ne connaissait pas bien son maître, et il est allé enterrer son argent.
2.4. Non, à l’exemple de la petite Thérèse de Lisieux, jouons à la Banque de l’Amour. « Il y a des gens, confie-t-elle, qui gagnent bien leur vie à petite échelle, comme des marchands des quatre saisons, sou par sou. Moi, je joue à la Banque de l’Amour. » À ce jeu, nous risquons gros, nous risquons tout. Nous risquons de « perdre » notre vie, mais pour hériter de la vie éternelle. Car c’est sur l’amour seul que nous serons pesés.
2.5. Au couchant de notre existence, Dieu nous demandera : « Quelle fleur as-tu fait germer, à partir des graines que j’ai plantées dans ta terre ? As-tu produit le « double » de ce que je t’ai remis ? » Le « double » à reproduire, c’est l’image du Fils à qui nous devenons conformes par l’Esprit, [dont nous devenons le double].
Alors nous lui répondrons, comme les deux premiers serviteurs de la parabole : « Voici le double de ce que tu m’as donné ». Le coeur du Père bondira d’allégresse lorsqu’il reconnaîtra en nous l’image de son Fils. Il nous dira : « Très bien, mon fils, ma fille, mon ami, entre dans la joie de ton Maître ! »
2.6. En ce que nous faisons, en ce que nous sommes, il y va de la joie éternelle auprès du Christ. Comme le pain de la fête est en jeu dans les semailles d’automne. Comme le vin de la noce dépend de la sève qui dort en hiver. À la banque de l’Amour, la seule peur, c’est de ne pas faire suffisamment fructifier notre capital de jours et d’années !
- Des femmes vaillantes
3.1. Dieu nous prend donc au sérieux, il nous veut partenaires d’alliance. Il compte sur nous. Il nous comble de son Esprit pour faire de nous des collaborateurs à son oeuvre de sanctification.
3.2. Des collaborateur(s) et des collaboratrice(s). Telle cette femme vaillante et audacieuse que dessine sous nos yeux émerveillés le Livre des Proverbes. Femme digne de confiance, source de bonheur pour son époux et sa famille, sa communauté. Femme dont les doigts s’ouvrent en faveur du pauvre. Femme laborieuse, célibataire, mariée, seule, consacrée, dont les mains travaillent avec entrain, dont le coeur abrite les petits et s’ouvre à l’infini. Femme dont tous font l’éloge sur la place publique, tant son audace et son courage fascinent. Femme adorant le Seigneur, risquant sans cesse sa vie, au service des autres.
3.3. Où trouver de telles femmes, qui font fructifier le talent de grâce en leur existence ? À Romont, à Sion, dans chaque cité et chaque village de Suisse romande. Dans les plus humbles demeures, dans les entreprises, les charges publiques, les associations, les mouvements. Dans les conseils pastoraux, les groupes de catéchèse, les aumôneries, les diaconies.
3.4. [J’en ai connu de ces femmes fortes sur qui l’univers repose, de ces colonnes d’avenir, mes grands-tantes de Saint-Martin en Valais, dont certaines avaient 14 ou 16 enfants, travaillant la terre, fréquentant l’église tous les dimanches sans exception, capables d’une hospitalité sans limite.]
3.5. Où trouver de telles femmes vaillantes aujourd’hui ? Ici, dans cette Abbaye cistercienne de la Fille-Dieu, femmes vaillantes et aimantes, qui offrent leur vie pour la louange du Seigneur, gratuitement, et font respirer ainsi la paroisse, le diocèse, le monde autour d’elles. Comme des espaces verts font respirer une ville.
- L’Église
4.1. Cette femme, c’est notre Église catholique, épouse du divin époux. Une Église vigilante dans la foi, espérant avec ferveur le retour du Maître. Une Église en sortie, qui prend le risque de se salir sur les chemins, qui ose des initiatives inédites et des paroles nouvelles pour le monde, comme lors du prochain Synode sur la famille, en octobre 2015.
4.2. Qui, dans le sillage du pape François, préfère les godillots aux pantoufles.
4.3. À l’image de Marie, vaillante, vigilante, visionnaire, les trois « V » de la Vierge. Femme prophétique et audacieuse, de l’Annonciation à la Croix.»
François-Xavier Amherdt, proverbes, Thessaloniciens, matthieu, Eglise, femme
33e dimanche du temps ordinaire
Lectures bibliques : Proverbes 31, 10-13.19-20.30-31; Psaume 127; 1 Thessaloniciens 5, 1-6; Matthieu 25, 14-30
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