Homélie du 1er janvier 2023 (Lc 2, 16-21)
Solennité de Marie, Mère de Dieu et de la journée mondiale de la paix
Abbé Aimé Munyawa – Eglise Saint-Joseph, Lausanne
Chers frères et sœurs, et vous tous, bien-aimés de Dieu qui nous suivez à travers les ondes de la RTS,
Nous savons que toute messe, toute eucharistie, est une action de grâce, mais celle-ci l’est encore à plus d’un titre :
Action de grâce pour cette nouvelle année civile qui commence à la suite de celle qui nous venons de boucler.
Action de grâce pour la maternité divine de notre mère céleste, la très sainte vierge Marie.
Action de grâce enfin pour la journée mondiale de la paix, cette paix dont nous avons intensément besoin en ces jours.
Chers frères et sœurs,
Nous venons de clôturer l’année 2022 dans un contexte assez particulier. La sortie du Covid-19 qui ne fait que soulever des espoirs timorés. Des conflits armés de haute intensité à travers le monde contraignant ainsi des millions de déplacés dans des conditions inhumaines et dégradantes. Ces conflits ont emporté des millions des vies humaines, des morts inutiles, des morts de trop pour rien. Ces derniers temps, la guerre a pointé à nos portes par l’Ukraine avec le grand risque du débordement nucléaire ou d’autres armes plus dangereuses.
La fin de l’année 2022, c’est aussi l’émergence accrue des intérêts économico-financiers qui prennent en otage la question écologique et imposent l’omerta sur l’état réel de notre maison commune : la planète.
C’est aussi l’année des clivages où se creuse davantage le fossé entre les pays du nord global et ceux du sud global, entre les riches et les pauvres, etc.
C’est aussi la montée de l’indifférence religieuse. Comme à la naissance du Christ il n’y a toujours pas assez d’espace pour lui dans les places communes en faisant de Jésus le plus grand absent de Noël (Sapin de Noël sans crèche ou Joyeuse fête au lieu de joyeux noël). Dieu est délogé de nos centres de vie pour être relégué dans les périphéries. Bref, une société de créatures sans Créateur.
Confier cette nouvelle année au Seigneur pour qu’elle soit bénie pour toute l’humanité
Malgré toutes ces situations lugubres et exsangues, nous avons raison de dire merci au Seigneur parce que nous sommes là. Nous avons certes perdu des amis, des proches, etc. mais la providence divine a voulu que nous soyons encore là et disons merci au Seigneur en lui confiant cette nouvelle année pour qu’elle soit bénie pour toute l’humanité. La bénédiction ne sera pas certes la disparition des problèmes ou des souffrances, mais plutôt la certitude de son amour et de sa présence. Pour la nouvelle année, en empruntant les paroles du Seigneur exprimées dans la première lecture, je vous adresse ses bénédictions : « Que le Seigneur vous bénisse et vous garde ! Que le Seigneur face briller sur vous son visage, qu’il vous prenne en grâce, qu’il tourne vers vous son visage et vous apporte la paix ».
En Marie, Dieu a scellé la nouvelle alliance avec l’humanité
Quant à la solennité de la maternité divine de Marie dont il est question aujourd’hui, nous célébrons le plus grand titre ou privilège reconnu à Marie notre mère. C’est en 431 que le Concile d’Ephèse reconnait à Marie non seulement le titre de mère de Jésus, mais aussi celui de mère de Dieu (théotokos en grec). Le concile a reconnu que, dès les premiers instants de la conception, Marie a porté en elle le fils de Dieu, de même nature que son Père. Sous l’action de l’Esprit Saint, le Verbe s’est fait chair dans le sein de la Vierge Marie sans pour autant renoncer à sa propre nature divine. Par son obéissance, Marie a donné à Dieu sa chair dont il avait besoin pour sceller la nouvelle alliance avec l’humanité quand il dira : ceci est mon corps, ceci est mon sang pour la nouvelle alliance. Le verbe de Dieu reçoit l’humanité en Marie et devient l’Emmanuel (Dieu avec nous). La maternité divine est lourde de conséquences pour nous croyants. Elle nous signifie que nous ne croyons pas en une idée, un principe, un Dieu lointain, mais plutôt en un Dieu qui marche avec nous et qui agit dans notre histoire humaine parce que Dieu est désormais lié l’Homme. En ce sens, Marie a été le premier tabernacle vivant qui a porté Dieu pour l’offrir au monde en nous disant : « faites tout ce qu’il vous dira ».
Les bergers viennent trouver l’enfant couché dans une mangeoire. C’est le signe que le nouveau-né sera pour le monde, une nourriture qui donne non pas la vie qui passe, mais la vie éternelle. Quand il nous dira : « je suis le pain vivant qui est descendu du ciel. Si quelqu’un mange de ce pain il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, que je donnerai pour la vie du monde ». Au cours de la messe, chaque fidèle qui reçoit le corps du Christ, devient lui aussi, à la suite de Marie, un tabernacle vivant qui porte Dieu pour l’offrir à notre temps et à notre société.
Nous devenons des lieux privilégiés de l’incarnation de l’amour de Dieu
Chers frères et sœurs avons-nous souvent conscience de ce grand privilège dont nous bénéficions en devenant, par la foi, des lieux privilégiés de l’incarnation de l’amour de Dieu ? Vraiment, il grand le mystère de la foi ! La maternité divine de Marie n’est pas une fête doctrinale et absurde, mais elle est la célébration d’une réalité quotidienne de notre foi.
Quelle qu’elle soit la situation dans laquelle on se trouve, on a la certitude qu’on n’est pas seul. Dieu est avec nous et il habite en nous !
Ainsi donc, par la maternité divine de Marie, la divinité vient féconder notre nature humaine pour nous puissions, par la foi, participer à sa nature divine en accueillant Dieu en nous. C’est pour cette raison que le Christ dit : « voici que je me tiens à la porte et je frappe, si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui… »
Le nouveau-né que les bergers viennent visiter c’est aussi le Prince de la paix. Il veut entrer chez nous pour nous transformer en artisans de sa paix. La paix avec nous-mêmes, avec la famille, avec les collègues, les voisins et l’étranger. La paix c’est d’abord une attitude intérieure pour chaque être humain. « Marie, cependant, – nous dit l’évangile – retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur ». Il s’agit de vivre tout ce qui nous arrive à la lumière de Dieu qui est présent en nous. Être à l’écoute de cette présence divine qui est au cœur de nos vies et qui nous fait vivre. La majeure partie de nos conflits qui mettent à mal la paix viennent du fait que chaque personne n’est à l’écoute que de soi-même, de son ego et de ses intérêts. Ne pourrions-nous pas cette année donner assez de place à celui qui habite en cœur, le Prince de la paix, lui qui concilie et réconcilie ce qui pourrait s’opposer ? Lui qui vient nous inviter à développer une nouvelle culture de la vie ?
Sainte Marie Mère de Dieu priez pour nous !
Solennité de Marie, Mère de Dieu
Lectures bibliques : Nombres 6, 22-27 ; Psaume 66 ; Galates 4, 4-7 ; Luc 2, 16-21
Les droits de l’ensemble des contenus de ce site sont déposés à Cath-Info. Toute diffusion de texte, de son ou d’image sur quelque support que ce soit est payante. L’enregistrement dans d’autres bases de données est interdit.