Les précurseurs du Christ avec les saints et les martyrs - Fra Angelico (vers 1423-24)
Homélie

Homélie du 1er novembre 2015 (Mt 5, 1-12)

Chanoine Roland Jaquenoud – Abbaye de Saint-Maurice

Fête de la Toussaint

Lectures bibliques : Apocalypse  7, 2-4.9-14; Psaume 23: 1 Jean 3, 1-3; Matthieu 5, 1-12a


Mes frères, mes sœurs, des journalistes demandaient un jour à Mère Teresa de Calcutta : « On dit que vous êtes une sainte, qu’en pensez-vous ? ». On voit bien le sens de la question. Il fallait la provoquer un peu, que va-t-elle répondre ?

Elle est sans doute humble : « Non, non, je ne suis pas plus sainte qu’une autre » On s’attendait à je ne sais quoi. Mais ce qui est sûr, c’est que la réponse de la sainte fut tout à fait autre. « Mais Monsieur, dit-elle, nous avons tous le devoir de devenir des saints. Et vous avez ce devoir-là vous-même, comme moi » Mes frères mes sœurs, cette réponse de Mère Teresa nous rappelle que l’appel à la sainteté est un appel qui concerne chacun d’entre nous, quelque soit la vocation, le genre de vie qui est le notre. Tous, sans exception, nous sommes appelés à devenir des saints. Et ce jour nous rappelle que seuls les saints entrent dans la présence de Dieu, seuls les saints entrent dans la plénitude de son royaume. Dit de cette manière-là, c’est un peu inquiétant, surtout si l’on regarde notre propre vie. Et pourtant, mes frères mes sœurs, nous n’avons pas d’autre choix.

Devenir un saint ne veut pas dire accomplir de grands exploits.

Devenir un saint ne veut pas dire forcément accomplir de grands exploits. Devenir un saint, cela veut dire devenir l’image parfaite de Dieu, cette image à laquelle nous avons tous été créés. Et qui est Dieu ? Dieu, nous dit saint Jean, est amour. Devenir un saint, cela veut dire apprendre à aimer. Et un jour, lorsque nous saurons aimer parfaitement, sans aucun égoïsme, entièrement donnés, alors mes frères, mes sœurs, ce jour-là, nous entrerons dans la joie de Sa présence, nous le verrons tel qu’Il est, comme nous l’a dit saint Jean aujourd’hui, et c’est pourquoi nous serons comme Lui. Etre à l’image de Dieu, c’est aimer parfaitement. Pas une once d’égoïsme, pas une once d’absence d’amour n’entrera dans le Royaume de Dieu. Cette voie de la sainteté, mes frères mes sœurs, nous ne pouvons la parcourir qu’avec notre Seigneur. C’est lui qui nous donne grâce, par le mystère de Sa mort et de Sa résurrection, par Sa Croix glorieuse, d’apprendre chaque jour, en avançant et en reculant, en tournant à gauche et en tournant à droite, d’apprendre à aimer un peu plus et un peu mieux. C’est cela notre voie, c’est à cela que nous sommes appelés.

Une voie qui passe par le combat spirituel

L’Évangile des Béatitudes, qui est l’évangile de cette fête, nous rappelle deux choses. Cette voie vers la sainteté, c’est une voie qui passe par le combat spirituel : les pauvres de cœur, les doux, ceux qui ont faim et soif de la justice, ceux qui sont miséricordieux, ceux qui ont le cœur pur, ceux qui se battent pour la paix, ceux qui sont persécutés pour la justice, ceux qui donnent leur vie pour le Christ. Tout cela exige de nous un travail sur nous-même, tout cela exige de nous un engagement chrétien, qui n’est pas un engagement du dimanche, qui est un engagement de tout notre être pour apprendre petit à petit à Lui appartenir complètement. Mais l’Evangile des béatitudes nous rappelle aussi que cet engagement –là, que ce travail sur soi-même, que ce combat spirituel, c’est un chemin vers la joie, c’est un chemin de joie. Même dans les larmes et les souffrances du Christ en Croix, il y a au plus profond de lui la joie de faire la volonté du Père, la joie de nous aimer jusqu’au bout, la joie de nous sauver.

Un chemin de joie

Si nous acceptons de nous engager complètement sur la voie de la sainteté, si nous acceptons de prendre le chemin ouvert par les béatitudes, mes frères, mes sœurs, c’est un chemin certes rude, c’est un chemin où l’on peut pleurer, mais c’est un chemin de joie. C’est un chemin d’ouverture à ce qui est le plus important. Et le plus important dans cette vie, le plus important dans ce monde, c’est la charité, c’est l’amour. C’est finalement Dieu, qui est l’amour et la charité.

Mes frères mes sœurs, engageons nous dans ce chemin de béatitude, dans ce chemin de joie. Engageons-nous dans cette voie, pour apprendre à être véritablement heureux, d’un bonheur qui ne passera pas, d’un bonheur qui n’est pas lié à des succès, qui n’est pas lié à un état particulier, mais qui est lié au fait que petit à petit nous nous approchons de notre Dieu, que petit à petit nous devenons semblables à lui, non pas parce que nous sommes meilleurs, mais parce qu’Il nous attire à lui.

Acceptons de prendre le chemin de Ses volontés. Acceptons de dire tous les jours dans notre prière d’une manière profonde « Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel », et alors, mes frères mes sœurs, nous apprendrons vraiment, – Il nous apprendra – à aimer, Il fera de nous des saints.


 

Les précurseurs du Christ avec les saints et les martyrs – Fra Angelico (vers 1423-24)
1 novembre 2015 | 08:15
Temps de lecture: env. 3 min.
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