© Bernadette Lopez/Évangile et Peinture
Homélie

Homélie du 1er septembre 2024 (Marc 7, 1-23)

Chanoine Jean-Michel Girard – Basilique de l’Abbaye de Saint-Maurice, VS

Souvent le Christ met l’accent sur l’opposition entre l’extérieur, l’apparence et l’intérieur, les intentions, le cœur. Pensons par exemple à la parabole du pharisien et du publicain. Celui pour qui l’extérieur compte plus que l’intérieur et où il n’y a pas correspondance entre les deux est qualifié d’hypocrite.

Evidemment, pour Jésus, – et, je l’espère, pour nous aussi – le plus important est l’intérieur car, là, nous sommes réellement nous-mêmes et là est la source de notre comportement. Certes, il n’est pas nécessaire d’opposer l’extérieur et l’intérieur. On peut espérer une belle harmonie entre les deux. Pourtant si Jésus y revient fréquemment et avec énergie, c’est pour souligner un réel danger, celui de mettre la priorité sur le paraître et alors tout est faussé.

Ne pas mettre la priorité sur le paraître

Supposons – c’est un exemple peut-être impertinent – supposons un frère ou une sœur qui entre dans une communauté monastique, dont le style de vie est bien différent de celui du monde. S’y adapter demande de grands efforts. Si toutes les forces sont utilisées à ressembler à un modèle de recueillement, à marcher à pas lents, à garder les yeux baissés, à ne parler qu’à voix basse, à chanter juste, etc…, le danger est que la carapace extérieure durcisse trop vite et que l’intérieur n’ait pas le temps de profiter du soleil pour mûrir.

Les parents et les éducateurs le savent bien. Il est nécessaire qu’il y ait des règles, mais rien n’est gagné jusqu’à ce que l’enfant ou le jeune en comprenne le bien-fondé, intègre la règle et s’implique personnellement.
Il est sain de remettre en question les obligations qui nous sont imposées ou que nous nous imposons nous-mêmes, les habitudes, les rituels. Non pas nécessairement pour nous en débarrasser. Parfois, ce sera le cas. Mais d’abord pour en vérifier le bien-fondé pour les assumer librement.

Un appel à trouver une plus grande liberté

Nous pouvons comprendre cette apostrophe de Jésus aux pharisiens comme un appel à trouver une plus grande liberté et la dignité d’une vraie responsabilité personnelle. Ne pas tenir debout par des échafaudages, mais par une structure intérieure.

C’est tout à fait remarquable que le Christ n’ait jamais cherché à faire pression sur ses apôtres. Il les appelle, les interpelle, les enseigne ; mais il les laisse libres. Nous nous rappelons les paroles de l’Evangile de dimanche dernier : « Voulez-vous me quitter, vous aussi ? » et la réponse de Pierre : « A qui irions-nous, tu as les paroles de la vie éternelle ».

Agir par amour

L’attitude de Jésus vis-à-vis de ses disciples et vis-à-vis de chacun est toujours la même : « Je ne vous appelle plus serviteurs, mais amis, car tout ce que j’ai appris de mon Père, je vous l’ai fait connaître ». Cette attitude a permis à ses disciples de devenir ses amis, de l’aimer et d’agir, non par contrainte, mis par amour ; leur cœur a été guéri par la contagion de l’amour qui attend une réponse libre d’amour.

Lorsqu’il nous invite à nous rassembler pour faire mémoire de lui, il nous adresse sa parole. Il a confiance en notre capacité, avec la lumière de l’Esprit-Saint, de comprendre et de nous engager par conviction personnelle sur le bon chemin. Il se présente à nous et se donne de la manière la plus humble, corps livré sous l’apparence du pain. Il ne nous force pas ; il nous donne sa force.

Que sa présence en nous régénère notre intérieur et que ne sorte de notre personne que des paroles et des gestes de lumière !

22e Dimanche du temps ordinaire
Lectures bibliques : Deutéronome 4, 1-8 ; Psaume 14 ; Jacques 1, 17-27 ; Marc 7, 1-23

© Bernadette Lopez/Évangile et Peinture
1 septembre 2024 | 09:35
Temps de lecture : env. 3  min.
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