Paolo Uccello, La Lapidation de saint Étienne, cathédrale de Prato/Wikipédia
Homélie

Homélie du 2 juin 2019 (Jn 17, 20-26)

Mgr Alain de Raemy – Église du Saint-Esprit, Lausanne

Chers amis,

Je propose à nos journalistes des medias ou des émissions catholiques rien de moins que le martyr d’Etienne…

Je ne propose évidemment pas de lapider nos journalistes…
même pas pour qu’ils aient ainsi l’occasion de témoigner de leur foi,
comme l’a fait Etienne !

Mais je vois dans le déroulement de la lapidation d’Etienne
comme différentes facettes de leur service.

Devant ses accusateurs, il n’a pas peur de dire
ce que sa foi lui fait voir de Jésus :
n’est-il debout à la droite de Dieu ? Autrement dit, n’est-il pas Dieu ?

Aucun chrétien n’est exempté de dire à titre personnel ce qu’il croit.
Le journaliste, en tant que personne privée, non plus.
Quelles qu’en soient les conséquences…

Mais qu’en est-il de l’engagement public et professionnel de « nos » journalistes ?

Regardons le martyr d’Etienne

Sous les coups des pierres, alors qu’il comprend qu’il va mourir,
Etienne se met à prier : « Seigneur Jésus, reçois mon esprit. »

Probablement qu’il dit cette prière à voix basse. Pour lui-même.

Car ensuite, on nous dit :

« puis se mettant à genoux, il s’écria alors d’une voix forte :
Seigneur ne leur compte pas ce péché ! ».

Il y a donc une nette différence de volume

entre le très personnel
« Seigneur Jésus, reçois mon esprit »,
et le très public
« Seigneur, ne leur compte pas ce péché » !

Le journaliste engagé ou soutenu dans les médias par l’Eglise catholique
garde pour lui la manière dont il vit les choses dont il parle.

Il en fait son dialogue privé avec Dieu.

Le message chrétien authentique

Par contre,
il se doit de répercuter ce que le message chrétien authentique a de plus fort :
l’amour de l’ennemi, le fait de répondre au mal par le bien,
l’amour de la vie, le fait de toujours la protéger quand elle est en danger.

Nos services catholiques dans les médias
sont l’occasion de répondre avec un maximum de bien aux très nombreux défis du mal.

Jamais le site cath.ch financé par les catholiques de Suisse,
ou les personnes travaillant à RTS-religion
ne peuvent se permettre de réciter à voix basse
ce que la foi authentiquement vécue peut apporter au monde.

Ils doivent toujours se garder d’imposer ou de se limiter à leurs vues spirituelles. Cela doit rester à voix basse.

Mais ils doivent porter le souci que soit toujours à nouveau entendu
ce cri de l’amour qui jugera le monde :

« ce que vous avez fait au plus petit et même au plus misérable,
c’est à moi, votre Seigneur, que vous l’avez fait ».

Un journaliste qui travaille pour l’Eglise ou au nom de l’Eglise
doit savoir régler le volume de ses interventions,

entre sa vision spirituelle personnelle des choses
et la manifestation publique de la foi et des œuvres de l’Eglise,

entre la prière discrète d’Etienne
qui remet son esprit au Seigneur
et l’appel sonore de ce même Etienne
à ne pas tenir compte du péché de ses ennemis.

Exposés aux regards

Et enfin, une chose est sûre :
soit Etienne soit le journaliste sont sous observation.

Leur attitude est exposée au regard et donc aussi à la pression du grand public.

Pour Etienne, on nous dit que les témoins avaient déposé leurs vêtements aux pieds d’un jeune homme appelé Saul.

Ce Saul qui deviendra pourtant plus tard saint Paul
reste ici complètement indifférent
au témoignage pourtant bouleversant d’un Etienne
pardonnant sans restrictions.

Le journaliste travaillant dans un média concerné par l’Eglise
sera lui aussi constamment confronté au poids d’une opinion publique
pas toujours sensible même aux plus forts messages de la foi,
il suffit de penser aux enjeux du début et de la fin de vie.

Il doit donc persévérer, continuer d’informer dans sa droiture chrétienne, comme Etienne,
qui n’attend pas d’être approuvé pour pardonner.

Une droiture chrétienne
qui peut même mettre le journaliste en contraste vis-à-vis des autorités officielles chrétiennes.

Le reportage de Pierre Pistoletti sur les abus « Lorsque le berger est un loup » en est une belle illustration.

Chers amis,

Ce que je dis là, en ce dimanche des médias,
à propos du journaliste en lien avec l’Eglise,

vaut aussi pour chacune et chacun d’entre nous.

Nous sommes aussi constamment en situation d’Etienne.

D’abord parce que notre foi en Jésus, Fils de Dieu,
n’est pas partagée par une majorité de nos contemporains.

Elle peut même agacer. Et pourtant nous avons envie de la communiquer.

Le refus ou l’indifférence de nos concitoyens
est aussi une souffrance pour nous,
comme elle l’a été pour Etienne, toute proportion gardée.

Ensuite parce que notre prière,
pour autant que nous ne l’imposons à personne,
nous pouvons bien la vivre sans crier.
Comme Etienne qui remet discrètement son esprit au Seigneur.

Mais par contre
notre attitude chrétienne en toute chose doit être évidente,
j’allais dire criante!

Car les autres sont en droit de pouvoir nous constater chrétiens.
Comme le pardon d’Etienne qui devait être hautement proclamé.

Et enfin, le fait que l’opinion publique ne nous approuve pas nécessairement dans toutes nos positions,
ne veut pas dire que le plus indifférent,
comme Saul qui reste de marbre
face à un témoignage pourtant bouleversant comme celui d’Etienne,
ne soit pas un jour pris de passion, et devienne un saint Paul.

La communion au Corps du Christ

Chers amis,

Quand nous irons communier au Corps du Christ,
que va-t-il donc se passer ?

Nous allons être rendus capables,
grâce à la présence de Jésus en nous,
d’accueillir vraiment l’amour infini du Père de Jésus.

Puisque nous aurons communié à Jésus,
c’est lui Jésus qui saura accueillir l’amour de son Père en nous
et ainsi pour nous, et ainsi pour tous.

Que cela nous permette,
que nous travaillons dans les médias ou pas,
de vivre Etienne en toute chose.

Amen.

 


7e DIMANCHE DE PÂQUES
Lectures bibliques :
Actes 7, 55-60; Psaume 96, 1-2b, 6.7c, 9; Apocalypse 22, 12-14.16-17.20; Jean 17, 20-26


 

Paolo Uccello, La Lapidation de saint Étienne, cathédrale de Prato/Wikipédia
2 juin 2019 | 09:37
Temps de lecture: env. 4 min.
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