Transfiguration du Seigneur/Photo:evangile-et-peinture.org
Homélie

Homélie du 21 février 2016 (Lc 9, 28b-36)

Abbé Vincent J.-J. Lafargue – Église St-Nicolas de Myre, Hérémence/VS

Chers Amis,

Je suis un grand amateur de bandes dessinées, le saviez-vous ? Et dans les bandes dessinées, lorsque quelqu’un a soudain une idée géniale, vous savez, il y a cette petite ampoule dessinée au-dessus de la tête, qui s’allume accompagnée d’une onomatopée genre « Tilt ! », ou alors avec le mot grec « Eurêka ! » – « J’ai trouvé », en grec.

C’est la légendaire parole d’Archimède au moment où il a découvert sa loi sur la poussée que subit tout corps plongé dans un liquide, une loi que l’humoriste Pierre Desproges avait mis à notre portée en décrétant que lorsqu’on plonge un corps dans liquide, notamment dans un bain, le téléphone sonne ! Ça n’a rien à voir avec Archimède, mais c’est un théorème que nous avons tous vérifié au moins une fois !

Revenons à l’ampoule qui s’allume. Quand on découvre quelque chose, on a l’esprit qui s’éclaire, on se sent illuminé… illuminés dans le bon sens du terme évidemment ! C’est ce que veulent représenter les dessinateurs avec la petite ampoule qui s’éclaire au-dessus de la tête d’un personnage.

«Les disciples voient la gloire de Dieu au travers du visage de Jésus»

Mais la présence de Dieu – qui est lumière – est infiniment supérieure à une découverte de l’esprit – même si l’esprit est celui d’Archimède ! Cette présence-là éclaire non pas au-dessus de la tête mais bien dans le visage. C’est le récit de la Transfiguration que nous venons de ré-entendre.

Les disciples qui contemplent Jésus voient la gloire de Dieu au travers de son visage, comme une lumière qui l’éclairerait de l’intérieur.

Et nous connaissons bien cette lumière, à notre échelle humaine. Quand nous disons à quelqu’un qu’il a de la lumière dans les yeux, qu’il a le visage rayonnant, c’est un peu de cette lumière divine qui transparaît.

«Dieu habite en chacun des visages que nous croisons»

Et comme nous autres Chrétiens sommes citoyens des cieux, comme le rappelait Paul dans la deuxième lecture, nous devrions refléter au moins un peu de cette lumière sur nos visages. On n’y arrive pas toujours !

Nous devrions aussi rechercher cette lumière sur le visage de nos contemporains – je cherche ton visage, Seigneur, ne me cache pas ton visage, disait le psaume.

Dieu habite en chacun des visages que nous croisons, en tant que Créateur de toute humanité, nous devrions nous en souvenir.

Trouver Dieu sur le visage d’un être aimé, c’est facile. Mais trouver Dieu dans le visage défiguré, ou dans le visage de celui qui nous énerve, ou encore dans le visage publiquement condamné, voilà qui est plus difficile. Pourtant Dieu s’y trouve, aussi. Et nous devons accueillir cette personne comme nous accueillerions Dieu lui-même.

La première lecture nous rappelait que les descendants d’Abraham sont aussi nombreux que les étoiles du ciel.

Les étoiles… encore une référence à la lumière qui brille.

Et vous savez comment on dit « étoile » en anglais ? Star, bien sûr. Nos médias, nos magazines, nos journaux ont tendance à mettre plus facilement en avant ce qui brille, les stars.

Mais la lumière divine brille sur chaque visage. Un bon journaliste chrétien devrait être celui qui va justement nous montrer ce qui brille dans un visage anonyme, sur un inconnu.

La lumière divine brille en chaque visage, à nous de la découvrir.

«Les Chrétiens devraient être des gens qui se laissent traverser par la lumière»

Et à nous aussi de refléter cette lumière sur nos propres visages, en sortant de la messe tout à l’heure, au travail dans notre semaine, en famille ou dans nos loisirs.

Les Chrétiens devraient être des porteurs de lumière, des gens qui se laissent traverser par la lumière, transfigurer.

Alors que trop souvent, les Chrétiens ont des têtes de Carême sans Pâques, comme dit le pape François !

Comme les enfants aiment beaucoup tout ce qui brille – il n’y a qu’à les regarder devant un feu d’artifice par exemple – et qu’ils sont souvent de bien meilleurs théologiens que nous, je vous laisse pour terminer cette anecdote racontée par mon ami Cédric :

Un jour, lors d’une cérémonie dans une église, une petite fille contemplait les vitraux colorés et baignés de lumière. Tout à coup, elle demande à sa Maman qui sont ces personnes dessinées sur les vitres.
Comme les personnages avaient manifestement des ailes, la Maman répond que ce sont des anges.
Quelques jours plus tard, en classe à l’école, le mot « ange » apparaît dans une lecture.La maîtresse demande alors à ses élèves si l’un d’eux sait ce qu’est un ange.
La petite fille, qui avait vu les anges représentés dans l’église sur les vitraux quelques jours auparavant, répond avec sa logique d’enfant :

Moi je sais, maîtresse ! Les anges ce sont les personnes qui sont traversées par la lumière!


2e dimanche du Carême

Lectures : Genèse 15,5-12.17-18; Psaume 26; Philippiens 3,20 – 4,1: Luc 9, 28b-36


 

Transfiguration du Seigneur/Photo:evangile-et-peinture.org
21 février 2016 | 09:15
Temps de lecture: env. 3 min.
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